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Culture - Page 13

  • Etre bénévole

    Etre bénévole, qu'est-ce que c'est ? Donner de son temps et mettre ses compétences au service d'une cause qui nous tient à cœur ? Conserver un peu de lien social et d'humanité que l'on peine à trouver, glissés dans le sourire vieillissant de la boulangère de notre quartier ou dans les yeux d'un ami du lycée ? S'assurer que l'on a bien remplit notre quota de bonnes actions annuelles ? Se livrer corps et âmes dans des projets ambitieux qui nous portent et nous conservent la retraite passée ? Découvrir ce bouillon de cultures et d'origines et décider de s'y épanouir ? Et bien il n'y a pas de réelles réponses à cela, chacun y trouve son plaisir, sa satisfaction. Comme lorsque nous donnons une pièce à une personne qui nous tend la main, est-ce pour qu'elle puisse se nourrir pour la journée ou pour que nous culpabilisions moins une fois installé dans notre fauteuil près de la cheminée ? Et c'est ce qui est beau, dans une association, c'est le fait de se dire que peut importe la motivation qui nous pousse à passer le pallier du comité, nous sommes là, et c'est ce qui compte. Jeunes, moins jeunes, bénévoles, stagiaires, nouveaux ou habitués, nous vivons et respirons à la cadence frénétique d'une cause commune. Nous transmettons, mais nous apprenons chaque jour. Durant cette période assez intensive, j'ai réussi à me construire au fur et à mesure des semaines, à me projeter dans mes actions, à découvrir enfin une finalité intéressante à la sonnerie stridente trop matinale, trop régulière, de mon réveil. Je vais un peu parler de moi, non pas pour gaver mon ego, mais pour que vous puissiez avoir une ouverture littéraire sur ce qu'une expérience de ce genre apporte. Ou du moins, m'a apporté.

    La communication, qu'est-ce que c'est ? C'est amener les gens à nous suivre, les prendre délicatement par la main pour les asseoir dans la barque de notre argumentation, pour que tout au long du trajet, ils se sentent confiants, apaisés, et qu'entre quatre yeux nous puissions les faire voyager entre deux bidons d'essence échoués. En association, c'est un autre registre. Plus de fleurs, de fioritures et de douce manipulation. Plus de logotypes muselés par les codes établis, soumis à la tendance actuelle et aux désirs privés. Nous touchons du concret, des âmes. Nous faisons à chaque instant sortir la bonté naturelle, et j'y crois, des personnes qui nous entoure. La bonté naturelle, car je suis une fervente battante d'une société aimante. Nous nous pourrissons nous-même par les "qu'en dira-t-on" et finissons par nous replier pour éviter les coups. Or lorsqu'il y a de la bienveillance chez l'un, je pense que l'instinct de celui qui la recevra poussera à aider en retour, lorsque c'est possible, lorsqu'il y a bonne volonté. La vie associative est comme une bulle dans laquelle nous pouvons demander de diffuser une information sans sortir notre chéquier, et dans laquelle les présidents d'association nous accordent volontiers leur temps et leurs liens. Une association se moque de votre revenu, de votre classe sociale, elle vous accueille bras blancs pour vous extirper, sinon que de votre temps, précieux soit-il et trop nommé aussi, des qualités que vous ne connaissez pas. Autonome, moi ? Assise à un ordinateur, je peux partir dans des songes dont la seule porte de sortie est un claquement de doigts vif. Et bien non, avec un objectif en tête, un objectif qui me paraissait impossible à atteindre, j'ai pu me dépasser et sortir cette niaque que je ne me connaissais pas. Aurais-je eu la même motivation dans un tout autre stage ? Peut-être bien. Surement, même. On m'a toujours appris à être sérieuse. Mais j'avais cette petite étincelle qui faisait la différence, et les deux succès des événements rudement menés n'ont été que le tremplin d'une motivation effrénée. Et ces personnes, ah, ces personnes. Comment pourrais-je les appeler "collègues" alors que ce terme tait la dimension humaine née dans la diversité de nos projets associatifs ? De nombreuses personnes pouvaient se vanter d'être ancien cadre, ancienne directrice, ancienne institutrice ou commerciale. Et pourtant, l'humilité était de mise. C'est étonnant de voir comment, dans cette micro-société, les fondements qui constitue la nôtre sont démolis. Oserais-je penser qu'il faudrait presque prendre ce modèle, aux influences communistes, pour insuffler les idéaux politiques de demain ? Un projet est porté par certains, et soutenus par d'autres. Une difficulté est éprouvée pour l'un, et épaulée par tous.

    Et me revoici, sur les bancs de l'école. J'ai encore ce mot à la bouche : "merci", que j'ai probablement trop usé, mais il y a des gestes et des paroles qui méritent que je m’approprie ne serait-ce que pour une dernière fois ce mot commun et cette preuve de gratitude.

    "Et surtout pour m'avoir montré que dans la vie professionnelle, ceux que nous côtoyons sont aussi ceux avec qui nous nous construisons."

    A vous tous, qui vous reconnaîtrez, pour avoir partagé un projet, un bureau, un café. Merci.

     

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  • Exposition à L'Espace Dalì - Paris

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    L'Espace Dalì a sélectionné les œuvres de l'artiste et de 22 contemporains qui ont suivi ses traces pour nous immiscer dans son univers fantasque et irréel. Sa toile devient la rue le temps de quelques tableaux, qui s'amusent à déjouer les codes et la tradition. Nous pénétrons dans une partie du cerveau de ce génie si impénétrable, tant pour lui-même que pour ses adeptes, avec des mises en scènes faussement enfantines qui pourraient sortir de vieux contes pour enfants - soit dit en passant généralement plus destinés aux adultes qu'à leurs chérubins -. En voyant défiler les œuvres de l'artiste, aussi riches et variées soient elles dans le style et le support, la création semble puiser dans la religion et tout le mythe qu'il s'est bâti autour d'elle depuis des siècles. Elle imprègne, de manière subliminale ou sublimée, ses peintures comme ses sculptures. La mort, la justice, Dieu, la science, la faune et la flore, Dalì peint les piliers de l'équilibre terrestre en juxtaposant des mondes qui s' entrechoqueraient dans la vie de tous les jours, comme les constructions humaines et les animaux nobles et rares. Est-ce sa manière à lui de nous dire que la paix est possible puisqu'elle peut être imaginée ?

    Mais ce serait taire une vision assez négative de son parcours, que l'on retrouve dans Apocalypse 2 à propos de la maladie du contemporain et apprécié Keith Haring. Dalì semble travailler sur des jets de peintures qui laissent ensuite libre cours à ses idées. Cela rappelle les méthodes des psychanalystes avec le test de Rorschach. Il n'y a donc pas de réponses au monde, mais des multitudes de questions. L'artiste semble se chercher dans ses œuvres, et grâce à ses œuvres. Il y cache en effet sa peur de tout ce qui semble dépasser l'homme, comme l'inconscient, la maladie ou la religion. Ses interprétations personnelles sur la foi semblent nous montrer que l'ordre n'est en réalité qu'un symbole.

    Le surréaliste se plait à se représenter dans ses œuvres, il ne tire pas les ficelles de ses créations mais ce sont ses créations, et donc son inconscient, qui ont le contrôle sur lui. Il s'attache aux entrailles des personnalités célèbres plutôt qu'au domaine qu'elles symbolisent, il découpe et reconstruit à sa manière Freud, Newton, Rabelais et revisite ainsi la philosophie, la science, la littérature. Les travaux exposés participent à la place qu'occupe Dalì dans l'Histoire.

     

    Entretien avec Eric de THEVENARD, galeriste de l'Espace Dalì

     

    Qu'est ce que Dalì et particulièrement son art évoquent pour vous ?

    Le surréalisme est un art que je trouve poétique car il est essentiellement basé sur le rêve. C'est un mouvement international dont l'expression est diverse : on le retrouve au cinéma, dans les bijoux, dans le mobilier... Dali est un artiste particulièrement riche qui a réalisé environ 50 000 œuvres. Il est en réalité un surréaliste qui empreinte aux classiques par ses techniques de peinture. Son œuvre est, dans sa globalité, passionnante et expérimentale.

     

    Les œuvres de Dalì laissent-elles véritablement place à l'improvisation ou y a t-il des pensées derrières qui se confirment dans ses traits ?

    L'artiste travaille sur les deux, mais se plait surtout à laisser libre cours au hasard, comme lorsqu'il projette de la peinture sur la toile ou sur la pierre lithographique et continue,  à partir du jet projeté, à dessiner de manière plus méticuleuse afin que l'image prenne sens. Il avait pour habitude de peindre la dernière vision de son rêve pour contrer la raison qui, pour lui, est un frein à la création. Il faisait même des siestes avec une cuillère à la main et quand celle ci tombait, elle émettait un bruit qui le réveillait brusquement et il peignait alors le rêve dont il était encore imprégné. 

     

    Pensez-vous que la période assez permissive des années 60-70 a joué sur ses oeuvres ?

    Certainement, cette période est une période abondante de créations multiples. C'est une récréation pour Dalì qui s'amuse avec tous les supports et notamment la gravure sous toutes ses formes. Je vous rappelle qu'il crée des oeuvres à l'époque en tirant à l'aide d'une arquebuse contenant une cartouche d'encre sur une pierre lithographique afin de travailler sur l'impact ainsi obtenu pour commencer sa lithographie. Ce dernier medium est d'ailleurs aussi une manière pour lui de diversifier ses publics, car la gravure est moins chère qu'une peinture.

     

    "Dalì fait le mur" jusqu'au 15 mars 2015 Espace Dalì - Paris

  • Une merveilleuse histoire du temps

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    Une merveilleuse histoire du temps, c'est le genre de film que l'on arrive difficilement à analyser tant l'émotion est intense et se ressent surtout face à l'écran. Il laisse sur son spectateur une marque assez bouleversante d'une aventure simple mais atypique, loin mais proche de nous, et qui illustre le combat impressionnant d'un scientifique de renom. Loin de toute approche scientifique dans laquelle le film aurait pu s'aventurer, Une merveilleuse histoire du temps se révèle être une histoire d'amour dramatiquement touchante.

    Le combat, c'est un peu le sujet principal de ce film, qui fait évoluer ses personnages, la douce Felicity Jones et l'épatant Eddie Reydman, vers une lutte commune au début, plus personnelle par la suite. Ce qui étonne d'autant plus est l'énergie avec laquelle Stephen Hawking mènera cette traversée du désert, qui fait s'écrouler son monde au fur et à mesure que la maladie s'installe. Puis le film tire un second tiroir, et s'inscrit davantage dans le drame que dans le simple biopic. Le souffrant n'est plus uniquement celui qui siège sur un fauteuil roulant. Comment continuer à aimer celui avec qui nous n'arrivons plus a communiquer ? Comment vivre dans le non dit puisqu'il n'y a désormais plus qu'à attendre et constater le fléau de la maladie empiéter dans notre vie de couple ? Ce duo de combattants va tout simplement sublimer les deux acteurs qui, tours à tours, font grandir la boule dans notre ventre. 

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    La maladie, une fatalité ?

    Étrangement et contre les pronostics des médecins, Stephen Hawking va survivre. Plus que cela, il va admirablement vivre. Le film nous insuffle une dose d'énergie positive : l'optimisme n'a d'égal aux misères qui peuvent nous arriver. Le sens de l'humour du scientifique devient son arme principale face à la pitié et aux remarques de sa femme plus aide soignante qu'amante. La maladie n'affecte pas toujours le plus la personne qui en souffre, et l'honnêteté devient alors la meilleure façon de communiquer et de regarder en face la maladie, sans que nous n'ayons à enjoliver nos phrases ou à nous cacher sous les couvertures de la gène. Tandis que les personnages qui n'ont jamais eu le courage de poser cartes sur table sur leurs sentiments pourrissent de l'intérieur. Tant qu'il y a de la vie, il doit y avoir de l'espoir, pour Stephen, comme pour chacun de ses proches. La révolte adolescente va laisser place à l'acceptation, gage de maturité et d'évolution dans ses travaux et dans sa vie personnelle. Mieux, cette acceptation va être la source de nouveaux défis, comme l'écriture d'un roman. Puisqu'il n'y a pas d'opérations possibles, Stephen va redoubler d'efforts pour faire entendre ses pensées, même si celles-ci se matérialisent sur un ordinateur et s'entendent par une voix robotisée.

    Une merveilleuse histoire au delà de celle du temps.

     

    février 2015