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Blog

  • A l'aveugle

    Philippe Nauher, photographe et rédacteur du site Off-shore, m'a envoyé quatre clichés. Sans légendes, sans les contextualiser.

    La série qui va en découler s'intitulera A l'aveugle. Chaque semaine, en plus d'autres billets, sera publié un texte imaginé à travers ces photographies. Et si on ne nous montrait que ce que l'on veut bien nous faire croire ? 

    A suivre. 

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  • Etre bénévole

    Etre bénévole, qu'est-ce que c'est ? Donner de son temps et mettre ses compétences au service d'une cause qui nous tient à cœur ? Conserver un peu de lien social et d'humanité que l'on peine à trouver, glissés dans le sourire vieillissant de la boulangère de notre quartier ou dans les yeux d'un ami du lycée ? S'assurer que l'on a bien remplit notre quota de bonnes actions annuelles ? Se livrer corps et âmes dans des projets ambitieux qui nous portent et nous conservent la retraite passée ? Découvrir ce bouillon de cultures et d'origines et décider de s'y épanouir ? Et bien il n'y a pas de réelles réponses à cela, chacun y trouve son plaisir, sa satisfaction. Comme lorsque nous donnons une pièce à une personne qui nous tend la main, est-ce pour qu'elle puisse se nourrir pour la journée ou pour que nous culpabilisions moins une fois installé dans notre fauteuil près de la cheminée ? Et c'est ce qui est beau, dans une association, c'est le fait de se dire que peut importe la motivation qui nous pousse à passer le pallier du comité, nous sommes là, et c'est ce qui compte. Jeunes, moins jeunes, bénévoles, stagiaires, nouveaux ou habitués, nous vivons et respirons à la cadence frénétique d'une cause commune. Nous transmettons, mais nous apprenons chaque jour. Durant cette période assez intensive, j'ai réussi à me construire au fur et à mesure des semaines, à me projeter dans mes actions, à découvrir enfin une finalité intéressante à la sonnerie stridente trop matinale, trop régulière, de mon réveil. Je vais un peu parler de moi, non pas pour gaver mon ego, mais pour que vous puissiez avoir une ouverture littéraire sur ce qu'une expérience de ce genre apporte. Ou du moins, m'a apporté.

    La communication, qu'est-ce que c'est ? C'est amener les gens à nous suivre, les prendre délicatement par la main pour les asseoir dans la barque de notre argumentation, pour que tout au long du trajet, ils se sentent confiants, apaisés, et qu'entre quatre yeux nous puissions les faire voyager entre deux bidons d'essence échoués. En association, c'est un autre registre. Plus de fleurs, de fioritures et de douce manipulation. Plus de logotypes muselés par les codes établis, soumis à la tendance actuelle et aux désirs privés. Nous touchons du concret, des âmes. Nous faisons à chaque instant sortir la bonté naturelle, et j'y crois, des personnes qui nous entoure. La bonté naturelle, car je suis une fervente battante d'une société aimante. Nous nous pourrissons nous-même par les "qu'en dira-t-on" et finissons par nous replier pour éviter les coups. Or lorsqu'il y a de la bienveillance chez l'un, je pense que l'instinct de celui qui la recevra poussera à aider en retour, lorsque c'est possible, lorsqu'il y a bonne volonté. La vie associative est comme une bulle dans laquelle nous pouvons demander de diffuser une information sans sortir notre chéquier, et dans laquelle les présidents d'association nous accordent volontiers leur temps et leurs liens. Une association se moque de votre revenu, de votre classe sociale, elle vous accueille bras blancs pour vous extirper, sinon que de votre temps, précieux soit-il et trop nommé aussi, des qualités que vous ne connaissez pas. Autonome, moi ? Assise à un ordinateur, je peux partir dans des songes dont la seule porte de sortie est un claquement de doigts vif. Et bien non, avec un objectif en tête, un objectif qui me paraissait impossible à atteindre, j'ai pu me dépasser et sortir cette niaque que je ne me connaissais pas. Aurais-je eu la même motivation dans un tout autre stage ? Peut-être bien. Surement, même. On m'a toujours appris à être sérieuse. Mais j'avais cette petite étincelle qui faisait la différence, et les deux succès des événements rudement menés n'ont été que le tremplin d'une motivation effrénée. Et ces personnes, ah, ces personnes. Comment pourrais-je les appeler "collègues" alors que ce terme tait la dimension humaine née dans la diversité de nos projets associatifs ? De nombreuses personnes pouvaient se vanter d'être ancien cadre, ancienne directrice, ancienne institutrice ou commerciale. Et pourtant, l'humilité était de mise. C'est étonnant de voir comment, dans cette micro-société, les fondements qui constitue la nôtre sont démolis. Oserais-je penser qu'il faudrait presque prendre ce modèle, aux influences communistes, pour insuffler les idéaux politiques de demain ? Un projet est porté par certains, et soutenus par d'autres. Une difficulté est éprouvée pour l'un, et épaulée par tous.

    Et me revoici, sur les bancs de l'école. J'ai encore ce mot à la bouche : "merci", que j'ai probablement trop usé, mais il y a des gestes et des paroles qui méritent que je m’approprie ne serait-ce que pour une dernière fois ce mot commun et cette preuve de gratitude.

    "Et surtout pour m'avoir montré que dans la vie professionnelle, ceux que nous côtoyons sont aussi ceux avec qui nous nous construisons."

    A vous tous, qui vous reconnaîtrez, pour avoir partagé un projet, un bureau, un café. Merci.

     

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  • Erró - Retrospective au MAC

    Erró nous offre un éventail coloré de ses œuvres, réalisées à partir des années 50, dont les couleurs, le ton, le style, le format et l'écriture sont tellement variés que nous avons l'impression de découvrir à chaque pièce un nouvel artiste. 

    Les couleurs criardes se mêlent, parfois dans la même peinture, aux couleurs pastels, qui suggèrent le combat perpétuel entre tradition et modernisme. La première est symbolisée par des personnages japonais, aux visages poudrés et parés de vêtements délicatement brodés. L'artiste Islandais prend parti dans chacune de ses œuvres, en choisissant tantôt des peintures douces/amères, tantôt la provocation. Il semble alors dénigrer l'américanisation de l'art, et toute la tragédie marketing qui en découle depuis ses débuts artistiques. 

    On devine alors un regard méprisant sur son époque, dans laquelle la beauté pure est effacée par les sex bomb (expression qui figurera dans une de ses œuvres) aux formes sulfureuses des jeux vidéos et des starlettes modernes. L'artiste Islandais s'approprie la quasi totalité des mouvements picturaux : Picasso, Dali, Botticelli, Van Gogh, De Vinci, les cartoons, le pop art. Les jeux d'ombres nous oriente vers ce à quoi il attache plus d'importance et de considération, et donc de travail. L'artiste s'insurge particulièrement sur Atom Pantins, une série de personnages cadavériques qui se battent, se mangeraient presque. La loi du plus fort ? Une humanité qui se perd ? Les personnages sont asexués ce qui donne une ampleur au phénomène, à cette machine industrielle qui nous lobotomise et nous fait acheter ce dont on ne veut pas, nous fait rêver de ce que l'on n'aura jamais. Cette machine remplace petit à petit l'anatomie de l'homme : la standardiste devient sa propre machine à écrire, l'un ne va plus sans l'autre. Ce n'est plus l'homme qui contrôle le mouvement mais la technologie, qui le traîne en laisse jusqu'à l'aliénation. 

    Erró superpose les clichés des années 60 avec les faiseurs de scandales, les politiciens, les petits travailleurs, les bambins, même, car pour l'artiste tout le monde est dans le même sac de l'hypocrisie, des faux semblants, du paraître et de la manipulation. Pire, nous faisons de nos enfants les consommateurs de demain. Naître dans cette société c'est déjà faire partit de ces truands. La pop culture que l'on nous promettait en tête d'affiche ne se révèle être que la partie visible de l'iceberg, laissant même supposer que l'exposition est un piège, un appas pour amener ses amateurs à développer une vision différente de cet art capitalisé. Il semble nous siffloter à l'oreille : "Regardez ce qu'il se trame dans votre dos pendant que vous pensez réellement vous cultiver, vous n'êtes qu'un maillon de la chaîne capitaliste". Erró ne cesse de se référer au nazisme, pour nous rendre compte que l'art se trouve dans la même impasse totalitaire.

    L'artiste, loin de toute prétention, nous subjugue par des œuvres qui frappent par leur beauté et par leurs double sens. Une exposition qui ne peut se faire en moins de 2 heures car chaque pièce nous initie à de nouvelle réflexions sur notre époque et son devenir. 

     

    Jusqu'au 22 février au MAC - Cité internationale