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Culture - Page 9

  • American Ultra

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                American Ultra relate les trois jours qui ont transformé la vie de Mike Howell, jeune homme flâneur d'une petite ville des Etats-Unis, en un film d'action dont il se retrouve être lui-même le héros. Sang, violence, hélicoptères et explosions désordonnent son quotidien d'américain lambda.
    Les premiers ressentis qui viennent se mouler dans mon esprit résonnent comme une sentence fatidique : "Mouais, c'est quand même bien américain tout ça". Évident, lorsque l'on lit le titre de ce dernier opus, réunissant producteur et acteurs familiers des blockbuster pour ados de ces dernières années. Mais noyées dans une violence absurde où le faux sang gicle à la manière d'un Tarantino et où les coups portés par cet antihéros sont aussi incertains que dans Kick Ass, on en décèle de petites touches artistiques appréciables. L'accumulation de plans poitrine nous donne envie de nous intéresser davantage à ce couple d'infortunés opposés à toute responsabilité, autant qu'il nous ait donné l'occasion de nous immiscer dans leur intimité propre ou dans leur vie de couple. La caméra qui fixe ces personnages nous oblige à développer un attachement presque inévitable dans ce carnaval de situations grotesques : un jeune plus familiarisé aux joints qu'aux heures de travail, une petite amie qui s'accroche à une histoire fragile, un dealer aux allures risibles de caïd et des agents de la CIA qui se battent plus contre eux-mêmes que contre leur cible. 
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    Ce n'est donc paradoxalement pas pour ce scénario déjà trop usés qu'American Ultra en vaut le détour, mais par des gouttes de sensibilité distillées modérément qui nous poussent à croire à une bonté, cachée dans les faux semblants de l'un ou dans la folie de l'autre. N'est-ce pas dans les décombres, quand on a frôlé la mort, que la rédemption jaillit et que les sentiments apparaissent les plus sincères ? Jesse Eisenberg incarne ce canard boiteux touchant, qui s'étonne sans cesse de ses capacités secrètes face à l'ennemi.
     
    Un film qui joue les équilibristes au dessus des clichés et de l'ennui mais qui surmonte l'épreuve par un relent d'optimisme déjà vu, dont le mérite revient tout de même à ses personnages braves et séduisants. 

  • Vice-Versa des studios Pixar

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    A la vue des critiques laudatives qui prolifèrent depuis la sortie de ce dernier Pixar, ma curiosité a gagné le combat contre cette déferlante médiatique qui considère presque déjà Vice-Versa (ou Inside Out) comme le meilleur Pixar jamais réalisé. Lorsque l'enchantement autour d'un film est quasi unanime, nous le plaçons indéniablement sur un sommet, battit d'ingéniosité et de créativité. Mais le risque de cette sur-estimation s'est révélé à la fin de cette ribambelle d'actions cocasses mais pourtant creuses. Vice-Versa séduisait par un projet des plus ambitieux : après avoir pensé les émotions de nos jouets d'enfants, de notre poisson de compagnie, de nos véhicules ou encore du monstre dans notre placard, il s'intéresse aux émotions DE nos émotions. Et la triste ironie est qu'il ne s'en développe aucune. Ce qui pourrait être de la compassion pour cette jeune fille, qui déménage et quitte prématurément le berceau de son enfance, relève d'avantage d'une indifférence grandit par un ennui post-découverte. Le scénario s'étire difficilement sur tout le film, rebondit par quelques scènes d'"action", qui le meuble plutôt que de le dynamiser. La matérialisation du monde de Riley, 11 ans, qui s'écroule par des îlots aux diverses caractéristiques est la trouvaille fine qui permet un mouvement aux émotions personnifiées que nous suivons. Étrange de voir que même si les effets et le travail sont là, la magie n'opère pas. A ce que l'action était aux Indestructibles, l'émotions à Là-haut et la sensibilité à WALL-E, Vice-Versa se perd dans plusieurs de ces terrains.

    On découvre, on s'émerveille, on regarde, on se lasse. Peut-être faudra-t-il emprunter un peu d'absurdité aux anciens pour relever la sauce du prochain long-métrage ? Même si l'originalité est appréciable, seul le petit grain de folie peut bouleverser l'écran, car quand il y a folie il y a surprise. Et qu'enfin l'enfant qui est en nous éclate plutôt que de subir les déboires fragilisées d'un tendre compère. 

     

    Vice-versa, juin 2015

  • Une famille à louer de Jean-Pierre Améris

    Dans la même lignée des Émotifs Anonymes, qui traversait la vie de deux âmes ébranlées hyperémotives, nous rencontrons Paul-André, un homme riche qui veut connaître la vie de famille qu'il n'a jamais eu. Son idée ? Aider Violette, mère de famille endettée énergique et volontaire. Au fil des maladresses commises par ce cinquantenaire catastrophiste et en grande détresse émotionnelle, se dessine une relation de complémentarité, qui distance l'aspect contractuel de leur premier échange. De nature angoissée aux bords de la maniaquerie, Jean-Pierre Améris livre à travers ses deux personnages les déboires sentimentales et sociales des personnes en marge du moule lambda, auxquelles il a pu se confronter dans sa vie d'homme et dans la place qu'il occupait pour ses proches. 

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    Tout en gardant une certaine pudeur sur les sentiments, Jean-Pierre Améris signe une comédie romantique, de deux individus aux antipodes mais généreux l'un envers l'autre. Une famille à louer nous fait rire, mais aussi réfléchir, en dépeignant un tableau de famille atypique qui se veut classique dans ses procédés : qui sommes-nous dans la tête de ceux avec qui l'on grandit ? pour les uns nous sommes l'intello, pour les autres la dévergondée. Cette complicité subtile qui va lier Violette et Paul-André va leur permettre de se défaire de leurs chaines, de la case qu'on leur avait assigné. Ils prennent le risque de se découvrir plus sincèrement, sur le fil de la fantaisie et du drame. Dans cet attendrissant chaos familial se créé un petit monde sensible.

    Le réalisateur a privilégié une comédie travaillée, tant sur les cadres que sur l'écriture, dans laquelle l'histoire prime sur les successions de bouffonneries pour rassurer le spectateur sur le genre qu'il a choisit. Il s'oriente sur une comédie "joie de vivre", tout en parlant de maux, qu'il connaît bien, que l'on peut développer dans une famille ou plus largement une société qui, sinon que de concorder avec notre personnalité, ne comprend pas toujours nos différences. Un souffle libertaire pour les deux protagonistes sur l'écran, et une petite satisfaction pour celui qui occupe les sièges de voir que les comédies françaises ne sont pas réductibles aux gags lourds et franchouillards ou aux bons sentiments. 

     

    Une famille à louer, juin 2015