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Deuil

  • L'horreur et les gens du pays

    Alors c'est quoi, le sentiment patriotique ? Une notification facebook qui nous propose de redorer notre photo de profil à l'image du drapeau français ? Suivre machinalement le mouvement amorcé, dans un esprit de solidarité hypocrite et creux ? Se révolter par bonne conscience ?
    Quand, en 365 jours, nous disons-nous que nous sommes un peuple uni et fier ? N'y a-t-il de réelle solidarité que dans les moments d'horreurs, comme celui-ci ? Comme pour Charlie ? Après le mouvement de rassemblement "Je suis..." dont j'ai prit naïvement part, j'ai l'amère sensation de me retrouver piégée à devoir de nouveau agir de la sorte, onze mois plus tard. On nous prémâche des belles paroles, on tire la ficelle de notre poing pour qu'il se brandisse, fébrile, vers la révolte. Contre ces actes. Contre la peur. Contre la menace. Mais derrière tout ça, lorsque l'on gratte la carapace en papier de ces discours francos-français, par nous et pour nous, de cette bulle égocentrique que l'on créé en pensant bien faire, l'engagement s'écroule dans un bruit glauque d'imposture. Nous nous révoltons de la mort que lorsqu'elle nous est présentée comme un spectacle, un fait que l'on entendra dans toutes les bouches ces prochains jours. Comme pour cet enfant immigré. Il y a de quoi se révolter chaque jour. A chaque moment. Et bien au delà de notre pays, de notre savoir. A agir de la sorte, nous devenons les pantins d'un Média voyeuriste et charognard.

    Evidemment qu'il faut en parler, évidemment qu'il faut agir. Mais sachons trouver les bons outils pour se faire entendre et non choisir la facilité d'une opinion monocorde.
    Alors c'est quoi, le sentiment patriotique ? Etre acteur ou avoir vu ? Etre au cœur d'un débat ou avoir entendu que ? Pour rendre hommage aux victimes soyons libres de le faire. Et ne pas se taire une minute pour continuer machinalement ce que nous étions en train de faire avant. De ne pas s'improviser engagé pour délaisser l'urne quelques semaines après.
    A tous les proches des victimes.

  • Acrobates au Théâtre Nouvelle Génération

    Etre acrobate, ce n'est pas seulement bouger, danser, c'est un façon de penser. 

    Dans ce spectacle de danse contemporaine, l'histoire de ses interprètes se met au service d'un art maîtrisé à la seconde. Alliant sensibilité des corps et des expressions, les artistes dansent pour communiquer les différentes phases de la vie d'un homme et d'un ami après le drame. 

     

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    Ensemble. Lorsque tout va bien. La projection de vidéos d'archives sur les tapis devenus écrans de projection créée une atmosphère intimiste. De simples spectateurs nous devenons collègues, danseurs, le temps d'un spectacle, nous nous sentons acrobates car nous sommes invités à le devenir.

    La chute. ou bien la mort. Elle rode à chaque entraînements, à chaque faux pas. "Je peux pas" sont les mots qui résonnent entre les bruits secs du danseur qui se cogne contre les tapis. Il danse mais se fait tomber. Il n'arrive plus à se relever alors qu'il excelle toujours autant dans son art. Le talent ne suffit plus. L'acrobate n'est plus lorsqu'il est seul, lorsqu'il n'a plus son porteur, son voltigeur, ou son mentor. 

    L'interdépendance, pour pouvoir avancer. Prendre soin l'un de l'autre, le regarder, lui sourire. Acrobates est une réponse à ceux qui se perdent dans les drames de la vie. Il faut sans cesse se relever, compter sur l'autre, sur ceux qui restent, autant que l'on aimerait que l'on compte sur nous. C'est une ode à la vie en réponse à la mort. On né acrobate peut-être même sans le savoir, on s'articule dès la naissance jusqu'à se contenter d'un immobilisme cuisant, parce que plus le temps, parce que plus l'envie. 

    Acrobates ouvre la saison 2016 du Théâtre Nouvelle Génération en même temps qu'il ferme la page de leur histoire, après deux cents représentations.

     

  • Omaha Beach

    Une ancienne plage de débarquement remplie de faux débris historiques, puisque retapés pour la gloire touristique. Lorsque nous longeons Omaha Beach, nous arrivons à prendre ce genre de clichés, qui glorifient une beauté rustique et naturelle. Capturer avec son smartphone dernière génération et s'improviser photographe du dimanche qui aime, sinon que de le croire intimement, laissé paraître qu'il est une âme sensible et cultivée, est devenue l'apanage de ces déserts de sens. Il est donc devenu parfaitement anodin de croiser, au détour d'un lieu au sombre passé, des troupes de touristes et des pancartes informatives aux langues internationales. Si la photographie d'un tank, qui recueillait des soldats entre la vie et la mort pour leur nation chérie et amnésique, rend cette expédition unique, c'est qu'ils ont réussi leur pari et nourri artificiellement les vaches maigres, normandes. Photographier au lieu d'y songer. Voir à travers 10 méga pixels pour ne plus s'arrêter, piégés par les aiguilles infernales. Ne plus l'imprimer dans nos mémoires, ne plus même l'imprimer sur du papier. Il ne manquerait plus que les œuvres dans les musées soient photographiées pour vite passer à autre chose et rejoindre Alice au café d'à côté. C'est l'engrenage huilé de nos têtes pensantes et vénales qui ne nous donnent même plus le temps de nous arrêter.

    Pour une beauté capitalisée.

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