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Film - Page 7

  • Night Call de Dan Gilroy

    NIGHT CALL (1).JPGUne pluie de nominations, un casting prometteur et un thème sociétal excitant, tout semblait sourire à ce premier film de Dan Gilroy. Mais la sortie de salle nous laisse un gout de déception, de sujet pas ou peu exploité à sa juste valeur.

    Nous sommes introduits dans l'univers glauque des chercheurs de scandales, appâtés par le sang et le drame. Jake Gyllenhaal incarne Lou, un vautour redoutable aux intentions malsaines dont la soif pour l'argent et la reconnaissance le pousse aux portes de la folie. La brillante interprétation de l'acteur n'est cependant que l’enrobage doré de ce thriller remplit de lourdeurs. La mise en scène est telle que nous n'arrivons pas à nous identifier au personnage, nous suivons ses premières expériences avec la caméra et décrochons des sourires crispés lorsqu'il s'accopine avec l'humour noir. Mais plus les scènes défilent, plus la sensation de "regarder" le personnage s'installe. La comparaison avec le sublime Drive appuie cette impression, car l'esprit torturé et impénétrable de Ryan Gosling nous est accessible, de sorte à créer en nous de l'affection pour ce personnage. Night Call prend le parti de nous éloigner de son héros, davantage anti-héros, au profit de l'action à répétition. Sans grande originalité, la gravité des scènes paparazziées s’accroît jusqu'au grand final où l'inédit et l'ampleur du scoop propulse Lou à la gloire morbide d'une Amérique qui se goinfre de scandales. Des retournements de situations prémédités par tout bon public de ce genre cinématographique, des dialogues souvent absents au profit de courses de voitures clichées, cet amas de scènes classiques dont Dan Gilroy tente de mélanger à sa une sauce douteuse décrédibilise ce film qui aurait pu être merveilleusement bien construit. Pire, il trace le schéma manichéen de l'américain lambda qui subit les dérives de maniaques et des méchants médias qui le souille en s'abreuvant de tous ces faits divers. Cette réalité est sur exagérée et personnifiée par une quarantenaire peinturlurée qui donnerait son corps pour le scoop de l'année. 

    Night Call s'éloigne du thriller haletant que nous promettait Dan Gilroy mais se regarde par son acteur principal Jake Gyllenhaal qui domine ce long métrage, tant par son incroyable charisme que par un rôle dévoilant une maitrise de la noirceur, qui dénote des garçons gentillets qu'il a (trop) tendance à incarner. 

     

    Actuellement au cinéma

  • Hunger Games - La Révolte (partie 1)

    Nous quittions Katniss Everdeen en 2013 avec la foudroyante nouvelle de la disparition du district 12. 
    Que se passe-t-il, après que le monde qu'on nous avait façonné a disparu ? Se soumettre, se cacher, ou faire entendre sa voix ? Comment combattre ceux qui détiennent nos ficelles tout en se résignant à ne plus agir au péril de ses proches désormais saufs ? Katniss, meurtrie, va être utilisée comme un emblème révolutionnaire au dépend de sa volonté première.
    Les récentes nouvelles creusent une faille chez la gagnante, formant un accès exploitable pour les meneurs de la révolution. Manipulée et vernie d'une couche superficielle de bonnes intentions, la jeune fille ne semble être que la marionnette d'un combat entre méchants et gentils.
    C'est le tableau manichéen que nous dépeint le réalisateur : les dirigeants, aux cœurs de pierre et aux armes redoutables, et les résistants de l'ombre tentant de faire flancher le système établit il y a 75 ans. Cette facilité scénaristique tente de trouver du piment avec une approche plus psychologique qui contraste avec les deux volets précédents. En effet, le contexte fait que nous sommes davantage en proie à nous familiariser avec les sentiments de Katniss, qui semble plus mise à l'épreuve que jamais.
    Cet épisode soulève la question du manque. Lors des Hunger Games, le danger guettait perpétuellement Katniss mais celle-ci gardait une force déroutante, car son partenaire Peeta représentait une jauge d'énergie inépuisable tant qu'il restait à ses côtés. Étonnamment, nous n'arrivons toujours pas à nous identifier pleinement à ce personnage qui déambule dans les catacombes de son ancienne vie sans savoir comment aider toutes ces personnes souffrantes et en sachant qu'elle est le pion d'un jeu douteux. Il en est de même pour sa vie sentimentale, dans laquelle elle se perd entre l'envie de revoir celui qu'elle a appris à aimer et celui qui est à ses côtés. 
    Les tentatives d'atteindre psychologiquement l’héroïne ont donc porté leur fruit et nous laisse un gout amer de déception : qu'est-il arrivé à cette guerrière au cœur sur la main pour qui nous avions fait rouler une larme à la mort de Rue ou que nous avions soutenue dans son envie de détruire le terrain de jeu morbide du Capitole ?
    Les tournoiements de son esprit la ridiculisent presque et ne nous donnent plus vraiment envie de s’intéresser à son sort, malgré le suspense maladroit de la scène finale. Les penchants politiques de cette première partie instaurent un climat de guerre imminente et nous donnent l'impression que les talents des producteurs ont volontairement été étouffés pour nous réserver une fin haute en couleur. Le challenge est donc de taille pour la toute dernière partie de cette trilogie qui reste néanmoins captivante.

  • Interstellar, Christopher Nolan

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    Après tous ces discours sur le développement durable et les malheurs que nous affligeons à la Terre, nous voici propulsés dans un monde qui a trop longtemps subit les actes néfastes de l'Homme et son oisiveté. L'air vient à manquer, la terre ne produit plus, seul un vent de poussière règne dans l’atmosphère lourde et réaliste de cet Amérique aux abords de la décomposition. Dans ce décors, nous suivons la vie de famille de Cooper, ancien ingénieur, et de ses deux enfants et particulièrement de son lien fort avec sa fille Murph. La vie était supportable, mais d'étranges événements se produisent dans la chambre de la fillette : des livres tombent sans que les murs ne tremblent, la poussière forme sur le sol des tracés nets. Murph se familiarise avec ce phénomène et le baptise "fantôme". Seulement Cooper trouve en ces traits un code secret, menant vers un repère caché de tout regard. Accompagné de sa fille, dont la présence tient davantage à une fourberie qu'à un réel choix, ils démasquent le projet de la NASA : la vie sur Terre touche à sa fin, il faut profiter du trou de ver qui s'est formé il y a quelques décennies pour partir à la recherche d'une nouvelle planète habitable pour l'Homme.

    Nous sommes immiscés dans la routine pesante de ces personnes qui ont décidé de tout quitter pour tenter de sauver leur famille, leur femme, ou de rejoindre leur compagnon parti il y a de cela dix ans. Cette cause nous semble réelle tant le décors et les dialogues sont admirablement construits. Le cinéma obtient majestueusement son nom de "septième art" par une histoire et une réalisation qui relèvent du chef-d'oeuvre. Nolan manie la science fiction avec des doigts d'artistes, en nous faisant tantôt vibrer devant des scènes au suspense quasi insoutenable, tantôt en nous bouleversant par l'amour d'un père qui surpasse l'écran. En effet, l'amour semble être la seule raison qui les pousse à vivre dans de telles conditions. Des douze explorateurs, l'un d'eux a été rattrapé par la folie au détriment de nos explorateurs. Sans espoir de revoir un jour un semblable et sans amour pour nous protéger de la solitude de cet infini, la condition de l'homme est entachée et assouvir ses intérêts personnels devient l'unique ligne de conduite. 

    Mais au delà de cette métaphysique, nous sommes happés par la transformation des personnages de cette fantasque odyssée : certains s’humanisent tandis que d'autres laissent éclater le terrible mensonge qui les maintenaient durant de nombreuses années. Cette mission va-t-elle vers un but réalisable ou relève-t-elle du désir de satisfaire l'espoir général ? Cooper, incarné par le formidable Matthew McConaugey, apparaît comme le conciliateur entre la soif de mettre un terme avec cette mission rudement menée et de trouver une planète vivable et l'envie de revoir ceux qui l'attende sur terre et qu'il ne peut voir grandir. Ce personnage auquel on ne peut que s'attacher reste digne et fort, même lorsque tout semble perdu. 

    Le décors ingénieux devient presque secondaire dès la seconde moitié du film, où le pathos prend une place grandissante. L'Homme est-il condamné ? Peut-on rester subjectif lorsque nous avons le choix entre sauver l'humanité et revoir sa famille ? Dans cet espace temps relatif, de nombreux destins s'entrechoquent, jusqu'à une découverte frappante. Nos actions ont-elles la capacité de changer le temps ? Nous ressortons de ces trois heures intenses en ayant une claque visuelle et scénaristique. En deux mots : courez-y.