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Film - Page 5

  • La tête haute, une délinquance sensible

    Malony a six ans lorsqu'il entre pour la première fois dans le bureau de la Juge des enfants. Il en a dix-huit lorsqu'il referme définitivement la porte. L'entre-deux ? Une période agitée, troublée, vivante, initiatrice et triste, puisque criante de vérité. 

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    La tête haute expose les tourments de la vie d'un jeune garçon, sans déviances mentales, sans passé scabreux, mais pensionnaire d'une image de forte tête par manque d'éducation. Sa préadolescence se rythme de conduites sans permis, encouragées par une mère-enfant qui voit en son fils la présence masculine stable qu'elle n'a jamais eu. Puis dans la lignée des choses et fort d'une prétendue maturité, Malony entame les délits aux conséquences plus lourdes. En somme, les actes pointés du doigt par la majorité de la population. Il ne s'agit pas de sanctionner ou justifier ces comportements dans ce long métrage. Il se veut neutre, à la morale détachée, pour nous inviter à suivre et à s'attacher de notre plein gré à Malony, dont la stature et le charisme étonnent pour son jeune âge. 

    La tête haute est un vent de fraîcheur sur les clichés, confirmés comme écartés, des conditions de vie et des tourments de ces pré-adultes en marge d'une société étiquetée. De la violence entre eux ? Il y en a. Des cris, des insultes, des taquineries, des suivis pas toujours protocolaires, il y en a. Mais ce que les documentaires rattachés à ce sujet peinent à nous montrer, et que le film dissémine subtilement durant ces deux heures d'émotion brute, c'est l'attachement simple mais libérateur qui peut naître entre partisans de la seconde chance et infortunés. L'attachement du Juge des enfants envers ces petits êtres à qui on a retiré la chance de s'épanouir sereinement, les éducateurs, envers leurs fortes têtes adolescentes rebelles et en détresse, les jeunes en centres éducatifs, qui se battent pour se dire je t'aime. Catherine Deneuve y incarne une Juge à la prestance incroyable et au rôle de modérateur pour Malony, pour qui elle éprouve une attache vraie mais impartiale.

    Les conséquences de ses délits, résultant d'un esprit en constante émulation, vont faire germer une conscience qui va l'éduquer. Le film nous montre cet épineuse évolution refrénée par un isolement touchant, car, malgré l'accompagnement, l'écoute, les mains tendues, la rébellion catalyse les états d'âmes de Malony. Puisqu'il n'a pas eu le choix, puisqu'il ne sait pas se livrer. 

    Tantôt par des éternuements au fil d'une tirade, tantôt par des frottements d'yeux et de mots calibrés et minutieux, nous sentons que nous nous approchons du vrai, de l'homme, de l'enfant, et non plus du titre auquel la société l'assigne et sa place sur l'échelle de la société. A cela s'ajoutent l'humour et la persévérance de Malony que l'on quitte adulte, bien qu'il le fut prématurément. 

    La tête haute, d'Emmanuelle Bercot, Mai 2015

  • Un peu, beaucoup, aveuglément de Clovis Cornillac

               Machin est rustre et misanthrope, coincé dans des théorèmes pour jeux de réflexion depuis 7 ans. Machine est l’archétype de la sainte-nitouche vivant pour la musique classique. Séparés par un mur qui rallie leur deux immeubles, ils vont très vite se retrouver lier par un fort problème d'insonorisation, qui va les forcer à cohabiter malgré eux, sans jamais se voir. 

    Un peu, beaucoup, aveuglement nous conte la rencontre de deux victimes de la société, l'un profondément aigri et blessé, l'autre piégée dans un conformisme maladif étouffant son expression artistique. L'altercation sauvage des débuts va laisser entrevoir une complémentarité préméditée. On rit de l'indélicatesse de ces anti-héros, et ce rire participe à notre attachement envers ce couple improbable, séparés mais si proches.

    Le film a cependant tendance à se laisser couler dans la banalité des propos et des situations comiques, qui peinerait à lui donner l'ampleur cinématographique qu'il mérite, car chaque plan est travaillé, la lumière et le son soignés, mais le fardeau de faire rire avant tout éraille la maîtrise. L'idée est originale, et même vécue selon les propos de Lilou Fogli, scénariste de ce long métrage. On ne peut toutefois écarter de cette histoire le chef d'oeuvre Her, de Spike Jonze, sur le développement d'un affect d'un quadragénaire routinier pour une voix féminine électronique. Mais le drame de Spike Jonze met précisément en exergue le manque de risque de ce premier film de Clovis Cornillac. Cette heure et demie porte cependant admirablement la candeur fragile voire ingénue de l'actrice principale Mélanie Bernier, qui voue un charme à cette aventure parisienne romanesque.

    Un peu, beaucoup, aveuglement refleurit l'idée que notre regard fait bruit à notre jugement, que nous n'entendons réellement ce que nous ne voyons pas. Piégés par le mur de leurs immeubles respectifs, le film met en abyme notre condition de citadins piégés par les murs de leurs écrans : écran de portable, mur des réseaux sociaux, écran d'ordinateur, qui nous laissent l'impression d'être entourés en étant terriblement seul. Machin et Machine se côtoient par le biais d'un mur, mais qui va les forcer à se connaitre, à vivre ensemble, s'éloignant du tout au tout des premiers contacts engagés sur internet. Une jolie leçon sur l'être avant le paraître.

     

    Un peu, beaucoup, aveuglement ne distance par les comédies françaises réalisées avant lui, mais repend sur ses spectateurs un esprit enfantin et une sensibilité appréciables.

     

    Un peu, beaucoup, aveuglément, avril 2015

     

  • Un peu, beaucoup, aveuglément - L'équipe du film

    C'est sur ses terres d'origines, au 27ème étage de la lumineuse Tour Oxygène, que le désormais réalisateur Clovis Cornillac a chaleureusement accueillit les journalistes et photographes pour son long métrage "Un peu, beaucoup, aveuglement". Sortie en salles prévue le mercredi 22 avril. 

    Critique du film à venir.

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    De gauche à droite : Lilou Fogli, Clovis Cornillac, Clara Passeron (Pour le dire), Mélanie Bernier