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Interstellar, Christopher Nolan

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Après tous ces discours sur le développement durable et les malheurs que nous affligeons à la Terre, nous voici propulsés dans un monde qui a trop longtemps subit les actes néfastes de l'Homme et son oisiveté. L'air vient à manquer, la terre ne produit plus, seul un vent de poussière règne dans l’atmosphère lourde et réaliste de cet Amérique aux abords de la décomposition. Dans ce décors, nous suivons la vie de famille de Cooper, ancien ingénieur, et de ses deux enfants et particulièrement de son lien fort avec sa fille Murph. La vie était supportable, mais d'étranges événements se produisent dans la chambre de la fillette : des livres tombent sans que les murs ne tremblent, la poussière forme sur le sol des tracés nets. Murph se familiarise avec ce phénomène et le baptise "fantôme". Seulement Cooper trouve en ces traits un code secret, menant vers un repère caché de tout regard. Accompagné de sa fille, dont la présence tient davantage à une fourberie qu'à un réel choix, ils démasquent le projet de la NASA : la vie sur Terre touche à sa fin, il faut profiter du trou de ver qui s'est formé il y a quelques décennies pour partir à la recherche d'une nouvelle planète habitable pour l'Homme.

Nous sommes immiscés dans la routine pesante de ces personnes qui ont décidé de tout quitter pour tenter de sauver leur famille, leur femme, ou de rejoindre leur compagnon parti il y a de cela dix ans. Cette cause nous semble réelle tant le décors et les dialogues sont admirablement construits. Le cinéma obtient majestueusement son nom de "septième art" par une histoire et une réalisation qui relèvent du chef-d'oeuvre. Nolan manie la science fiction avec des doigts d'artistes, en nous faisant tantôt vibrer devant des scènes au suspense quasi insoutenable, tantôt en nous bouleversant par l'amour d'un père qui surpasse l'écran. En effet, l'amour semble être la seule raison qui les pousse à vivre dans de telles conditions. Des douze explorateurs, l'un d'eux a été rattrapé par la folie au détriment de nos explorateurs. Sans espoir de revoir un jour un semblable et sans amour pour nous protéger de la solitude de cet infini, la condition de l'homme est entachée et assouvir ses intérêts personnels devient l'unique ligne de conduite. 

Mais au delà de cette métaphysique, nous sommes happés par la transformation des personnages de cette fantasque odyssée : certains s’humanisent tandis que d'autres laissent éclater le terrible mensonge qui les maintenaient durant de nombreuses années. Cette mission va-t-elle vers un but réalisable ou relève-t-elle du désir de satisfaire l'espoir général ? Cooper, incarné par le formidable Matthew McConaugey, apparaît comme le conciliateur entre la soif de mettre un terme avec cette mission rudement menée et de trouver une planète vivable et l'envie de revoir ceux qui l'attende sur terre et qu'il ne peut voir grandir. Ce personnage auquel on ne peut que s'attacher reste digne et fort, même lorsque tout semble perdu. 

Le décors ingénieux devient presque secondaire dès la seconde moitié du film, où le pathos prend une place grandissante. L'Homme est-il condamné ? Peut-on rester subjectif lorsque nous avons le choix entre sauver l'humanité et revoir sa famille ? Dans cet espace temps relatif, de nombreux destins s'entrechoquent, jusqu'à une découverte frappante. Nos actions ont-elles la capacité de changer le temps ? Nous ressortons de ces trois heures intenses en ayant une claque visuelle et scénaristique. En deux mots : courez-y.

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