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Pour le dire - Page 7

  • Comment c'est loin d'Orelsan et Gringe

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    "Un jour on est venu au monde, depuis on attend que le monde vienne à nous" ces paroles qui entament la dernière chanson des Casseurs Flowters, le groupe de rap français d'Orelsan et Gringe, est la philosophie générale de leur long-métrage Comment c'est loin. Leur gloire fut de briller lors d'une improvisation à la radio de rap locale. A présent ils raniment sans cesse un feu qui s'éternise depuis deux ans. Leur quotidien est un brouillard mêlant mégot de cigarette rallumé du lendemain et amitié nébuleuse, entre conflits et dépendance. Comment c'est loin est l'un ovni des grands écrans de la rentrée, reculé des grandes affiches américaines et des étoiles montantes du cinéma français. C'est un besoin de faire le point, une envie d'expression, d'aventure, mettant de côté les motivations souterraines des paillettes du 7ème art. Les deux rappeurs retracent leur histoire en musique avec l'humilité d'un documentaire et la poésie d'une épopée chansonnière.
    Le travail, la famille, l'amour, les conflits, les sujets s'entremêlent dans une décontraction déroutante : il s'agit de leur avenir, à l'aube d'une trentaine trop vite arrivée, mais la caméra les suit dans leurs déboires, inlassablement futiles et désengagées.

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    Comment c'est loin met en scène des personnes réelles qui percent véritablement l'écran, on pourrait presque se voir dans leur bar du jeudi soir ou avachi dans leur canapé empalé. Orelsan et Gringe, Aurélien et Guillaume, c'est nous. Ce n'est pas la gloire, ce ne sont pas les paillettes ni le quotidien doré de chanteurs qui ont conquis un certain public. Ce sont des performeurs qui ont voulu gravir les échelons de la notoriété plutôt que ceux de l'échelle sociale. C'est un plaisir à écouter, et désormais à voir. Ce film est la matérialisation de leurs fonctionnement en tant qu'artistes et en tant qu'hommes, ils en font le minimum exigé, ne dépensent pas plus que leurs besoins réels, se traînent là où leurs pieds ont déjà marché et où l'histoire s'est déjà écrite, et touchent ainsi leur public. Le choix juste et efficace de filmer les camarades côtoyés pendant leur période de création apportent fraîcheur et authenticité au film. Le décors joue également un rôle important, car il est le berceau de leur réussite et la ville natale d'un des chanteurs. Il y a une véritable réflexion sur le choix des lieux, des heures auxquelles les plans se tournent, des rues qui cadreront telle ou telle scène, camouflée sous couvert d'une nonchalance maîtrisée. Une culture geek et paresseuse qui plaira au public averti, aux amateurs de comédies simples et franches et à ceux qui à sept heure du matin enfilent leur pyjama plutôt que leur bleu de travail. 

     

    Comment c'est loin, janvier 2016

  • L'art et la machine au Musée des Confluences

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    On peut naître art et devenir machine. Être conçu machinalement et devenir des artistes. On a l'art d’apparaître au bon moment ou on industrialise les envies d'arts de nos parents. L'art, depuis la révolution industrielle, n'a cessé d'évoluer, a fasciné les époques comme ses maîtres de pensées. Les domaines du cinéma, de l'invention, de la peinture, de l'architecture, sont d'autant plus de réceptacles qui ont grandi et raviver cet amour étrange que l'on voue à la machine. 

    Le musée des Confluences rassemble près de 200 œuvres issues de 70 musées européens et nous invite à découvrir l machine dans ses heures de gloires et à ses courants délétères. 

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    Qu'est-il resté de l'art et de la machine ? Sommes-nous toujours fascinés ? Ou la tendance du dégout s'installe-elle dans nos croyances d'hommes aliénés et réduits ? Ce qu'il en ressort de cette exposition est que la machine intrigue, et donc pousse à la création, pour presque contrer l'inconnu en se l'appropriant. Elle irrite notre quotidien mais anime nos grands écrans, même lorsqu'elle prend des airs apocalyptiques (Matrix, I Robot...) ou que l'homme ironise son omniprésence (Charlie  Chaplin dans Les temps modernes). 
     
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    Deux visites espacées de deux mois m'auront été nécessaires pour me rendre réellement compte de la puissance de l'exposition. Ce que l'on peut appréhender comme un "assemblage sans âme" se reconsidère lorsque l'on découvre les ateliers, les œuvres mobiles, les conférences sur des thèmes bien précis, qui participent à l'exposition qui se déroule sur trois mois. L'art et la machine fait briller un musée qui jusque là ne m'avait pas convaincu. Beau mais creux, intéressant mais pompeux, rempli mais confus. 
    L'art et la machine répond enfin à un contemporain qui s'apprécie : là où les questions se posent sur notre présent et notre devenir, quand l'homme s’intéresse au construit, à la tradition, et essaye de s'en éloigner intelligemment. Et c'est dans le paradoxe de la fascination et de la haine que le corps de l'exposition se créé. On se promène donc entre les maquettes de De Vinci, aux prémices de l'aviation, et les sculptures futuristes de l'artiste Nam June Paik, puis on redécouvre la vague moderne de Duchamp et de son urinoir interprété par des artistes asiatiques. La machine convint donc les cultures, s'approprie les arts, qui la déteste (Souvenons-nous d'Erro au MAC en 2014) ou l'idéalise. Le point négatif de cette exposition serait dans la selection assez importante d’œuvres qui nous offrent peu de pistes d'interprétations, n'enlevant rien à leur beauté ou à leur graphisme, mais faisant davantage étale d'une pensée unique ou pour se dire que tel artiste était présent dans les murs des confluences. Egalement dans le choix, arbitraire ou non, de ne pas parler de la guerre, de la mort, de la maladie, de tout thèmes tabous et difficiles pourtant liés à la machine, par l'arme ou par le fil qui relie le malade au branchement de son soigneur. 
     
    La machine et l'art, l'art et la machine... Qu'importent les motivations qui poussent l'artiste à la création, l'objet mécanique ne cesse d'interagir avec l'art et tout deux se querellent pour innover avant l'autre. Quoi de mieux pour faire évoluer la société ? 
     
    L'art et la machine - Jusqu'au 24 janvier 2016
  • Simon - Réponse à Jal

    Je vois bien que tu ne me regardes plus comme avant, Simon. Je vois bien que tes yeux sont fuyants, tes traits contrariés. Je ne sais pas quoi faire pour que tu t'ouvres de nouveau à moi. Alors je me maquille un peu moins, je fais l'imbécile. Je joue à être naturellement mystérieuse et que ce mystère n'émane que de moi.

    Je ferai en sorte que tu te blesses, Simon. Je ferai brûler les villes de nos souvenirs, si seulement tu pouvais t'y trouver aussi. Mais est-ce que cela changerait quelque chose, Simon ? Est-ce que je pourrais prendre une étincelle de ce grand feu et la jeter dans tes yeux ? Je crois que lorsque l'amour meurt, il s'éteint pour de bon.

    Alors cessons toutes condoléances, cessons de s'entendre respirer. De mettre de la musique sur nos silences. De maquiller la vérité.

    On ne peut pas contourner un si grand fossé, on ne peut pas non plus sauter. 

    Je garderai le sourire, Simon. J'aurai comme dernière figure l'image que tu t'étais sans doute faite de moi. Je sourirai même si chaque muscle contracté enfoncera un peu plus la lame dans ma trachée. Je tâcherai d'être aimable, Simon, même froide s'il le faut.

    Que tu ne t'épanche pas sur cette rupture, que tu t'en sortes un peu trop.

    C'est un au revoir candide, un adieu précipité.  C'est un saut fragile sans filets pour espérer.