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Film - Page 2

  • Deadpool, briseur de codes et du quatrième mur

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    Spécimen dans son genre, Deadpool tire une nouvelle case encore jamais explorée de la saga Marvel : celle de l'anti-héro gras et terriblement attachant. Pas du tout moralisateur, il explore l'univers des comics comme on les connait avec les premières têtes X-men, Batman, Spiderman, en le souillant à sa guise de blagues salaces ou des touches scénaristiques inventives et impertinentes, à notre plus grand plaisir.

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    Le long-métrage use et s'amuse de références pop et de l'époque contemporaine en fondant dans un décors mystique un personnage qui nous ressemble. Deadpool est une bouffée d'air frais, un renouveau appréciable face aux blockbusters métalliques et sans âme de ces dernières années. Jamais à court d'idées pour briser le quatrième mur, Deadpool se joue avec nous des méchants et de lui-même, balayant la morale et les protocoles. Une délicieuse indifférence qui sert à son personnage.

    Avec à la production et au jeu l'acteur Ryan Reynolds, le film rend hommage à la folie, réelle, de cet homme-enfant et à un désir sincère de donner à un oublié des grands écrans la reconnaissance qu'il mérite. Deadpool semble être une projection costumée de son interprète, dans un genre moins sombre d'Heith Ledger et son rôle déstructeur du Joker. Une cohérence qui permet de lisser les discours graveleux du film.
    Bien qu'attendu, et la difficulté était de taille, Deadpool ravit par une audace salutaire. Il est en définitive un Marvel pro et anti Marvel, cuisiné aux petits oignons pour que les fans se régalent et que les spectateurs novices comme je l'étais en ressortent également satisfaits. Une petite pépite.

     

    Deadpool, février 2016

  • Comment c'est loin d'Orelsan et Gringe

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    "Un jour on est venu au monde, depuis on attend que le monde vienne à nous" ces paroles qui entament la dernière chanson des Casseurs Flowters, le groupe de rap français d'Orelsan et Gringe, est la philosophie générale de leur long-métrage Comment c'est loin. Leur gloire fut de briller lors d'une improvisation à la radio de rap locale. A présent ils raniment sans cesse un feu qui s'éternise depuis deux ans. Leur quotidien est un brouillard mêlant mégot de cigarette rallumé du lendemain et amitié nébuleuse, entre conflits et dépendance. Comment c'est loin est l'un ovni des grands écrans de la rentrée, reculé des grandes affiches américaines et des étoiles montantes du cinéma français. C'est un besoin de faire le point, une envie d'expression, d'aventure, mettant de côté les motivations souterraines des paillettes du 7ème art. Les deux rappeurs retracent leur histoire en musique avec l'humilité d'un documentaire et la poésie d'une épopée chansonnière.
    Le travail, la famille, l'amour, les conflits, les sujets s'entremêlent dans une décontraction déroutante : il s'agit de leur avenir, à l'aube d'une trentaine trop vite arrivée, mais la caméra les suit dans leurs déboires, inlassablement futiles et désengagées.

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    Comment c'est loin met en scène des personnes réelles qui percent véritablement l'écran, on pourrait presque se voir dans leur bar du jeudi soir ou avachi dans leur canapé empalé. Orelsan et Gringe, Aurélien et Guillaume, c'est nous. Ce n'est pas la gloire, ce ne sont pas les paillettes ni le quotidien doré de chanteurs qui ont conquis un certain public. Ce sont des performeurs qui ont voulu gravir les échelons de la notoriété plutôt que ceux de l'échelle sociale. C'est un plaisir à écouter, et désormais à voir. Ce film est la matérialisation de leurs fonctionnement en tant qu'artistes et en tant qu'hommes, ils en font le minimum exigé, ne dépensent pas plus que leurs besoins réels, se traînent là où leurs pieds ont déjà marché et où l'histoire s'est déjà écrite, et touchent ainsi leur public. Le choix juste et efficace de filmer les camarades côtoyés pendant leur période de création apportent fraîcheur et authenticité au film. Le décors joue également un rôle important, car il est le berceau de leur réussite et la ville natale d'un des chanteurs. Il y a une véritable réflexion sur le choix des lieux, des heures auxquelles les plans se tournent, des rues qui cadreront telle ou telle scène, camouflée sous couvert d'une nonchalance maîtrisée. Une culture geek et paresseuse qui plaira au public averti, aux amateurs de comédies simples et franches et à ceux qui à sept heure du matin enfilent leur pyjama plutôt que leur bleu de travail. 

     

    Comment c'est loin, janvier 2016

  • Demain - Le film

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    Cyril Dion, Mélanie Laurent et une équipe de réalisateurs concernés par l'épuisement des ressources de la Terre sont partis à la rencontre de personnes, de villages, de pays qui militent pour une indépendance. Oui, mais laquelle ? Une indépendance économique ? Alimentaire ? Énergétique ?

    C'est sous la forme de mini reportages, de parts et d'autres de la planète, que nous abordons ces thèmes, interconnectés, qui portent ces hommes et ces idées du combat. 

     

    Intelligent dans le fond et dans la forme, Demain enterre les a priori de populations reculées et paysannes à la lubie écologique. Les acteurs de ces changements ont pour la plupart abandonné leurs titres sociaux pour écouter la nature et vivre au dépend d'elle seule, qui le leur rend bien. La démarche humble de ces têtes pensantes se met au service de leur communauté. 

    Demain est une tournure optimiste et crédible dans une ère médiatique de la sanction et du martèlement. A l'image de l'éducation finlandaise et des mots de Gandhi, apprendre ne peut définitivement se faire qu'en montrant l'exemple, en résiliant la hiérarchie, les rapports de forces dominés/dominants. Si nous sommes une Terre, un peuple, pourquoi penser comme des adversaires ? Pourquoi ne pas multiplier, propager dans les campagnes et dans les villes ces actions mineures vers un mouvement populaire ? Le film appuie sa légitimité dans le choix du ton pour nous faire adhérer à ces alternatives : la totale neutralité. On nous montre donc que c'est possible sans faire l'apologie d'une entreprise ou diviniser des philosophes, les questions rhétoriques ne nous prennent ni pour des experts ni pour des croulants. C'est une pédagogie bien fondée. Demain colore le genre du documentaire par une recherche de dynamisme des lieux et des cadrages, des intervenants et des discours. 

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    Révélateurs ou plus subtils, les propos des uns huilent les discours des autres, dans une mécanique d'activisme sociétal. Qui sont ces gens ? Où ont-ils grandit, pourquoi en sont-il arriver à penser autrement, à voir au delà des nuages gris de pollution ? Nous avons envie d'en savoir plus, de rencontrer ces personnes, aux sourires jusqu'aux oreilles, de vivre avec eux, d'être candide puisqu'on le peut. La ville de Détroit, aux Etats-Unis, est le parfait exemple d'un lieu où les fruits et légumes sont à la porté de tous, dans des jardins collectifs ou des cases qui abondent les rues. Et pourtant, aucun abus n'y est déclaré. Aucun vol, ni "passagers clandestins". Ce qui est construit dans le respect guide implicitement les comportements de ceux qui y participent. 

     

    Demain remet les valeurs humaines au gout du jour, condamne les discours paresseux d'une situation irréversible et trace le pont entre la transformation climatique et la transformation possible de nos modes de vie. 

    Nous pourrons y arriver, demain. 

     

    Décembre 2015