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Drame - Page 3

  • L'horreur et les gens du pays

    Alors c'est quoi, le sentiment patriotique ? Une notification facebook qui nous propose de redorer notre photo de profil à l'image du drapeau français ? Suivre machinalement le mouvement amorcé, dans un esprit de solidarité hypocrite et creux ? Se révolter par bonne conscience ?
    Quand, en 365 jours, nous disons-nous que nous sommes un peuple uni et fier ? N'y a-t-il de réelle solidarité que dans les moments d'horreurs, comme celui-ci ? Comme pour Charlie ? Après le mouvement de rassemblement "Je suis..." dont j'ai prit naïvement part, j'ai l'amère sensation de me retrouver piégée à devoir de nouveau agir de la sorte, onze mois plus tard. On nous prémâche des belles paroles, on tire la ficelle de notre poing pour qu'il se brandisse, fébrile, vers la révolte. Contre ces actes. Contre la peur. Contre la menace. Mais derrière tout ça, lorsque l'on gratte la carapace en papier de ces discours francos-français, par nous et pour nous, de cette bulle égocentrique que l'on créé en pensant bien faire, l'engagement s'écroule dans un bruit glauque d'imposture. Nous nous révoltons de la mort que lorsqu'elle nous est présentée comme un spectacle, un fait que l'on entendra dans toutes les bouches ces prochains jours. Comme pour cet enfant immigré. Il y a de quoi se révolter chaque jour. A chaque moment. Et bien au delà de notre pays, de notre savoir. A agir de la sorte, nous devenons les pantins d'un Média voyeuriste et charognard.

    Evidemment qu'il faut en parler, évidemment qu'il faut agir. Mais sachons trouver les bons outils pour se faire entendre et non choisir la facilité d'une opinion monocorde.
    Alors c'est quoi, le sentiment patriotique ? Etre acteur ou avoir vu ? Etre au cœur d'un débat ou avoir entendu que ? Pour rendre hommage aux victimes soyons libres de le faire. Et ne pas se taire une minute pour continuer machinalement ce que nous étions en train de faire avant. De ne pas s'improviser engagé pour délaisser l'urne quelques semaines après.
    A tous les proches des victimes.

  • Boomerang, le thriller au souffle vendéen

    Les secrets de famille, quoi de plus classique. On se ment gentiment, se pavane subtilement, on refoule le passé si profondément qu'il nous pourrit sans que nous n'y prêtions attention. Dans Boomerang, ce passé se nomme Noirmoutier.

    En retournant sur les lieux de son enfance, Antoine, incarné par Laurent Lafitte, se replonge dans son enfance et celle de sa sœur, Agathe, jouée par Mélanie Laurent. Des bribes floues et illogiques viennent tourmenter son envie d'en savoir plus sur la mort de sa mère, retrouvée noyée il y a trente ans. Pourquoi était-elle de l'autre côté de la rive ? Pourquoi avoir dormi la veille de sa disparition chez les intendants de propriété ? Mais surtout, pourquoi est-ce qu'en évoquer le sujet suscite la contrariété de son père ou de sa grand-mère ?

     

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    Le film se coule sur deux heures d'intrigue, faisant échos à l'attente irritante d'Antoine, et parsème l'indicible vérité gouttes à gouttes, dans une beauté ironique de carte postale. Les non-dits d'il y a trente ans s’actionnent dans ceux d'aujourd'hui, créant une bulle de tensions dont on sent venir l'explosion. Entre destruction d'une entité qui lui est proche et création d'un lien nouveau avec ses deux filles et une nouvelle venue, le film joue entre rebondissements et stabilité. Antoine est coincé entre deux mondes énigmatiques. D'un côté, ce qu'on a bien voulu lui dire, et de l'autre, les éléments qu'il arrive à rassembler pour se rassurer qu'il n'est lui-même pas en train de sombrer dans une paranoïa obsédante.

    François Favrat place dans ce décors incertain ces femmes, au regard et au jugement neutres car trop jeunes ou d'un milieu extérieur, qui vont faire avancer l'intrigue et démêler les fils noués par le temps et les intérêts personnels. C'est dans la seconde partie de film que l'on s'approche d'un thriller façon Fincher, qui révèle tout l'éclat des comédiens, dont celui de Mélanie Laurent, jusque là relayée au titre de second rôle grisâtre.

    Quelques invraisemblances à noter toutefois, où des solutions huilent un peu trop facilement l'engrenage de l'enquête.

    Inspiré du roman de Tatiana de Rosnay, François Favrat réussit le pari d'un long métrage soigné, brut, et ascendant. Boomerang peut se vanter de réactualiser les codes des polars en utilisant juste ce qu'il faut pour amplifier le scénario.

     

    Boomerang, octobre 2015

  • Acrobates au Théâtre Nouvelle Génération

    Etre acrobate, ce n'est pas seulement bouger, danser, c'est un façon de penser. 

    Dans ce spectacle de danse contemporaine, l'histoire de ses interprètes se met au service d'un art maîtrisé à la seconde. Alliant sensibilité des corps et des expressions, les artistes dansent pour communiquer les différentes phases de la vie d'un homme et d'un ami après le drame. 

     

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    Ensemble. Lorsque tout va bien. La projection de vidéos d'archives sur les tapis devenus écrans de projection créée une atmosphère intimiste. De simples spectateurs nous devenons collègues, danseurs, le temps d'un spectacle, nous nous sentons acrobates car nous sommes invités à le devenir.

    La chute. ou bien la mort. Elle rode à chaque entraînements, à chaque faux pas. "Je peux pas" sont les mots qui résonnent entre les bruits secs du danseur qui se cogne contre les tapis. Il danse mais se fait tomber. Il n'arrive plus à se relever alors qu'il excelle toujours autant dans son art. Le talent ne suffit plus. L'acrobate n'est plus lorsqu'il est seul, lorsqu'il n'a plus son porteur, son voltigeur, ou son mentor. 

    L'interdépendance, pour pouvoir avancer. Prendre soin l'un de l'autre, le regarder, lui sourire. Acrobates est une réponse à ceux qui se perdent dans les drames de la vie. Il faut sans cesse se relever, compter sur l'autre, sur ceux qui restent, autant que l'on aimerait que l'on compte sur nous. C'est une ode à la vie en réponse à la mort. On né acrobate peut-être même sans le savoir, on s'articule dès la naissance jusqu'à se contenter d'un immobilisme cuisant, parce que plus le temps, parce que plus l'envie. 

    Acrobates ouvre la saison 2016 du Théâtre Nouvelle Génération en même temps qu'il ferme la page de leur histoire, après deux cents représentations.