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Contemporain - Page 5

  • La nouvelle dynamique du TNG

     

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    Dans un élan de renouveau perpétuel, le Théâtre Nouvel Génération ouvre pour sa nouvelle saison les portes du contemporain. Il imagine demain et invite un public dès 18 mois à toucher à l'univers fantasque et sans limite du théâtre. 
    Ses nouvelles optiques ? Il prolonge une vision intergénérationnelle déjà inscrite dans son oeuvre globale. Comme avancé précédemment, le TNG accueillera dans son antre populaire, puisque accessible pour tout âge et tout budget, des compagnies aux arts et aux méthodes innovantes décidées à éveiller l'imaginaire de son public. Le TNG a donc plus que jamais à cœur de toucher des familles en les immergeant dans une pratique singulière et participative du théâtre. Son maître mot : casser les codes. L'écriture numérique va d'ailleurs être de plus en plus considérée, en terme de regards, d'opinions, d'orientations. La génération Y va pouvoir participer à cette dynamique, et enrichir de surcroît la pluralité des profils de centre d'art dramatique.

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    À cet entremêlement des âges se noue celui du nouveau directeur artistique et général Joris Mathieu, 38 ans, qui succède la plume sensible et confirmée de Nino d'Introna, 60 ans. Une génération de plus, de moins, qui n'a pas grand intérêt à être souligné mais qui appuie un renouveau interne comme externe.

    Les optiques du TNG sont enfin conniventes à la mutation globale de la ville de Lyon, dont l'émergence culturelle ouvre des pistes de création. La mutualisation des théâtres dans la métropole va apporter un atout supplémentaire à la structure pour qu'elle rayonne davantage. Cette dynamique offrira nous l'espérons une reconnaissance méritée, en vue de sa capacité à nous garantir des manifestations qualitatives et originales : Les excellents Quand on parle du loup, La maison près du lac, Macbeth, La carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi des dernières saisons nous mettent l'eau à la bouche quant à ce qu'il nous concocte pour la rentrée.

    De nouvelles envies, une nouvelle direction, de nouvelles perspectives et une nouvelle identité visuelle, le TNG met plus que jamais un pas assuré dans le contemporain et dans l'avenir.

  • Appels entrants illimités au TNG

    Dans une perpétuelle dérision et absurdité se dessine dans les entrailles d'Appels entrants illimités des éclats de noirceurs sur notre condition d'homme. Nous rencontrons trois colocataires, perturbés, aiguisés, presque trop différents pour être réellement ensemble. Un grand, filiforme, qui se pose des questions sur l'humanité, les OGM, qui ne sait jamais quoi répondre lorsque la sonnerie du téléphone retentit et qui parjure la télévision. Un petite, un peu ronde, qui camoufle son hypersensibilité par des déguisements d'homard, de poule ou de jeune fille sûre d'elle. Et une dernière, le dernier lit de Boucle d'Or, banale dans son physique, quoique jolie et un vaniteuse, et irrémédiablement et dépressivement timbrée. Une horreur les rapproche : le monde extérieur, symbolisé sur scène par un tunnel morbide en papier blanc, qu'ils pénètrent toujours en cas d’extrême nécessité. On préférera même vaporiser les poubelles de sent bon plutôt que de les sortir et se confronter à leurs jugements, leurs étiquettes, leurs vies parfaites et bien rangées.

     

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    La pièce s'interrompt frénétiquement par des appels, ou plutôt des courtes phrases assemblées sans logique apparente, qui résument les informations quotidiennes qui nous sont projetés, les faits divers, la guerre, la corruption, le drameNous vivons dans un drame, et leur drame à eux est de trop le savoir. Louis, Anna et Charlotte nous racontent ainsi, avec leurs accents québécois si chaleureux, des petites histoires qui leur sont arrivés. On pense alors à de simples anecdotes, pour discuter, meubler leur refuge, mais nous y décelons des appels au secours. Les gens qu'ils rencontrent, les situations qu'ils vivent, nous cognent à notre conformité. Pourquoi faut-il savoir bien chanter pour monter sur la scène d'un karaoké ? Pourquoi se plier à un cadre qui ne nous est pas pas ajusté ? Pourquoi ne pas pouvoir penser et crier à la société que nous nous aimons, tels que nous sommes ? Ces spécimens voudraient l'amour mais ne reçoivent que des paillettes, du matériel sans âme et sans fond. Appels entrants illimités, c'est un peu résumer la folie et l’enchaînement incontrôlable des jours, des rencontres, des histoires, de notre vie.

    Par delà l'imagination débordante à en époumoner le spectateur qui tente de les suivre, nous en tirons notre propre aperçu de la pièce. Nous choisissons d'en saisir un certain sens, de prendre les bribes de ces dialogues, de choisir de les écouter ou de les comprendre, de se rappeler pourquoi nous sommes venus voir cette pièce, ou pourquoi nous sommes vivants.

    Un véritable chef d'oeuvre.

     

    Appels entrants illimités, mai 2015 au TNG

  • BIRDY au Radiant

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    Birdy, c'est une histoire d'amitié mise à l'épreuve par les méfaits de la guerre. L'un est touché au visage, l'autre est touché au coeur.

    Après avoir envié la liberté farouche des pigeons de son quartier, Birdy est devenu l'un des leur. Birdy, c'est un symbole doux et puissant à la fois sur le besoin de communiquer sur ce que l'on a vécu et sur ce que l'on est. En tentant de faire revenir Birdy à la raison, son meilleur ami, Al, va énumérer les chapitres marquants de leur jeunesse. Nous comprenons le parti du metteur en scène, qui opte pour la vraisemblance de l'élocution d'un jeune homme issu de milieu populaire, englué dans ses émotions qui le ramènent toujours à la force de son amitié avec Birdy. Mais l'ampleur de la salle du Radiant ne prête pas à ce monologue tous les mérites qu'il devrait recevoir. Pire, on s'égare dans des phrases enchaînées trop vites, parfois peu audibles ou difficilement, qui laisse à croire qu'il nous faudrait voir la pièce une deuxième fois pour saisir davantage d'informations.

    Mais ce n'est, après tout, qu'un détail peut-être volontairement bafoué. Le plein feu est en effet sur le dernier tiers de la pièce, qui rompt le mutisme de Birdy, et offre à l'acteur une magnifique envolée théâtrale. Les scènes ne prêtent plus à certaines incompréhensions, puisqu'elles se regardent désormais. Le décor emprunte les travers d'un cliché de scène de cinéma français en misant, sinon que sur la profondeur des dialogues, sur la beauté et le sentimentalisme. Bémol supplémentaire pour l'interaction, usée par la commodité, des comédiens qui feignent de découvrir leur public et les éblouie de lumières, sensibles, légères et convenues. Birdy est semblable à l'écriture d'Emmanuel Meirieu qui joue, peut-être trop subtilement, entre la modestie d'une culture pointue et la simplicité pour toucher large.

    Birdy est définitivement une jolie œuvre revisitée, mais qui laissera les avertis sceptiques.

    Birdy au Radiant avril 2015