Birdy, c'est une histoire d'amitié mise à l'épreuve par les méfaits de la guerre. L'un est touché au visage, l'autre est touché au coeur.
Après avoir envié la liberté farouche des pigeons de son quartier, Birdy est devenu l'un des leur. Birdy, c'est un symbole doux et puissant à la fois sur le besoin de communiquer sur ce que l'on a vécu et sur ce que l'on est. En tentant de faire revenir Birdy à la raison, son meilleur ami, Al, va énumérer les chapitres marquants de leur jeunesse. Nous comprenons le parti du metteur en scène, qui opte pour la vraisemblance de l'élocution d'un jeune homme issu de milieu populaire, englué dans ses émotions qui le ramènent toujours à la force de son amitié avec Birdy. Mais l'ampleur de la salle du Radiant ne prête pas à ce monologue tous les mérites qu'il devrait recevoir. Pire, on s'égare dans des phrases enchaînées trop vites, parfois peu audibles ou difficilement, qui laisse à croire qu'il nous faudrait voir la pièce une deuxième fois pour saisir davantage d'informations.
Mais ce n'est, après tout, qu'un détail peut-être volontairement bafoué. Le plein feu est en effet sur le dernier tiers de la pièce, qui rompt le mutisme de Birdy, et offre à l'acteur une magnifique envolée théâtrale. Les scènes ne prêtent plus à certaines incompréhensions, puisqu'elles se regardent désormais. Le décor emprunte les travers d'un cliché de scène de cinéma français en misant, sinon que sur la profondeur des dialogues, sur la beauté et le sentimentalisme. Bémol supplémentaire pour l'interaction, usée par la commodité, des comédiens qui feignent de découvrir leur public et les éblouie de lumières, sensibles, légères et convenues. Birdy est semblable à l'écriture d'Emmanuel Meirieu qui joue, peut-être trop subtilement, entre la modestie d'une culture pointue et la simplicité pour toucher large.
Birdy est définitivement une jolie œuvre revisitée, mais qui laissera les avertis sceptiques.
Birdy au Radiant avril 2015