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Peur

  • L'avenir de Mia Hansen-Løve

    L'avenir, ou ce qui m'attendra, après, est une question que l'on peut se poser à des tournants de notre vie. Et Nathalie, brillante professeur de philosophie, cinquantenaire, en prend plusieurs. Ce thème majeur du film se détaille à travers plusieurs items : la société, la famille, le couple, et les angoisses qui s'y rapportent. La réalisatrice a choisi Isabelle Huppert pour incarner un rôle fort, dans un parcours de fragilité et de résistance. 

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    Ce long-métrage pose sur écran une actualité sur toutes les bouches : connaît-on, pour la première fois depuis des décennies, une régression dans notre société ? Dans nos rapports ? Nathalie représente la souffrance que l'on peut avoir, entouré mais seul dans un monde en mouvance, dans des débats stériles ou des amoures difficiles. Axée d'habitude sur les déboires de la jeunesse, comme pour Eden et la culture électronique ou Un amour de jeunesse sur une première histoire d'amour, Mia Hansen-Love tourne sa caméra du côté d'une femme mature, dans un équilibre professionnel et une situation confortable. Malgré cette différence de statut, elle est en proie aux mêmes tiraillements que certains des personnages jeunes de l'univers délicat de la cinéaste.

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    Le personnage de Nathalie se perd entre l'approbation et le jugement, si bien qu'elle évolue dans l'amertume et les remises en question interpersonnelles. Le jeune homme qu'elle a vu grandir, incarné par Romain Kolinka, va être son symbole de liberté, d'air pur, loin du brouhaha parisien.
    Quand l'avenir ne semble plus aussi radieux que ce que l'on a vécut jusqu'ici, l'heure est au changement.
  • Acrobates au Théâtre Nouvelle Génération

    Etre acrobate, ce n'est pas seulement bouger, danser, c'est un façon de penser. 

    Dans ce spectacle de danse contemporaine, l'histoire de ses interprètes se met au service d'un art maîtrisé à la seconde. Alliant sensibilité des corps et des expressions, les artistes dansent pour communiquer les différentes phases de la vie d'un homme et d'un ami après le drame. 

     

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    Ensemble. Lorsque tout va bien. La projection de vidéos d'archives sur les tapis devenus écrans de projection créée une atmosphère intimiste. De simples spectateurs nous devenons collègues, danseurs, le temps d'un spectacle, nous nous sentons acrobates car nous sommes invités à le devenir.

    La chute. ou bien la mort. Elle rode à chaque entraînements, à chaque faux pas. "Je peux pas" sont les mots qui résonnent entre les bruits secs du danseur qui se cogne contre les tapis. Il danse mais se fait tomber. Il n'arrive plus à se relever alors qu'il excelle toujours autant dans son art. Le talent ne suffit plus. L'acrobate n'est plus lorsqu'il est seul, lorsqu'il n'a plus son porteur, son voltigeur, ou son mentor. 

    L'interdépendance, pour pouvoir avancer. Prendre soin l'un de l'autre, le regarder, lui sourire. Acrobates est une réponse à ceux qui se perdent dans les drames de la vie. Il faut sans cesse se relever, compter sur l'autre, sur ceux qui restent, autant que l'on aimerait que l'on compte sur nous. C'est une ode à la vie en réponse à la mort. On né acrobate peut-être même sans le savoir, on s'articule dès la naissance jusqu'à se contenter d'un immobilisme cuisant, parce que plus le temps, parce que plus l'envie. 

    Acrobates ouvre la saison 2016 du Théâtre Nouvelle Génération en même temps qu'il ferme la page de leur histoire, après deux cents représentations.

     

  • Vice-Versa des studios Pixar

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    A la vue des critiques laudatives qui prolifèrent depuis la sortie de ce dernier Pixar, ma curiosité a gagné le combat contre cette déferlante médiatique qui considère presque déjà Vice-Versa (ou Inside Out) comme le meilleur Pixar jamais réalisé. Lorsque l'enchantement autour d'un film est quasi unanime, nous le plaçons indéniablement sur un sommet, battit d'ingéniosité et de créativité. Mais le risque de cette sur-estimation s'est révélé à la fin de cette ribambelle d'actions cocasses mais pourtant creuses. Vice-Versa séduisait par un projet des plus ambitieux : après avoir pensé les émotions de nos jouets d'enfants, de notre poisson de compagnie, de nos véhicules ou encore du monstre dans notre placard, il s'intéresse aux émotions DE nos émotions. Et la triste ironie est qu'il ne s'en développe aucune. Ce qui pourrait être de la compassion pour cette jeune fille, qui déménage et quitte prématurément le berceau de son enfance, relève d'avantage d'une indifférence grandit par un ennui post-découverte. Le scénario s'étire difficilement sur tout le film, rebondit par quelques scènes d'"action", qui le meuble plutôt que de le dynamiser. La matérialisation du monde de Riley, 11 ans, qui s'écroule par des îlots aux diverses caractéristiques est la trouvaille fine qui permet un mouvement aux émotions personnifiées que nous suivons. Étrange de voir que même si les effets et le travail sont là, la magie n'opère pas. A ce que l'action était aux Indestructibles, l'émotions à Là-haut et la sensibilité à WALL-E, Vice-Versa se perd dans plusieurs de ces terrains.

    On découvre, on s'émerveille, on regarde, on se lasse. Peut-être faudra-t-il emprunter un peu d'absurdité aux anciens pour relever la sauce du prochain long-métrage ? Même si l'originalité est appréciable, seul le petit grain de folie peut bouleverser l'écran, car quand il y a folie il y a surprise. Et qu'enfin l'enfant qui est en nous éclate plutôt que de subir les déboires fragilisées d'un tendre compère. 

     

    Vice-versa, juin 2015