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Histoire

  • Spotlight, de Tom McCarthy

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    Le fait divers glaçant de prêtres pédophiles à Boston aux Etats-Unis retracé par l'équipe de journalistes dénommée Spotlight. Polémique dans le fond et dans la forme, Spotlight entraîne son spectateur dans une agitation désordonnée qui mêle les informations entre elles et nous coulent dans des dialogues confus. Le réalisateur prend le parti de nous réserver un siège de bureau pour nous y balancer, d'un coup de talonnette artistique, entre nos collègues du journal Le Globe. Nous n'en savons pas plus qu'eux, nous avançons avec eux. Pas d'intime, pas de décors américains, pas d'humour, de violons ou de mépris. Là est la ficelle d'une prémisse de reproche que nous pourrions tirer : Spotlight ne ravira qu'un public disposé et volontaire, sans quoi la route est longue.

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    Nous touchons au vrai, aux faits, à un film qui se pourrait être un documentaire. Et par l'envie d'en faire peu, Tom McCarthy en fait beaucoup. Une réalisation propre et épurée, qui se dérobe de tout voile d'entertainment. Spotlight est un film sombre et lissé, qui ne s'écoute que si l'on décide de mettre également notre coeur à l'enquête. L'habileté de ce long-métrage difficilement classable tient en la totale imperméabilité de ses personnages et leurs possibles affiliations avec l'Eglise. Une contre-enquête sur la véritable identité des journalistes se créé dans l'imaginaire d'un spectateur habitué à plus d'artifices et qui a fortiori en cherche davantage. Spotlight percute dans la technique mais se ferme les portes du grand public qui pourrait être réfractaire à cette démarcation.
    En résumé, Spotlight est un film fin, bien construit mais laisse une petite amertume de beauté incomplète par le choix de la simplicité, pouvant être perçue comme de la facilité et du creu. Bon, mais dans la nuance. 

    Spotlight de Tom McCarthy, février 2016

  • L'art et la machine au Musée des Confluences

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    On peut naître art et devenir machine. Être conçu machinalement et devenir des artistes. On a l'art d’apparaître au bon moment ou on industrialise les envies d'arts de nos parents. L'art, depuis la révolution industrielle, n'a cessé d'évoluer, a fasciné les époques comme ses maîtres de pensées. Les domaines du cinéma, de l'invention, de la peinture, de l'architecture, sont d'autant plus de réceptacles qui ont grandi et raviver cet amour étrange que l'on voue à la machine. 

    Le musée des Confluences rassemble près de 200 œuvres issues de 70 musées européens et nous invite à découvrir l machine dans ses heures de gloires et à ses courants délétères. 

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    Qu'est-il resté de l'art et de la machine ? Sommes-nous toujours fascinés ? Ou la tendance du dégout s'installe-elle dans nos croyances d'hommes aliénés et réduits ? Ce qu'il en ressort de cette exposition est que la machine intrigue, et donc pousse à la création, pour presque contrer l'inconnu en se l'appropriant. Elle irrite notre quotidien mais anime nos grands écrans, même lorsqu'elle prend des airs apocalyptiques (Matrix, I Robot...) ou que l'homme ironise son omniprésence (Charlie  Chaplin dans Les temps modernes). 
     
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    Deux visites espacées de deux mois m'auront été nécessaires pour me rendre réellement compte de la puissance de l'exposition. Ce que l'on peut appréhender comme un "assemblage sans âme" se reconsidère lorsque l'on découvre les ateliers, les œuvres mobiles, les conférences sur des thèmes bien précis, qui participent à l'exposition qui se déroule sur trois mois. L'art et la machine fait briller un musée qui jusque là ne m'avait pas convaincu. Beau mais creux, intéressant mais pompeux, rempli mais confus. 
    L'art et la machine répond enfin à un contemporain qui s'apprécie : là où les questions se posent sur notre présent et notre devenir, quand l'homme s’intéresse au construit, à la tradition, et essaye de s'en éloigner intelligemment. Et c'est dans le paradoxe de la fascination et de la haine que le corps de l'exposition se créé. On se promène donc entre les maquettes de De Vinci, aux prémices de l'aviation, et les sculptures futuristes de l'artiste Nam June Paik, puis on redécouvre la vague moderne de Duchamp et de son urinoir interprété par des artistes asiatiques. La machine convint donc les cultures, s'approprie les arts, qui la déteste (Souvenons-nous d'Erro au MAC en 2014) ou l'idéalise. Le point négatif de cette exposition serait dans la selection assez importante d’œuvres qui nous offrent peu de pistes d'interprétations, n'enlevant rien à leur beauté ou à leur graphisme, mais faisant davantage étale d'une pensée unique ou pour se dire que tel artiste était présent dans les murs des confluences. Egalement dans le choix, arbitraire ou non, de ne pas parler de la guerre, de la mort, de la maladie, de tout thèmes tabous et difficiles pourtant liés à la machine, par l'arme ou par le fil qui relie le malade au branchement de son soigneur. 
     
    La machine et l'art, l'art et la machine... Qu'importent les motivations qui poussent l'artiste à la création, l'objet mécanique ne cesse d'interagir avec l'art et tout deux se querellent pour innover avant l'autre. Quoi de mieux pour faire évoluer la société ? 
     
    L'art et la machine - Jusqu'au 24 janvier 2016
  • The Walk Rêver Plus Haut de Robert Zemeckis

    Funambuliste : acrobate équilibriste exécutant des exercices sur un câble tendu à grande hauteur.

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    Comme le spectacle à taille humaine ne lui suffisait plus, c'est entre les tours jumelles de New York que Philippe Petit, funambuliste impétueux, osa tendre son fil il y a quarante ans.

    Le réalisateur Robert Zemeckis semble s'asseoir sur ses exploits passés en réalisant un film visuel, au péril de l'écriture. 
    L'impression amère d'une retranscription fade et abusée de l'exploit de ce voltigeur se mute en fin de parcours en indifférence, séquencée par quelques soupirs ou écarquillements. Le long métrage aurait pu explorer davantage les lois de l’apesanteur, nous couper le souffle à chaque pas sur ce fil qui frôle la mort. Mieux, amplifier les sentiments des personnages, du désir insensé muté en obsession de Philippe Petit, à la contemplation muette puis envieuse de sa compagne Annie. Explorer, sonder, exposer finalement ses personnages de matière frontale, et ne survoler que le paysage. Robert Zemeckis fait le contraire. Peut-on parler de biopic lorsque le cadre dans lequel évolue le héros marche sur les plates-bandes de sa propre histoire ? 

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    La motivation et le talent ne réussissent pas à faire briller ces têtes d'affiches, qui, en bons professionnels, se contentent du minimum imposé. L'immersion se s'amorce tout de même grâce au talent sensible des acteurs, notamment des seconds rôles, qui s'efforcent à ne pas donner l'envie aux spectateurs de sauter dans le vide.  Nous sentons l'envie d'en dire plus, et ce ne sont pourtant pas les minutes et les moyens qui manquent au réalisateur. 
     Les décors, travaillés dans un Paris des années 70, où la restitution des petits quartiers est aussi nette que celle des immenses tours jumelles métallisées de New York, marquent les points positifs de The Walk. Même si nous avons parfois le sentiment d'y prendre racine pour qu'on nous laisse le temps d'observer chaque détail.
     
    Une aventure hors du commun mais un long métrage qui s'apparenterait presque à une fiche informative, déroulée sur deux heures. Décevant et frustrant.