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Drame

  • I Origins de Mike Cahill

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    Oublié des grands écrans et passé aux travers de l’encensement médiatique qu'il aurait mérité, I Origins est une histoire peu commune, qui danse entre deux mondes. Un jeune scientifique doué rencontre une femme à l'esprit candide, flottant entre la croyance et les superstitions. Entre rationalité et abstraction, le réalisateur cerne la magie qui habite les deux personnages, dans leur différence la plus totale mais à l'alchimie absolue.  

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    Et dans cette histoire, une découverte scientifique se réalise enfin : les yeux pourrait être le reflet de notre âme. Est-ce du réel ou de la fiction ? Peut-on réellement habiter le corps d'une personne mais posséder les yeux d'une autre ? 
    Mike Cahill nous touche par ces deux êtres, liés par l'instinct et la bulle précieuse de leur attachement soudain, suscitant parfois le rejet de leurs convictions respectives. Le cinéaste s'accorde à penser que chaque homme laisse une trace, matérielle - par la recherche, en outre - ou spirituelle - par une empreinte idéologique forte -. Ses deux personnages symbolisent ainsi la quête de l'immortalité et l'intérêt de leur présence sur terre, dans cette ville, ici même. 
     
    Doux et entraînant, I Origins explore la romance et la science et cède à l'un et à l'autre le pouvoir de s'entrecroiser : tout n'est pas logique et tout n'est pas perception. Le film livre une ascendance émotionnelle mêlant nostalgie, mélancolie et réjouissances. 
     
    I Origins, film de Mike Cahill, septembre 2014 
  • L'avenir de Mia Hansen-Løve

    L'avenir, ou ce qui m'attendra, après, est une question que l'on peut se poser à des tournants de notre vie. Et Nathalie, brillante professeur de philosophie, cinquantenaire, en prend plusieurs. Ce thème majeur du film se détaille à travers plusieurs items : la société, la famille, le couple, et les angoisses qui s'y rapportent. La réalisatrice a choisi Isabelle Huppert pour incarner un rôle fort, dans un parcours de fragilité et de résistance. 

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    Ce long-métrage pose sur écran une actualité sur toutes les bouches : connaît-on, pour la première fois depuis des décennies, une régression dans notre société ? Dans nos rapports ? Nathalie représente la souffrance que l'on peut avoir, entouré mais seul dans un monde en mouvance, dans des débats stériles ou des amoures difficiles. Axée d'habitude sur les déboires de la jeunesse, comme pour Eden et la culture électronique ou Un amour de jeunesse sur une première histoire d'amour, Mia Hansen-Love tourne sa caméra du côté d'une femme mature, dans un équilibre professionnel et une situation confortable. Malgré cette différence de statut, elle est en proie aux mêmes tiraillements que certains des personnages jeunes de l'univers délicat de la cinéaste.

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    Le personnage de Nathalie se perd entre l'approbation et le jugement, si bien qu'elle évolue dans l'amertume et les remises en question interpersonnelles. Le jeune homme qu'elle a vu grandir, incarné par Romain Kolinka, va être son symbole de liberté, d'air pur, loin du brouhaha parisien.
    Quand l'avenir ne semble plus aussi radieux que ce que l'on a vécut jusqu'ici, l'heure est au changement.
  • Des gens biens, de David Lindsay-Abaire

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    Margaret, ou Margie, est une mère célibataire d'une adulte handicapée. Côtoyant ses amies d'infortunes, elle tournaille tristement entre son domicile, les parties de Bingo jusqu'à décider de changer la donne. La gentillesse et la diplomatie ne seront peut-être plus de mises, mais qui, des détenteurs ou des demandeurs, sera réellement en position de force ?
    Pièce sympathique qui se tient par la force harmonieuse de ses personnages, Des gens bien met en lumière des scènes proches de notre quotidien. Elle rend compte de l'amertume censurée par la bonté d'une femme qui cherche désespérément un emploi, après s'être fait renvoyer de son poste de caissière. Dans des décors changeants, qui vont créer une ascendance dans la cruauté enfantine de Margie, les langues se délient.

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    Face à un ancien comparse des quartiers pauvres aujourd'hui docteur et confortable, Margie se perd dans une attente d'aide non comblée, et s'enlise dans des propos cruellement drôles, tant ils forcent le malaise et le cynisme. Qui sont les gens bien ? Ceux qui ont une situation et se gardent d'en faire profiter les démunis ou les désireux qui souhaitent écrouler le monde battit par les chanceux ? Quand on serait en clin à dire que ce sont les personnages qui en ont le moins qui sont les plus attachants, la tendance s'inverse puis valse entre les catégories sociales, pauvres, riches, pingres et médisants, mauvais et bons. Chacun se fait tourner ses étiquettes, qui nous perdent dans ce que l'on aurait pensé d'un tel ou d'une telle.


    Des gens biens est un spectacle agréable mais qui peine à prendre sur la première heure. Entre bafouillages et stéréotypes des caractères féminins (la potiche, la gentille et la sèche), le spectacle laisse un espace d'attaches entre la scène et le public. Des gens bien se salue tout de même par une audace scénaristique, une modernité qui ne sert plus le milieu pauvre mais le coeur triste de Margaret, qui créé un tourbillon infernal entre ces classes et ces gens qui veulent à tout prix être des gens bien.

     

    Des gens bien, 12 mars 2016 au Radiant-Bellevue