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Théâtre - Page 6

  • Fleurir leur avenir ! Cinquantenaire de l'UNICEF

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    Pour son cinquantième anniversaire et à l'occasion des 25 ans de la convention de droits de l'enfant, l'association UNICEF connue pour ses actions humanitaires mondiales a réunit bénévoles et comédiens autour d'un projet ambitieux : créer une pièce retraçant par multiples manières les droits de l'enfant portée par le titre "Fleurir leur avenir !".

    C'est dans la salle Pierre Garcin que s'est déroulé cet événement ce dimanche 5 octobre. Lorsque nous passons le pas de la porte, nous sommes accueillis par des sourires, une véritable chaleur humaine se dégage qui contraste avec la grisaille automnale. Habituée aux représentations théâtrales lyonnaises, des classiques littéraires aux créations contemporaines, je n'avais jamais eu l'occasion d'assister à une œuvre abordant le domaine social et juridique. Les droits de l'enfant, une notion abstraite ? Les troupes de l'Art-scenic, Les Hot'antiques et l'Ecole de musique d'Ecully nous prouvent le contraire à travers des textes, des histoires, des chants, et nous font porter un regard attentif sur cette réalité qui concerne les enfants de toute origine.
    Sur scène, un enfant symbolise chaque continent et s'insurge de situations géoplotiques ou économiques avec ses mots à lui, rêvant d'une liberté concrète et non plus faite d'acier comme la statue aux portes de New-York ou celle que l'on trouve dans la devise française. Des enfants à qui on ôte le droit de l'insouciance, de la sécurité, de l'amour même, au profit d'un travail de forcené. Si l'UNICEF a voulu nous réunir aujourd'hui autour de cette cause sensible, ce n'est pas par soucis de morale mais pour tenter de faire naitre en nous un regard différent, qui ne se pose pas sur notre confort personnel mais sur ces enfants, qui s'apprêtent à ne plus espérer à une vie heureuse, qui trompent leur faim par un bouton de chemise. Aider l'autre, c'est d'abord prendre conscience qu'il existe.
    La pièce de l'UNICEF s'éloigne des clichés d'un monde qui n'attend que nous pour être parfait et ne prêche pas la bonne morale. Au contraire, elle s'alimente de l'émotion croissante du public face à la pureté des jeunes comédiens, avoisinants probablement une dizaine d'années, que l'on sent plein de volonté et d'ambition pour redonner un sourire à ceux qui n'en n'ont plus.
    L'UNICEF a réussi le pari de développer une conscience collective en chacun de nous, de rompre avec l'individualisme croissant et la crise économique. En ces temps incertains, il faut pouvoir penser aux choses simples, comme l'échange et le contact avec l'autre, ayant une culture similaire ou différente de la notre. N'est-ce pas en effet par la différence que nous nous grandissons ? Fleurir leur avenir sème donc en nous une idée à cultiver tous les jours : "c'est possible".

    Je voulais remercier l'UNICEF pour cet événement nouveau, reflet de leurs actions quotidiennes en faveur des droits pour tous. L'émotion a été au rendez-vous, et particulièrement lors des quelques mots du président de l'UNICEF Rhône Monsieur Thierry Saudejaud et de Madame Anne Kravz-tarnavsky, créatrice de la pièce. Le plaisir de monter ce spectacle fut à la hauteur du plaisir que nous avons eu à le regarder. Bravo à toute l'équipe, et à bientôt.

  • Une nouvelle saison, un dernier hommage

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    Jeudi 11 septembre 2014, Nino d'Introna ouvrait les portes du TNG pour présenter la nouvelle saison 2014-2015. Saison qui ne sera pas comme les autres pour le directeur, car elle signe les adieux à dix années de travail passionné, et d'émerveillement pour nous public.

    La festivité est à l'honneur, nous sommes d'emblée accueillis dans la salle par une coupe symbolique où résonnent tours à tours les bouchons de bouteilles aux fines bulles. Nous levons notre verre à ce géant de la scène maniant les cartes d'acteur, metteur en scène, auteur, dramaturge et scénographe, d'une simplicité déroutante lorsque l'on réalise l'étendue de son parcours depuis son pays natal qu'est l'Italie jusqu'au terme de sa mission au TNG à Lyon. Un regard empli de bonté rare et un accent chaleureux, Nino d'Introna est une personne bien à part. Plus qu'une personne, il est une personnalité, de celles que l'on ne croise que quelques fois dans sa vie, professionnelle ou privée.

    Au fil de la soirée se succèdent différents acteurs clés du théatre : collègues, comédiens, chanteur lyrique, musicien, les interventions sont orchestrées selon l'ordre des pièces présentées par une courte bande annonce qui se démarque à chaque fois de la précédente. A l'affiche, nous retrouvons des classiques revisités qui sont les suivants : La Carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi, Quand on parle du loup basé sur le conte Le petit Chaperon Rouge, et le mythique Macbeth. L'équipe nous offre également des perles qui ont retennue mon attention et qui feront probablement office de critiques ici même qui sont La Maison près du lac et Yael Tautavel, ou l'enfance de l'art cette dernière détenant le record du nombre de représentations, autant dire une des pièces maîtresses de cette nouvelle saison  à découvrir ou à revoir pour les plus nostalgiques.

    La nostalgie. Elle embaume subtilement la salle tout au long de ces deux heures et trente minutes. L'émotion de Monsieur d'Introna est palpable et nous décroche un sourire de bienveillance quant à la suite de sa carrière. Il nous dit alors ces mots, chargés d'une rétrospective personnelle : 

    "En Afrique, les conteur parvient au terme de son histoire, il appuie la paume de sa main sur la terre et il dit : je dépose mon histoire ici. Puis après un court silence il ajoute : afin que quelqu'un d'autre puisse la reprendre un jour".

    La notion de l'éphémère qui passe cependant de mains en mains est la traduction de la charte graphique des affiches de la nouvelle saison: un tableau noir, et de la craie. La craie tourne, virevolte, prend des chemins singuliers, et intègre un élément phare de la pièce concernée. Imaginer, effacer, retravailler, ce sont les bases de la création artistique. De petites touches de couleurs parsèment l'ensemble de la plaquette, qui s'introduisent sur le tableau et suivent le chemin de la craie pour créer un dessin harmonieux. Mais l'éphémère, n'est-ce pas réduire un moment à la seule durée de son existence ? Car bien que les pièces de Nino d'Introna soient éphémères, car d'une durée d'environ 60 minutes, elles perdurent dans le temps et prennent une place dans notre mémoire, certaines pour quelques semaines, d'autres dont des bribes restent à jamais. Le parcours de Nino d'Introna représente 10 années. Et après décembre 2014, date officielle de son départ, nous y repenserons encore. Nous repenserons à cette soirée, à ces yeux pleins d'énergie et d'amour, à cette main, encadrée par des faisceaux de lumières. Ce jeudi 11 septembre, deux passions communes nous réunissait : le théâtre et le bonheur de partager.

    Merci Monsieur d'Introna pour le merveilleux travail que vous avez fourni.

    Merci pour ces beaux souvenirs et ceux que vous me réservez encore jusqu'à décembre 2014.

     

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    Portrait de Cyrille Sabatier

  • Lucrèce Borgia au Théâtre des Célestins

     

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    Lucrèce Borgia. Italienne redoutable, dont le piédestal est juché sur un amas de cadavres exécutés pour mieux régner. Le sang que fait couler cette femme glaciale en devient la couleur de son habit royal. Une femme démoniaque, mais dont la fragile part d'humanité renaît sous nos yeux lorsqu'elle retrouve au carnaval de Venise, après vingt années de séparation, son fils eu d'une union incestueuse.

     

    Une femme. Un jeune homme. Un sol en damier, scène de tous les crimes et de tous les pêchés.

    La pièce débute par six hommes, crachant sur le nom et le destin des Borgia. Ou plutôt cinq hommes, l'un étant endormi à l'ombre de la terrasse. Cette première scène nous plonge d'emblée dans le quotidien du groupe de soldats, tant qu'on en deviendrait complice, acquiescant leurs véhémentes paroles. Et soudain, l'homme assoupi auquel on ne prêtait plus attention devient le sujet principal de la pièce. Pourquoi, une fois les soldats partis, Lucrèce Borgia en escale à Venise, est prise d'un haut le cœur poignant en découvrant le jeune Gennaro, en plein cœur de la ville ? Pourquoi se penche-t-elle, de tout son corps tremblant, sur ce minois d'adolescent, jusqu'à poser ses lèvres monstrueuses sur sa joue innocente ? Serait-ce sa prochaine proie ? Un secret hante alors cette pièce.

    Les Célestins nous dépeignent l'amour d'une mère emprise d'une animosité féroce. Elle est torturée par ces retrouvailles, et ne peut s'en cacher auprès de son mari qui croit alors qu'elle lui est infidèle. La lutte intérieure se retrouve également dans le personnage de Gennaro : que lui veut cette femme, magnifique, qui porte le terrible nom de Borgia ? Pourquoi le protéger alors qu'il la fuit comme la peste ? La pièce fait interagir des personnages torturés avec des personnages cyniques aux répliques amusantes afin d'alléger la trame dramatique qui pèse sur scène. Ainsi, Gubetta, un espion de la reine qui prend l'allure d'un soldat vieillissant auprès de ses jeunes compères nous permet de lier les situations représentées avec le contexte, légèrement caricatural, de l’Italie du XIXème siècle : "Il y a deux choses qu'il n'est pas aisé de trouver sous le ciel ; c'est un Italien sans poignard, et une Italienne sans amant.", ou encore ",le diable en sait plus que monsieur de Valentinois,et le pape Alexandre VI en sait plus que le diable.". Il nous permet d'affronter l'atrocité et l'angoisse portées par les personnages principaux.

    La comédienne Nathalie Richard incarne, et ce dès la première scène, la mort flottant au dessus de l'Italie gouvernée par cette même entité. Nous y découvrons une mort maligne, jouant de ses charmes auprès de son époux, une mort vengeresse lorsqu'elle condamne les cinq soldats pour avoir souillé sa personne, une mort qui entrevoit un semblant de justice auprès de Gennaro. Tant que Lucrèce Borgia est sur scène, la mort est sur tous les fronts. Et peut surgir d'une main autrefois pure et vaillante.

    La lumière, les comédiens, le décor, tout est mise en scène dans une harmonie somptueuse. Nous sommes plongés dans les entrailles de Ferrare, tant dans le figuré que dans les faits. La pièce durant 2h35, une entracte fut de mise. A mon goût, il aurait été préférable de ne pas en mettre, car le troisième acte contient tellement de scènes importantes que nous n'avons le temps de souffler, encore déconcentrés par la lumière du jour des quelques minutes auparavant. Mais la pièce en elle-même a été magnifiée par ce théâtre dont on ne fait plus la renommée.

     

     

    Lucrèce Borgia, au théâtre des Célestins du 16 au 25 mai 2014