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  • Run, boy, Run ou Le garçon qui ne voulait pas partir

    J'ai jamais trop compris pourquoi les balafres restaient à vie. Pourtant on en bouffe des coups, à longueur de journée, à chaque minute. Il devrait y avoir une durée limitée pour nos cicatrices, hey toi, petite glissade au bord d'une piscine, qui aura laissé un peu de sang dans cette marre bleue aseptisée, tu ne crois pas que tu devrais laissé la place aux coups de ces trois monsieur, pour qui un regard et un portable étiqueté valaient ces bleus et ces blessures peu distinguées ? 

    Je recommence.
    Je vis dans un pays où il y a la guerre. Non. Je vis dans un pays où l'on se fait la guerre. Dans un pays où la protection côtoie la soumission, bouchez-vous les oreilles nom de Dieu, vous pourriez trop en entendre, vous pourriez trop penser. On pense protéger ma jeunesse mais on l'enrôle dans une corruption dégoulinante de faux-semblants. Et moi je ne vois pas le mal, on me plaque des marques sur la peau, on me pare de bons sentiments, et de mes yeux écarquillés d'enfants, je vois un monde qu'on me dessine. "Cours, garçon, cours", j'ai cette phrase qui résonne dans ma tête, qui gonfle mes veines à m'en rendre nerveux, "Cours, garçon, cours", mais je suis bien, moi, avec Titi et Grosminet, mes deux tortues, je voudrais rester rien que pour avoir encore l'espoir de voir la mer. Tout se confond dans ma tête, je suis nulle part, n'imaginez pas mon pays, il ne ressemble à aucun autre, il n'a pas d'immeuble il n'a que des écrans, il n'a pas de rues il n'y a que des passants. Errant, rouillant, comme leurs membres mécaniques qu'ils ont à la place de la chair. Tout fait de câbles et de petits tuyaux, seule leur tête ressemble à celle des Hommes, comme pour vous faire croire sous leur costume qu'il sont comme vous. Au moins eux n'ont pas de cicatrices. A la moindre collision, tout est réparé. Mais moi elles sont là, pour me rappeler mes erreurs, mon passé, pour me rappeler que je suis fais de sang, de nerfs, que je suis trop agité. 
    "Cours, garçon, cours". Aujourd'hui, en me réveillant, j'ai senti mes jambes grincer.

  • Une famille à louer de Jean-Pierre Améris

    Dans la même lignée des Émotifs Anonymes, qui traversait la vie de deux âmes ébranlées hyperémotives, nous rencontrons Paul-André, un homme riche qui veut connaître la vie de famille qu'il n'a jamais eu. Son idée ? Aider Violette, mère de famille endettée énergique et volontaire. Au fil des maladresses commises par ce cinquantenaire catastrophiste et en grande détresse émotionnelle, se dessine une relation de complémentarité, qui distance l'aspect contractuel de leur premier échange. De nature angoissée aux bords de la maniaquerie, Jean-Pierre Améris livre à travers ses deux personnages les déboires sentimentales et sociales des personnes en marge du moule lambda, auxquelles il a pu se confronter dans sa vie d'homme et dans la place qu'il occupait pour ses proches. 

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    Tout en gardant une certaine pudeur sur les sentiments, Jean-Pierre Améris signe une comédie romantique, de deux individus aux antipodes mais généreux l'un envers l'autre. Une famille à louer nous fait rire, mais aussi réfléchir, en dépeignant un tableau de famille atypique qui se veut classique dans ses procédés : qui sommes-nous dans la tête de ceux avec qui l'on grandit ? pour les uns nous sommes l'intello, pour les autres la dévergondée. Cette complicité subtile qui va lier Violette et Paul-André va leur permettre de se défaire de leurs chaines, de la case qu'on leur avait assigné. Ils prennent le risque de se découvrir plus sincèrement, sur le fil de la fantaisie et du drame. Dans cet attendrissant chaos familial se créé un petit monde sensible.

    Le réalisateur a privilégié une comédie travaillée, tant sur les cadres que sur l'écriture, dans laquelle l'histoire prime sur les successions de bouffonneries pour rassurer le spectateur sur le genre qu'il a choisit. Il s'oriente sur une comédie "joie de vivre", tout en parlant de maux, qu'il connaît bien, que l'on peut développer dans une famille ou plus largement une société qui, sinon que de concorder avec notre personnalité, ne comprend pas toujours nos différences. Un souffle libertaire pour les deux protagonistes sur l'écran, et une petite satisfaction pour celui qui occupe les sièges de voir que les comédies françaises ne sont pas réductibles aux gags lourds et franchouillards ou aux bons sentiments. 

     

    Une famille à louer, juin 2015

  • La nouvelle dynamique du TNG

     

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    Dans un élan de renouveau perpétuel, le Théâtre Nouvel Génération ouvre pour sa nouvelle saison les portes du contemporain. Il imagine demain et invite un public dès 18 mois à toucher à l'univers fantasque et sans limite du théâtre. 
    Ses nouvelles optiques ? Il prolonge une vision intergénérationnelle déjà inscrite dans son oeuvre globale. Comme avancé précédemment, le TNG accueillera dans son antre populaire, puisque accessible pour tout âge et tout budget, des compagnies aux arts et aux méthodes innovantes décidées à éveiller l'imaginaire de son public. Le TNG a donc plus que jamais à cœur de toucher des familles en les immergeant dans une pratique singulière et participative du théâtre. Son maître mot : casser les codes. L'écriture numérique va d'ailleurs être de plus en plus considérée, en terme de regards, d'opinions, d'orientations. La génération Y va pouvoir participer à cette dynamique, et enrichir de surcroît la pluralité des profils de centre d'art dramatique.

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    À cet entremêlement des âges se noue celui du nouveau directeur artistique et général Joris Mathieu, 38 ans, qui succède la plume sensible et confirmée de Nino d'Introna, 60 ans. Une génération de plus, de moins, qui n'a pas grand intérêt à être souligné mais qui appuie un renouveau interne comme externe.

    Les optiques du TNG sont enfin conniventes à la mutation globale de la ville de Lyon, dont l'émergence culturelle ouvre des pistes de création. La mutualisation des théâtres dans la métropole va apporter un atout supplémentaire à la structure pour qu'elle rayonne davantage. Cette dynamique offrira nous l'espérons une reconnaissance méritée, en vue de sa capacité à nous garantir des manifestations qualitatives et originales : Les excellents Quand on parle du loup, La maison près du lac, Macbeth, La carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi des dernières saisons nous mettent l'eau à la bouche quant à ce qu'il nous concocte pour la rentrée.

    De nouvelles envies, une nouvelle direction, de nouvelles perspectives et une nouvelle identité visuelle, le TNG met plus que jamais un pas assuré dans le contemporain et dans l'avenir.