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  • Conditions - l'histoire

    Toc toc

    "- Oui ? Entrez.

    - Bonjour, je peux ? Bafouilla Matthias, de sa voix ironiquement roque.

    - Non."

    Et là, tout s'écroule. Le refus quand il s'agit d'un "oui" régulier et mécanique. Comment réagir ? Ça lui avait pris aux tripes. Une longue coulée de salive chaude amère et vomitive torturait l’œsophage de Matthias, dans le couloir de la vie, dans cet infime espace d'où jaillit le son. Une traînée d'eau buccale qui pourrit la paroi qu'elle longe, dans un silence et une lenteur inhumaine.  

    Et cela en quatre seconde et vingt-sept centièmes.

    - "Je plaisante, repris la voix féminine qui avait provoqué ce désastre, rentre, évidemment."

    Elle afficha un sourire de bienveillance. En fait, elle aussi était passée par là : les entretiens, les démarches par centaines, appeler des numéros quelconques croisés au détour d'une page d'offres d'emplois, les plus grisants et pathétiques les uns que les autres. Elle aussi avait dû apprendre à se construire, à assembler, refus comme ouvertures, les instants où l'on se vend soi-même. Elle avait appris à tisser les échecs entre eux pour couvrir son assurance dans les instants utopiques de sa vie. Car pour être ce qu'elle est devenue, il ne fallait pas jouer dans l’auto-congratulation. Il fallait souffrir, jusqu'en développer un plaisir masochiste, pour pouvoir avancer.  

  • On the road

    Mon départ à l'étranger gèlent momentanément les critiques du blog. Elles reviendront dès la rentrée, qui sera riche en projets et en découvertes culturelles. 

    Je ne m'arrête pas pour autant d'écrire ! Textes, essais, histoires courtes viendront occuper le site pendant mon absence.

    Bel été à vous.

    Clara Passeron

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  • Vice-Versa des studios Pixar

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    A la vue des critiques laudatives qui prolifèrent depuis la sortie de ce dernier Pixar, ma curiosité a gagné le combat contre cette déferlante médiatique qui considère presque déjà Vice-Versa (ou Inside Out) comme le meilleur Pixar jamais réalisé. Lorsque l'enchantement autour d'un film est quasi unanime, nous le plaçons indéniablement sur un sommet, battit d'ingéniosité et de créativité. Mais le risque de cette sur-estimation s'est révélé à la fin de cette ribambelle d'actions cocasses mais pourtant creuses. Vice-Versa séduisait par un projet des plus ambitieux : après avoir pensé les émotions de nos jouets d'enfants, de notre poisson de compagnie, de nos véhicules ou encore du monstre dans notre placard, il s'intéresse aux émotions DE nos émotions. Et la triste ironie est qu'il ne s'en développe aucune. Ce qui pourrait être de la compassion pour cette jeune fille, qui déménage et quitte prématurément le berceau de son enfance, relève d'avantage d'une indifférence grandit par un ennui post-découverte. Le scénario s'étire difficilement sur tout le film, rebondit par quelques scènes d'"action", qui le meuble plutôt que de le dynamiser. La matérialisation du monde de Riley, 11 ans, qui s'écroule par des îlots aux diverses caractéristiques est la trouvaille fine qui permet un mouvement aux émotions personnifiées que nous suivons. Étrange de voir que même si les effets et le travail sont là, la magie n'opère pas. A ce que l'action était aux Indestructibles, l'émotions à Là-haut et la sensibilité à WALL-E, Vice-Versa se perd dans plusieurs de ces terrains.

    On découvre, on s'émerveille, on regarde, on se lasse. Peut-être faudra-t-il emprunter un peu d'absurdité aux anciens pour relever la sauce du prochain long-métrage ? Même si l'originalité est appréciable, seul le petit grain de folie peut bouleverser l'écran, car quand il y a folie il y a surprise. Et qu'enfin l'enfant qui est en nous éclate plutôt que de subir les déboires fragilisées d'un tendre compère. 

     

    Vice-versa, juin 2015