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  • Adieu et à demain

    Dis-moi que tu as froid

    que tu veux reprendre un café

    dans ce bar glauque de ce quartier mal famé

    Qu'on s'en moque de tous ces gens qui nous regardent du coin des yeux 

    Toi avec tes mitaines trouées et ton rire d'enfant simplet

    De mes mains frigorifiées aux phalanges teintées de bleu

     

    Dis-moi que tu es bien

    Assis seul au comptoir

    N'ayant pour compagne qu'une bière un peu trop fade

    Que tu te languies de nos conversations sur le JT du soir 

    Dérivant sur la voisine du coin et de son miteux chat noir

    et que nous nous quittons, enfin, sans un regard

     

    Dis-moi simplement que tu joues avec moi

    Que tu te plais tellement dans cette cour de récrée 

    A demander la main à ta Juliette préférée 

    Sur cette table tâchée que tu prends pour estrade

    Lui promettre une nouvelle vie, du sable pleins les poches

    et lui offrir en guise de bague une paille repliée

     

    Dis-moi que tu ne veux plus me voir

    Que je resterai pour toi ce souvenir d'innocence

    Qu'ensemble, une fois, nous rêvions d'user pleins d'essence

    Depuis notre voiture cartonnée d'une enseigne suédoise

    Qu'après tout les espoirs sont fait pour s'essouffler

    A quoi bon les retenir s'ils persistent à se décrocher

    de ce faux décors griffonné sur une ardoise

     

    Dis-moi que tu es las et extirpe-moi la pareille 

    Jurant, tenant ta croix, que tu me voyais vieille

    Assise à tes côtés sur ces banquettes usées

    et dis-moi, enfin, que tu m'as oublié.

     

    Adieu, et à demain.

  • Pourvu que ça chante !

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    Deuxième apparition de la pièce La Carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi au TNG. Forte d'un élan de critiques positives au cours de la saison 2013-2014, M. D'Introna a voulu donner un second éclat à ce spectacle aux allures de cabaret.

    "Sur scène, nous sommes neuf comédiens dont un squelette" ces mots prononcés par l'un des membres de La Compagnie des Gentils à l'ouverture de la saison 2014 ont d'emblée donné le ton de la pièce : loufoque, chaleureuse, enivrante, unique. Déjà installée sur le bord du plateau avec la carriole recouverte d'un long drap, la troupe nous accueille et nous fait patienter de manière ludique et originale. Les lumières s'éteignent. La carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi nous est enfin révélée : un décor de bric et de broc semblant être la dissection d'une caravane de vagabond. Et parmi ce fouillis organisé, un squelette, sur une chaise, comme s'il s'était éteint la veille et qu'une brise hivernale lui avait dérobé la peau.

    Monsieur Vivaldi, homme singulier aux abords de la folie, n'a eu pour compagnon de fortune que son unique carnet dans lequel il griffonnait tantôt des chansons, tantôt ses états d'âmes au fil des saisons. Sur la couverture, une inscription : "Pourvu que ça chante".

    Nous suivons la vie d'un groupe de jeunes gens complètement déjantés qui décident de faire revivre le squelette en respectant sa toute dernière requête : "Ne m'enterrez pas tant qu'il reste de l'espoir". Ils vont de villes en villes pour insuffler au monde entier un élan d'optimisme et de joie de vivre.

     

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    Le répertoire du carnet de Monsieur Vivaldi est un mélange aussi désordonné que sa carriole : Fernandel, Luis Mariano, Ray Ventura, Annie Cordy, et tant d'autres partagent avec le squelette une renaissance contemporaine par des accords et des mélodies retravaillées qui se suivent et ne se ressemblent pas. Les saisons passent, Monsieur Vivaldi connait l'amour, la folie, la crise, l'alcoolisme, et chacun de ces thèmes sont adroitement abordés par ces chanteurs-comédiens dont le talent déborde du plateau. Mieux, ils viennent à notre rencontre en nous baisant la joue pour la Chanson des Baisers ou en surgissant de la porte arrière de la salle en costume d'italien fou furieux. Le spectacle excelle par tous ces rebondissements : La Compagnie des Gentils a l'art de captiver petits et grands en maniant un humour dérisoire et subtil pour les plus grands. S'il y avait un mot pour résumer cette énergie communicative, ce serait l'audace : oser parler de la crise sur un air jovial et candide, oser souiller nos souvenirs d'enfance en transformant le Petit Chaperon Rouge en une blonde écervelée en tenue légère et provocatrice, oser se moquer des amoureux du bar. La pièce vit, et honore ainsi le testament de ce charmant squelette au chapeau haut de forme qui semble suivre avec attention le parcours de ces jeunes gens.

    Accompagnée de mon grand-père et assise à côté d'une fillette, j'ai pu constater tout au long de cette heure trente le pouvoir de rassembler toutes les générations du public. Cette carte maitresse redore l'histoire du TNG : il est intergénérationnel.

    Le spectacle ne pouvait se finir sans une standing ovation méritée.

     

    La Carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi, au TNG jusqu'au 19 octobre

  • Fleurir leur avenir ! Cinquantenaire de l'UNICEF

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    Pour son cinquantième anniversaire et à l'occasion des 25 ans de la convention de droits de l'enfant, l'association UNICEF connue pour ses actions humanitaires mondiales a réunit bénévoles et comédiens autour d'un projet ambitieux : créer une pièce retraçant par multiples manières les droits de l'enfant portée par le titre "Fleurir leur avenir !".

    C'est dans la salle Pierre Garcin que s'est déroulé cet événement ce dimanche 5 octobre. Lorsque nous passons le pas de la porte, nous sommes accueillis par des sourires, une véritable chaleur humaine se dégage qui contraste avec la grisaille automnale. Habituée aux représentations théâtrales lyonnaises, des classiques littéraires aux créations contemporaines, je n'avais jamais eu l'occasion d'assister à une œuvre abordant le domaine social et juridique. Les droits de l'enfant, une notion abstraite ? Les troupes de l'Art-scenic, Les Hot'antiques et l'Ecole de musique d'Ecully nous prouvent le contraire à travers des textes, des histoires, des chants, et nous font porter un regard attentif sur cette réalité qui concerne les enfants de toute origine.
    Sur scène, un enfant symbolise chaque continent et s'insurge de situations géoplotiques ou économiques avec ses mots à lui, rêvant d'une liberté concrète et non plus faite d'acier comme la statue aux portes de New-York ou celle que l'on trouve dans la devise française. Des enfants à qui on ôte le droit de l'insouciance, de la sécurité, de l'amour même, au profit d'un travail de forcené. Si l'UNICEF a voulu nous réunir aujourd'hui autour de cette cause sensible, ce n'est pas par soucis de morale mais pour tenter de faire naitre en nous un regard différent, qui ne se pose pas sur notre confort personnel mais sur ces enfants, qui s'apprêtent à ne plus espérer à une vie heureuse, qui trompent leur faim par un bouton de chemise. Aider l'autre, c'est d'abord prendre conscience qu'il existe.
    La pièce de l'UNICEF s'éloigne des clichés d'un monde qui n'attend que nous pour être parfait et ne prêche pas la bonne morale. Au contraire, elle s'alimente de l'émotion croissante du public face à la pureté des jeunes comédiens, avoisinants probablement une dizaine d'années, que l'on sent plein de volonté et d'ambition pour redonner un sourire à ceux qui n'en n'ont plus.
    L'UNICEF a réussi le pari de développer une conscience collective en chacun de nous, de rompre avec l'individualisme croissant et la crise économique. En ces temps incertains, il faut pouvoir penser aux choses simples, comme l'échange et le contact avec l'autre, ayant une culture similaire ou différente de la notre. N'est-ce pas en effet par la différence que nous nous grandissons ? Fleurir leur avenir sème donc en nous une idée à cultiver tous les jours : "c'est possible".

    Je voulais remercier l'UNICEF pour cet événement nouveau, reflet de leurs actions quotidiennes en faveur des droits pour tous. L'émotion a été au rendez-vous, et particulièrement lors des quelques mots du président de l'UNICEF Rhône Monsieur Thierry Saudejaud et de Madame Anne Kravz-tarnavsky, créatrice de la pièce. Le plaisir de monter ce spectacle fut à la hauteur du plaisir que nous avons eu à le regarder. Bravo à toute l'équipe, et à bientôt.