Dis-moi que tu as froid
que tu veux reprendre un café
dans ce bar glauque de ce quartier mal famé
Qu'on s'en moque de tous ces gens qui nous regardent du coin des yeux
Toi avec tes mitaines trouées et ton rire d'enfant simplet
De mes mains frigorifiées aux phalanges teintées de bleu
Dis-moi que tu es bien
Assis seul au comptoir
N'ayant pour compagne qu'une bière un peu trop fade
Que tu te languies de nos conversations sur le JT du soir
Dérivant sur la voisine du coin et de son miteux chat noir
et que nous nous quittons, enfin, sans un regard
Dis-moi simplement que tu joues avec moi
Que tu te plais tellement dans cette cour de récrée
A demander la main à ta Juliette préférée
Sur cette table tâchée que tu prends pour estrade
Lui promettre une nouvelle vie, du sable pleins les poches
et lui offrir en guise de bague une paille repliée
Dis-moi que tu ne veux plus me voir
Que je resterai pour toi ce souvenir d'innocence
Qu'ensemble, une fois, nous rêvions d'user pleins d'essence
Depuis notre voiture cartonnée d'une enseigne suédoise
Qu'après tout les espoirs sont fait pour s'essouffler
A quoi bon les retenir s'ils persistent à se décrocher
de ce faux décors griffonné sur une ardoise
Dis-moi que tu es las et extirpe-moi la pareille
Jurant, tenant ta croix, que tu me voyais vieille
Assise à tes côtés sur ces banquettes usées
et dis-moi, enfin, que tu m'as oublié.
Adieu, et à demain.