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MAC de Lyon

  • Erró - Retrospective au MAC

    Erró nous offre un éventail coloré de ses œuvres, réalisées à partir des années 50, dont les couleurs, le ton, le style, le format et l'écriture sont tellement variés que nous avons l'impression de découvrir à chaque pièce un nouvel artiste. 

    Les couleurs criardes se mêlent, parfois dans la même peinture, aux couleurs pastels, qui suggèrent le combat perpétuel entre tradition et modernisme. La première est symbolisée par des personnages japonais, aux visages poudrés et parés de vêtements délicatement brodés. L'artiste Islandais prend parti dans chacune de ses œuvres, en choisissant tantôt des peintures douces/amères, tantôt la provocation. Il semble alors dénigrer l'américanisation de l'art, et toute la tragédie marketing qui en découle depuis ses débuts artistiques. 

    On devine alors un regard méprisant sur son époque, dans laquelle la beauté pure est effacée par les sex bomb (expression qui figurera dans une de ses œuvres) aux formes sulfureuses des jeux vidéos et des starlettes modernes. L'artiste Islandais s'approprie la quasi totalité des mouvements picturaux : Picasso, Dali, Botticelli, Van Gogh, De Vinci, les cartoons, le pop art. Les jeux d'ombres nous oriente vers ce à quoi il attache plus d'importance et de considération, et donc de travail. L'artiste s'insurge particulièrement sur Atom Pantins, une série de personnages cadavériques qui se battent, se mangeraient presque. La loi du plus fort ? Une humanité qui se perd ? Les personnages sont asexués ce qui donne une ampleur au phénomène, à cette machine industrielle qui nous lobotomise et nous fait acheter ce dont on ne veut pas, nous fait rêver de ce que l'on n'aura jamais. Cette machine remplace petit à petit l'anatomie de l'homme : la standardiste devient sa propre machine à écrire, l'un ne va plus sans l'autre. Ce n'est plus l'homme qui contrôle le mouvement mais la technologie, qui le traîne en laisse jusqu'à l'aliénation. 

    Erró superpose les clichés des années 60 avec les faiseurs de scandales, les politiciens, les petits travailleurs, les bambins, même, car pour l'artiste tout le monde est dans le même sac de l'hypocrisie, des faux semblants, du paraître et de la manipulation. Pire, nous faisons de nos enfants les consommateurs de demain. Naître dans cette société c'est déjà faire partit de ces truands. La pop culture que l'on nous promettait en tête d'affiche ne se révèle être que la partie visible de l'iceberg, laissant même supposer que l'exposition est un piège, un appas pour amener ses amateurs à développer une vision différente de cet art capitalisé. Il semble nous siffloter à l'oreille : "Regardez ce qu'il se trame dans votre dos pendant que vous pensez réellement vous cultiver, vous n'êtes qu'un maillon de la chaîne capitaliste". Erró ne cesse de se référer au nazisme, pour nous rendre compte que l'art se trouve dans la même impasse totalitaire.

    L'artiste, loin de toute prétention, nous subjugue par des œuvres qui frappent par leur beauté et par leurs double sens. Une exposition qui ne peut se faire en moins de 2 heures car chaque pièce nous initie à de nouvelle réflexions sur notre époque et son devenir. 

     

    Jusqu'au 22 février au MAC - Cité internationale

  • Motopoétique au MAC de Lyon

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    La liberté est universelle. Et la recherche de cette sensation l'est aussi. Le MAC de Lyon présente une exposition centrée exclusivement sur la moto. Elle nous initie, que l'on soit simple amateur ou converti, à un univers sensible et poétique.

     

    Nous découvrons les entrailles de cet objet de culte dès le premier plateau d'exposition, disposées sur une table telle une salle opératoire. Nous parcourons sur trois étages les clichés et les expériences d'une série de personnes à travers différentes parties du globe, ayant comme point commun un fort attrait pour ce véhicule à deux roues.Nous sommes alors amenés au coeur du sujet et ce dès les premiers pas.

    Tout au long de l'exposition, nous voyons comment les différents artistes ont cherché à sublimer par touches personnelles tout ce qui se rapporte à la moto. Oeuvres tantôt prosaiques, avec des accessoires tels que les casques, les gants, les gilets, mais dans un décor toujours recherché. Tantôt aériennes par des vidéos hors des contraintes spatio-temporelles, en décalage avec le monde extérieur : une fois cramponné aux guidons d'une moto, l'homme est coupé de la réalité, du monde, de ses différences, et ne forme qu'un avec le paysage. En groupe, l'unité est la même. 

     

    Motopoétique aborde également d'autres sujets liés à ce domaine, tels que le type de la pin-up, jeune femme légèrement vêtue, qui devient le fantasme collectif de toute une génération de motards. On retrouve cela dans l'aviation des années 40 avec le noze art. Mais la moto, c'est également se soucier des autres, partir à l'aventure, s'oublier, tester ses limites, les enfreindre parfois. Il y a une vidéo des plus symbolique qui met parallèlement en scène un groupe de chanteurs de gospel afro américains et une femme sur une moto dans le désert. L'unité est de retour, retranscrite par des chanteurs en choeur et par cette personne qui se lie avec le sable qui frotte sur sa moto, de la force de leur voix et de la puissance du moteur, de ce sentiment que l'espace d'un instant, d'une minute, d'une heure, ils sont en vie.

     

    Motopoétique porte admirablement bien son nom. L'exposition définit l'art de s'échapper, de prendre la route, au sens propre ou en tant que conviction morale, en créant un univers autour d'un moyen de transport pour certains, et d'un art de vivre pour d'autres.