La liberté est universelle. Et la recherche de cette sensation l'est aussi. Le MAC de Lyon présente une exposition centrée exclusivement sur la moto. Elle nous initie, que l'on soit simple amateur ou converti, à un univers sensible et poétique.
Nous découvrons les entrailles de cet objet de culte dès le premier plateau d'exposition, disposées sur une table telle une salle opératoire. Nous parcourons sur trois étages les clichés et les expériences d'une série de personnes à travers différentes parties du globe, ayant comme point commun un fort attrait pour ce véhicule à deux roues.Nous sommes alors amenés au coeur du sujet et ce dès les premiers pas.
Tout au long de l'exposition, nous voyons comment les différents artistes ont cherché à sublimer par touches personnelles tout ce qui se rapporte à la moto. Oeuvres tantôt prosaiques, avec des accessoires tels que les casques, les gants, les gilets, mais dans un décor toujours recherché. Tantôt aériennes par des vidéos hors des contraintes spatio-temporelles, en décalage avec le monde extérieur : une fois cramponné aux guidons d'une moto, l'homme est coupé de la réalité, du monde, de ses différences, et ne forme qu'un avec le paysage. En groupe, l'unité est la même.
Motopoétique aborde également d'autres sujets liés à ce domaine, tels que le type de la pin-up, jeune femme légèrement vêtue, qui devient le fantasme collectif de toute une génération de motards. On retrouve cela dans l'aviation des années 40 avec le noze art. Mais la moto, c'est également se soucier des autres, partir à l'aventure, s'oublier, tester ses limites, les enfreindre parfois. Il y a une vidéo des plus symbolique qui met parallèlement en scène un groupe de chanteurs de gospel afro américains et une femme sur une moto dans le désert. L'unité est de retour, retranscrite par des chanteurs en choeur et par cette personne qui se lie avec le sable qui frotte sur sa moto, de la force de leur voix et de la puissance du moteur, de ce sentiment que l'espace d'un instant, d'une minute, d'une heure, ils sont en vie.
Motopoétique porte admirablement bien son nom. L'exposition définit l'art de s'échapper, de prendre la route, au sens propre ou en tant que conviction morale, en créant un univers autour d'un moyen de transport pour certains, et d'un art de vivre pour d'autres.