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Voyage - Page 3

  • Omaha Beach

    Une ancienne plage de débarquement remplie de faux débris historiques, puisque retapés pour la gloire touristique. Lorsque nous longeons Omaha Beach, nous arrivons à prendre ce genre de clichés, qui glorifient une beauté rustique et naturelle. Capturer avec son smartphone dernière génération et s'improviser photographe du dimanche qui aime, sinon que de le croire intimement, laissé paraître qu'il est une âme sensible et cultivée, est devenue l'apanage de ces déserts de sens. Il est donc devenu parfaitement anodin de croiser, au détour d'un lieu au sombre passé, des troupes de touristes et des pancartes informatives aux langues internationales. Si la photographie d'un tank, qui recueillait des soldats entre la vie et la mort pour leur nation chérie et amnésique, rend cette expédition unique, c'est qu'ils ont réussi leur pari et nourri artificiellement les vaches maigres, normandes. Photographier au lieu d'y songer. Voir à travers 10 méga pixels pour ne plus s'arrêter, piégés par les aiguilles infernales. Ne plus l'imprimer dans nos mémoires, ne plus même l'imprimer sur du papier. Il ne manquerait plus que les œuvres dans les musées soient photographiées pour vite passer à autre chose et rejoindre Alice au café d'à côté. C'est l'engrenage huilé de nos têtes pensantes et vénales qui ne nous donnent même plus le temps de nous arrêter.

    Pour une beauté capitalisée.

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  • Vivre 2 mois à Barcelone : le bilan

    Novembre 2013, une liste légèrement froissée se promène dans la classe. Le titre ? "Postuler pour un stage à l'étranger". Hésitante, je décide pourtant d'inscrire ma candidature. Courant 2014, suite à quelques entretiens, l'équipe enseignante de mon BTS communication m'offre la chance de faire un stage dans une boite internationale en plein cœur de Barcelone. "Super !" pensais-je immédiatement, d'autant plus que cette ville fut l'objet de nombreuses escales estivales, me familiarisant d'ors et déjà avec le terrain. Mais l'engouement envolé, un flot de questions se sont mélangées dans ma tête : où allais-je vivre ? Avec quel argent ? Comment faire s'ils ne me comprennent pas, avec mon espagnol hésitant ? Et le plus redouté : comment vivre deux mois, coupée de tout contact avec mes proches. Car le soleil, la mer, les musées, les excursions, sont des moments agréables lorsqu'ils sont partagés (confère la note de Supertramp dans Into the Wild "Le bonheur n'est réel que lorsqu'il est partagé" mais la solitude noircissait tous ces projets alléchants. J'étais alors coincée sur un pont chancelant entre la sécurité et l'expérience inconnue.

    J'ai décidé de partir, début juin 2014. Arrivée plaza Cataluna, je me retrouve face à une circulation abondant, des touristes en masse, des habitants, des jeunes qui discutent autour d'un café, une vielle dame qui achète un ticket de loterie dans une des petites cabines de la place où une maigre personne, coincée dans ce qui pourrait être une cabine téléphonique, vend des jeux de grattages. Et là, parmi ce chahut déroutant, m'attend une charmante quadragénaire du nom d'Emi qui me loue une chambre durant les semaines à venir.

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    En franchissant le seuil de l'appartement, je croise avec plaisir une jeune fille énergique de mon âge, qui m’assomme jovialement de questions avec la rapidité d'un TGV Lyon/Paris. A la vue de ma bouche béante, elle reprend, plus doucement, en articulant d'un ton presque scolaire. Mais je sens que je vais me plaire ici. 

    Il est étonnant de voir comment une ville diffère de nos souvenirs de plaisancier lorsqu'on vit sous le rythme métro, boulot, dodo. Les personnes sont plus accessibles et me considèrent presque comme une barcelonaise. Lorsque je me pose dans un café, en attendant des collègues ou en reposant mes jambes d'acheteuse compulsive, la personne tenant le bar vient me faire la discussion, pensant que je suis du quartier. J'en viens même à indiquer aux touristes les routes à prendre pour rejoindre le site qu'ils s'efforcent à chercher sur une carte probablement à l'envers. Je réponds aux sourires de dames âgées à qui je laisse ma place dans ces wagons trop petits et en vient à faire la discussion avec des anglais dans les boites de nuits que je fréquente avec les étudiants de mon école. Barcelone est une ville ouverte sur le monde, mais dont on ne sent pas chez ses habitants une saturation amère envers les touristes qui affluent et freinent le passage des grandes avenues. La richesse de leur culture m'a ouvert un peu plus les yeux sur ces personnes au quotidien très simple, dont on peine à deviner la conjoncture économique actuelle et le salaire minimum de 700 €, ces familles qui se réunissent autour d'une table de restaurant à n'importe quelle heure de la journée pour le plaisir d'être ensemble, à ces femmes qui assument leur féminité et leurs formes qui jureraient dans un magazine de mode prônant le luxe et la taille 34, à ces hommes qui ne détournent pas les yeux sur chaque fessier rencontré mais qui osent parfois un sourire timide ou nous aborde gentiment en boite de nuit, tandis que les touristes s'engagent dans des approches pesantes. Je suis heureuse d'avoir dit oui, oui à ce pas vers l'inconnu, oui à ce stage qui m'a appris comment tenir une entreprise en côtoyant ses créateurs et dirigeants, et à vivre avec la différence culturelle, et c'est émue que je rédige ces quelques lignes en projetant déjà de revenir dans cette capitale au coeur débordant de sympathie. Et le plaisir sera d'autant plus fort qu'il sera cette fois partagé avec les gens d'ici.

     

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