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Culture - Page 24

  • Mort d'un commis voyageur aux Célestins

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    La pièce nous présente une famille, des plus ordinaires : un homme, une femme, deux fils, un adultère, une rivalité fraternelle, et des secrets.

     

    Cette pièce d’Arthur Miller semble intemporelle. Nous découvrons l’histoire sombre des membres de la famille Loman à travers les réminiscences mélancoliques d’un homme arrivé au crépuscule de sa vie. Le passé est un temps qui hante cette pièce, baignant l’atmosphère d’une ambiance oppressante. L’ainé, Biff Loman, cherche à détruire tous ces liens qui rattachent sa famille – notamment son père - au passé, de manière parfois virulente : « Tu veux pas les brûler tous ces rêves bidons ? » s’exclame-t-il face à son père. La notion de consumérisme est également approchée. Le couple achète une quantité importante de biens : frigo, aspirateur, toit… Tous condamnés à l’obsolescence. Ce cercle vicieux est à l’image de l’état psychologique de Willy Loman, perdu entre passé, présent, réalité et fiction. Comment chercher à faire retrouver la raison à un proche lorsque celui-ci est déjà piégé dans les soubresauts de ses souvenirs et pense au plus terrible ? Va alors commencer pour la famille Loman une quête de la vérité, de la reconstruction mentale d’un père et d’un homme aimé.  Par un désir profond de reconnaissance, le commis cherche à comprendre comment un homme peut s’inscrire dans les mémoires : «Ben ? Comment t’as fait ? C’est quoi ton secret ? » S’adresse-t-il au fantôme de son frère. Toutes ces choses qu’il n’a pas vécu, qui le rongent désormais, s’enracinent davantage dans son esprit torturé. Les valises qu’il transporte apparaissent alors comme les souvenirs qui pèsent lourdement sur sa conscience : il porte son fardeau.

    Les Célestins ont admirablement retranscrit l’état de folie du protagoniste par le biais des jeux de lumières, des musiques, des costumes. Malgré les quelques longueurs des monologues du personnage principal nous sommes littéralement happés par la trame dramatique de cette pièce. Et ce jusqu’à la scène finale. 

  • Gallienne, le virtuose de la comédie française

     

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    "Les garçons et Guillaume, à table !". Avant même d'entrer dans la salle confinée du cinéma, je sens que l'originalité du titre n'est que l'introduction de ce qui va en découler. Et le miracle agit. Chacune de ces minutes portées par le brillant Guillaume Gallienne s'inscrit dans ce qui pourrait être le meilleur scénario de ces dernières années. Il pose sur écran une question paradoxale et épineuse : comment détourner les appréciations à notre égard alors que nous agissons conformément à ce que l'on attend de nous ? Tantôt sur les planchers du théâtre où la lumière éblouissante remplace le public, tantôt dans des décors richissimes et variés, l'acteur-scénariste nous livre avec émotion sa condition d'homme. Et sa condition de femme. On jubile, on s'esclaffe, on s'attache à ce personnage au parcours des plus atypiques qui l'a mené au métier d'acteur. Et quel autre rôle peut-on mieux interpréter que celui de notre propre vie ? A travers ses doubles - de sa mère, omniprésente, à l'impératrice Sisi - tout aussi hilarants qu'inquiétants pour la santé mentale du jeune homme, nous entrons avec un détachement assuré dans l'intimité de Guillaume Gallienne. Et le plaisir nous retient jusqu'au fermé de rideaux.

    Je vous conseille assurément de vous rendre dans votre cinéma de prédilection afin de découvrir cette dernière pépite française.

     

    Les garçons et Guillaume, à table ! actuellement au cinéma.

  • Miyazaki

     

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    Hayao Miyazaki. Un réalisateur japonais de films d’animation comme il en existe peu. Il réalisa un peu plus d’une vingtaine de « dessin animés » dès la fin des années 1990. Il serait cependant terriblement réducteur de les comparer à de vulgaires animations enfantines. Je privilégierais davantage le mot « œuvre » : ses travaux relèventd’un talent inégalable en Occident. Véritables odes à la vie, au rapport qu’à l’homme avec son égal, les animaux ou les objets qui les entourent, ils véhiculent une sensibilité incroyable. Sous une portée écologique propre à la culture asiatique, Nausicaa et la vallée du vent, Ponyo sur la falaise, Le château dans le ciel, sont les récits de la soif avide de l’homme qui en demande toujours plus au péril de la nature.

    Miyazaki n’écrit pas uniquement pour le public à qui s’adresse généralement les films d’animation. Bien au contraire, les vices de l’homme y sont généralement transposés. Le voyage de Chihiro nous conte le périple d’une jeune fille pleine de malice dans un univers incertain, dans lequel ses parents ne pénétrons jamais car à peine arrivés ils convoitent les garnitures superficielles exposées dès l’entrée de cet étrange bâtiment. A force de s’empiffrer, semblable à la surconsommation qui affecte les pays les plus aisés, ils en deviennent des porcs. Cette scène est assez poignante dans le regard d’un jeune enfant. Le château dans le ciel illustre la folie des dirigeants à convoiter toujours plus que ce qu’ils n’ont, quitte à surpasser sur les frontières terrestres. Celui à qui on destine aux premiers abords le mauvais rôle n’est pas toujours le plus noir à l’intérieur : un sourire de complaisance peut être la façade édulcorée d’une âme monstrueuse. Princesse mononoké se situe dans le même registre que Le voyage de Chihiro, avec la quête éternelle de l’immortalité.

    Il n’y a pas de véritables mots pour décrire les sensations que certains films nous procurent. Ils évoquent pour ma part la nostalgie d’une époque, et les frissons provoqués par une bande son captivante et émouvante. Plusieurs années se sont écoulées depuis, et je ne cesse de répéter que les Miyazaki, père et fils, sont de ceux qui laissent une empreinte cinématographique indélébile sur notre cœur. L’essor considérable des films en 3D m’évertue à penser que je ferai découvrir ces chefs d’œuvres à mes enfants, pour ne pas qu’ils tombent dans l’oubli. Si vous ne devez en retenir que quelques uns, je vous conseille avant tout Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoké, et Le château ambulant. Ce sont de ces rares instants qui nous donnent encore l’illusion que tout est réalisable, et réveille le petit enfant qui sommeille en chacun de nous. 

     

    Ci-joint la bande annonce du Voyage de Chihiro :

    EPcS1O5OOoY

     

    La musique originale du Château dans le Ciel :

    HhL8za8cm7o