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Drame familial

  • Le coeur régulier, de Vanja D'Alcantara

    Après la mort de son frère Nathan, Alice se rend au Japon où ce dernier projetait d'y vivre. En annonçant son décès à sa petite amie japonaise, Alice apprend l’existence d'un homme qui lui aurait sauvé la vie, habitant et surveillant les hautes falaises du littoral, connues par les âmes en peine.

     
    Le cœur régulier est un film particulier. Il n'est pas un spécimen dans sa technique, ni dans son genre, mais plutôt dans le choix d’une maîtrise émotionnelle ascendante qui nous dépasse. Le long-métrage se traverse entre mutisme et esthétisme, silence et méditation, repos de l'esprit et découvertes.

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    Nous suivons pas à pas le deuil d'Alice et sa reconstruction en tant que femme éteinte par la vie. La rencontre avec ce vieil homme, aux allures de sage ébréché, donne à la vie d'Alice de nouvelles couleurs et de nouvelles envies. Nous nous échappons avec elle, nous prenons cette heure trente comme elle prend ces quelques jours, ou semaines, pour s'arrêter. Inspirer. Expirer. Réfléchir. Nous buvons les décors comme des cartes postales en mouvance et imprégnons chaque image dans un espace personnel de recueillement.
    La réalisatrice nous livre un flot pur d'émotions : un silence qui nous touche et une sincérité de l'âme qui colle à la peau d'Isabelle Carré. 
     
    Le cœur régulier, mars 2016
  • Boomerang, le thriller au souffle vendéen

    Les secrets de famille, quoi de plus classique. On se ment gentiment, se pavane subtilement, on refoule le passé si profondément qu'il nous pourrit sans que nous n'y prêtions attention. Dans Boomerang, ce passé se nomme Noirmoutier.

    En retournant sur les lieux de son enfance, Antoine, incarné par Laurent Lafitte, se replonge dans son enfance et celle de sa sœur, Agathe, jouée par Mélanie Laurent. Des bribes floues et illogiques viennent tourmenter son envie d'en savoir plus sur la mort de sa mère, retrouvée noyée il y a trente ans. Pourquoi était-elle de l'autre côté de la rive ? Pourquoi avoir dormi la veille de sa disparition chez les intendants de propriété ? Mais surtout, pourquoi est-ce qu'en évoquer le sujet suscite la contrariété de son père ou de sa grand-mère ?

     

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    Le film se coule sur deux heures d'intrigue, faisant échos à l'attente irritante d'Antoine, et parsème l'indicible vérité gouttes à gouttes, dans une beauté ironique de carte postale. Les non-dits d'il y a trente ans s’actionnent dans ceux d'aujourd'hui, créant une bulle de tensions dont on sent venir l'explosion. Entre destruction d'une entité qui lui est proche et création d'un lien nouveau avec ses deux filles et une nouvelle venue, le film joue entre rebondissements et stabilité. Antoine est coincé entre deux mondes énigmatiques. D'un côté, ce qu'on a bien voulu lui dire, et de l'autre, les éléments qu'il arrive à rassembler pour se rassurer qu'il n'est lui-même pas en train de sombrer dans une paranoïa obsédante.

    François Favrat place dans ce décors incertain ces femmes, au regard et au jugement neutres car trop jeunes ou d'un milieu extérieur, qui vont faire avancer l'intrigue et démêler les fils noués par le temps et les intérêts personnels. C'est dans la seconde partie de film que l'on s'approche d'un thriller façon Fincher, qui révèle tout l'éclat des comédiens, dont celui de Mélanie Laurent, jusque là relayée au titre de second rôle grisâtre.

    Quelques invraisemblances à noter toutefois, où des solutions huilent un peu trop facilement l'engrenage de l'enquête.

    Inspiré du roman de Tatiana de Rosnay, François Favrat réussit le pari d'un long métrage soigné, brut, et ascendant. Boomerang peut se vanter de réactualiser les codes des polars en utilisant juste ce qu'il faut pour amplifier le scénario.

     

    Boomerang, octobre 2015