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Loisirs - Page 3

  • Deadpool, briseur de codes et du quatrième mur

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    Spécimen dans son genre, Deadpool tire une nouvelle case encore jamais explorée de la saga Marvel : celle de l'anti-héro gras et terriblement attachant. Pas du tout moralisateur, il explore l'univers des comics comme on les connait avec les premières têtes X-men, Batman, Spiderman, en le souillant à sa guise de blagues salaces ou des touches scénaristiques inventives et impertinentes, à notre plus grand plaisir.

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    Le long-métrage use et s'amuse de références pop et de l'époque contemporaine en fondant dans un décors mystique un personnage qui nous ressemble. Deadpool est une bouffée d'air frais, un renouveau appréciable face aux blockbusters métalliques et sans âme de ces dernières années. Jamais à court d'idées pour briser le quatrième mur, Deadpool se joue avec nous des méchants et de lui-même, balayant la morale et les protocoles. Une délicieuse indifférence qui sert à son personnage.

    Avec à la production et au jeu l'acteur Ryan Reynolds, le film rend hommage à la folie, réelle, de cet homme-enfant et à un désir sincère de donner à un oublié des grands écrans la reconnaissance qu'il mérite. Deadpool semble être une projection costumée de son interprète, dans un genre moins sombre d'Heith Ledger et son rôle déstructeur du Joker. Une cohérence qui permet de lisser les discours graveleux du film.
    Bien qu'attendu, et la difficulté était de taille, Deadpool ravit par une audace salutaire. Il est en définitive un Marvel pro et anti Marvel, cuisiné aux petits oignons pour que les fans se régalent et que les spectateurs novices comme je l'étais en ressortent également satisfaits. Une petite pépite.

     

    Deadpool, février 2016

  • Spotlight, de Tom McCarthy

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    Le fait divers glaçant de prêtres pédophiles à Boston aux Etats-Unis retracé par l'équipe de journalistes dénommée Spotlight. Polémique dans le fond et dans la forme, Spotlight entraîne son spectateur dans une agitation désordonnée qui mêle les informations entre elles et nous coulent dans des dialogues confus. Le réalisateur prend le parti de nous réserver un siège de bureau pour nous y balancer, d'un coup de talonnette artistique, entre nos collègues du journal Le Globe. Nous n'en savons pas plus qu'eux, nous avançons avec eux. Pas d'intime, pas de décors américains, pas d'humour, de violons ou de mépris. Là est la ficelle d'une prémisse de reproche que nous pourrions tirer : Spotlight ne ravira qu'un public disposé et volontaire, sans quoi la route est longue.

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    Nous touchons au vrai, aux faits, à un film qui se pourrait être un documentaire. Et par l'envie d'en faire peu, Tom McCarthy en fait beaucoup. Une réalisation propre et épurée, qui se dérobe de tout voile d'entertainment. Spotlight est un film sombre et lissé, qui ne s'écoute que si l'on décide de mettre également notre coeur à l'enquête. L'habileté de ce long-métrage difficilement classable tient en la totale imperméabilité de ses personnages et leurs possibles affiliations avec l'Eglise. Une contre-enquête sur la véritable identité des journalistes se créé dans l'imaginaire d'un spectateur habitué à plus d'artifices et qui a fortiori en cherche davantage. Spotlight percute dans la technique mais se ferme les portes du grand public qui pourrait être réfractaire à cette démarcation.
    En résumé, Spotlight est un film fin, bien construit mais laisse une petite amertume de beauté incomplète par le choix de la simplicité, pouvant être perçue comme de la facilité et du creu. Bon, mais dans la nuance. 

    Spotlight de Tom McCarthy, février 2016

  • En attendant Godot, au Théâtre de la Croix Rousse

    Deux hommes dans un désert attendent Godot. Est-il seulement réel ? On ne le sait pas. On ne le saura jamais. Mais les deux hommes sont là, Vladimir et Estragon, dans un désert, et attendent. Cette boucle qui pourrait sembler infernale se rythme et se séquence au gré des couleurs et des actions des personnages. Les heures passent et la folie guette, les envies suicidaires bourdonnent et la lucidité les réoriente vers leur ultime but : retrouver Godot.

     
    théatre de la croix rousse,lyon,samuel beckett
    Le metteur en scène Laurent Fréchuret choisit avec soin l'emplacement des personnages pour souligner ses ambiances, s'amuse des effets de scène et construit un décor sobre mais épique. Si les figures que l'on croise au cours de la pièce semblent réelles, le sont-elles pour autant ? Une folie ambiante rode et pique les discours pointus des personnages qui sembleraient philosophes une minute et désaxés celle d'après. Il n'y a paradoxalement pas de notion de temps dans En attendant Godot, on sait qu'il passe, mais Estragon et Vladimir le suspende, nous enivre, dans le fait qu'il n'y ait pas d'ascendance dans leur folie, ils invitent la raison comme choisissent de la défier :
    "Ceci devient vraiment insignifiant...
    - Pas encore assez !"
     
    L'oeuvre de Samuel Beckett a été retravaillé dans une langue respectueuse mais éminemment actuelle. C'est dans les détails que Laurent Fréchuret signe la pièce d'une plume humoristique, dans les regards, les interactions ponctuelles avec le public, la scène ouverte avec un personnage qui descends les escaliers de l'Orchestre à vitesse grand V, pour les remonter avec la même énergie. Et c'est un peu le maître mot d'En attendant Godot, qui pourrait se tuer par des longueurs. 
    C'est dans ce décors grattant les espaces infinis et une époque qui pourrait être la notre, avec une constance existentielle et politique, qu'èrent les deux âmes, aux discours tantôt dramatiques tantôt simplets. Les personnalités, que ce soit celles d'Estragon et de Vladimir ou de leurs compagnons d'infortunes Lucky et Pozzo, s'interfèrent et les rend tous vulnérables face à leur condition.
    Y aura-t-il alors un nouveau jour à attendre ? Et qu'est ce qui les occupera, en attendant Godot ? 
     
    En attendant Godot, Théâtre de la Croix Rousse, jusqu'au 30 janvier 2016