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Loisirs - Page 14

  • Les festivals

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    La musique fait le bonheur des hommes depuis des siècles. Elle est pour certains une passion, pour d'autres un passe-temps agréable, certains ont la chance d'en vivre et elle est utile parfois pour l'assurance d'une soirée sans blancs. Mais son plus grand pouvoir est d'être fédératrice, d'unir ses auditeurs et de créer une veritable cohésion de groupe comme on peut le retrouver dans les troupes de théâtre. Et cela se ressent particulièrement dans les festivals. 

    Un festival est par définition un événement musical qui réunit sur plusieurs jours de nombreux artistes, connus ou moins connus. On peut croiser des personnes novatrices en la matière, qui portent des chaussures ouvertes et une tenue un peu trop propre, des hippies, dreadlocks tombant le long du dos, des costumés arborant des tenues complètes de zèbres, cochons, panda, ressemblant étroitement aux grenouillères de notre tendre enfance, puis des personnes normales, que la mode actuelle se plait à catégoriser de normcore pour se satisfaire d'une catégorie de personnes de plus à classifier. Tous ces styles réunis sous les mêmes chapiteaux, près des mêmes enceintes, à respirer les mêmes effluves parfois aromatisées, jusqu'aux corps qui fusionneraient presque. La foule qui tient corps grâce à la musique déclenche une solidarité à toute épreuve, d'un coup de main réactif à un malaise ou une personne qui tituberait sous un mouvement de foule trop intense, ou bien si une chaussure se perd, une personne la brandira pour trouver son propriétaire, si un autre semble s'ennuyer, c'est bras dessus bras dessous qu'un compère lui redonnera le sourire. Si je devais donner un mot qui résumerait ces moments d'euphories, c'est le mot respect. Respect de la différence, des artistes, de ceux qui n'ont pas juste besoin de bière pour faire la fête, de ceux qui ne dansent pas ou qui dansent trop. A la manière d'une cuisine épicée, nous bouillonnons sous le même ciel, en se colorant les uns les autres de nos différences. Le respect, la tolérance, sont finalement dans ces lieux là le moyen de faire des rencontres uniques, d'échanger avec une autre culture, d'autres idéaux, qui ne nous sont pas familiers. Nous sommes en pause et ne pensons plus à rien de négatif durant ces 24, 48, 72 heures d'éveil intense, sous un son qu'on apprécie et que l'on partage autant avec des personnes qu'on connait depuis plusieurs années que celles qu'on a croisé il y a cinq minutes. Au détour d'une cigarette, au détour d'une conversation, d'un rassemblement, d'un moment de détente sur l'herbe, de connaissance par le biais d'amis en commun, au détour d'un festival, nous vivons dans une harmonie sociale qui ne nous laissera pas indemne pour les quelques jours qui suivront.

  • Lucy, Luc Besson

     

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    "Notre capacité cérébrale est utilisée à 10 %, qu'adviendrait-il si on pouvait l'utiliser à 100 % ?" est la question à laquelle tente de répondre Luc Besson. Lucy est une jeune femme vive et banale qui se retrouve mêlée à un trafic de drogues rudement mené par une horde de japonais en colère, qui veulent récupérer la drogue qu'ils ont implanté en elle pour qu'elle la livre en toute discrétion. Mais ce sachet, contenant un kilos de petites billes bleues éclate lors d'une altercation avec une des personnes qui servent ce commerce. Tentant de comprendre ce qui lui arrive et de le faire savoir pour que ses connaissances soient partagées, Lucy se retrouve a endosser le rôle de policière au côté d'un homme plutôt charmant, dont elle se sert pour garder en elle une part d'humanité, qui passe par les sentiments.

    Sous des airs de documentaire scientifique axé sur la neurologie, nous suivons les cours de faculté orchestrées par le géant Morgan Freeman qui illustrent ce qu'il se passe dans le cerveau de la jeune femme au fur et à mesure que la drogue agit et dope son activité cérébrale dans des scènes parallèles. Le rôle de l'acteur n'atteint pas, ironiquement, le summum de son jeu d'acteur affadi pour un trop plein d'effets spéciaux. Cela nous donne jusqu'à l'impression qu'il a été voulu par le réalisateur non pas pour ses qualités mais pour son nom sur l'affiche. L'histoire prend une autre tournure aux deux tiers du film en résumant les événements marquants de notre humanité, jusqu'à ses origines avec la première vie humaine éponyme du film. Lucy aborde le consumérisme à la manière d'un 99 Francs futuriste, et piétine sur le terrain de Limitless, pourtant sortit récemment, qui a le mérite de contextualiser cette prise de drogue avec un écrivain subissant le syndrome de la page blanche. Luc Besson, pour sa part, se contente d'une petite arnaque en nous immisçant d'emblée dans ce conflit mafieusard assez tiré par les cheveux. J'accorde toutefois un bon point pour la tentative de représenter le monde sous rayon X, ce qui est assez novateur. Le reste est à découvrir par vous même si vous souhaitez passer un bon moment mais sans espérer découvrir le film de l'année.

     

  • Boyhood, de Richard Linklater

    boyhood-movie-poster.jpg12 ans. C'est le temps qu'il aura fallu au réalisateur Richard Linklater pour créer chez le spectateur un rapport intime avec les personnages qu'il voit réellement grandir sur l'écran. La première scène centre notre attention sur un jeune garçon, Mason, yeux plongés dans le ciel sous les notes saisissantes de Yellow du groupe Coldplay. Cet océan bleu introduit d'emblée cet infini, cette immensité, auquel est confronté l'être humain dès le plus jeune âge. Tous les champs d'actions possibles se déploient devant ses yeux écarquillés à la couleur avoisinant celle du ciel. Les années défilent et nous suivons la famille de Mason, une mère affectueuse séparée d'un père aux attentions nobles mais qui manque cruellement de maturité, et d'une soeur boute-en-train au caractère plus effacé l'adolescence venue. La vie professionnelle captivante de l'un, ou la passion stimulatrice de l'autre moduleront et forgeront leur caractère au fil des années.

    La mise en scène sensible et efficace fait subtilement défiler la bobine du film de leur vie. Le réalisateur met en parallèle les différentes époques représentées avec des éléments phares du XXI ème siècle, indicateurs temporels mais également clin d'oeil à une Amérique qui se démarque culturellement : l'élection de Barack Obama, le port des armes et l'initiation des plus jeunes, le phénomène Lady Gaga, ou encore l'essor du réseau social facebook. 

    Ces bribes de leur vie, en apparence anecdotiques et légères, forment une fois assemblées les raisons de décisions importantes, ou du chemin de vie de certains protagonistes. Chaque personnage porte un regard poétique et intelligent sur le monde dans lequel il évolue. Lorsque Mason, âgé d'une dizaine d'années, questionne son père sur l'existence des elfes et des créatures magiques, ce dernier répond honnêtement qu'ils sont une invention, et ajoute alors que pourquoi la baleine, par exemple, géant des mers et créature bien réelle, ne serait-elle pas magique ? En effet, si nous tournons notre regard différemment sur ce qui nous entoure, les hommes, les animaux, la nature, nous pouvons apercevoir toute la richesse et la beauté qui résulte en chacun d'entre eux. C'est une véritable bouffée d'optimisme que nous offre Linklater.

    12 ans après. Nous y sommes. Les enfants ont désormais atteint la majorité, pleins d'ambitions et de projets pour leur vie future. Et nous comprenons. Ce sont ces moments qui, à une année donnée, avec une personne donnée, dans un lieu précis, nous ont rendu vivant : révolté, incompris, amoureux, haineux, fier, libre, déçu, jaloux, passionné. Ce n'est pas l'obtention d'un diplôme qui nous rend nécessairement fier, ou l'indépendance financière qui nous octroie la sensation de liberté, mais tous les aléas de la vie et ces moments, ces instants à part, qui nous saisissent.

     

    Boyhood, été 2014