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Culture - Page 3

  • Novecento, au Radiant-Bellevue

    Né sur un bateau duquel il ne descendra plus, Novecento est un enfant abandonné et recueilli par un membre de l'équipage. Le piano deviendra très vite sa seule compagnie, qui berce un monde imaginaire au gré des vagues et habite ses notes d'une musicalité incomparable. Novecento se dépeint à travers les mots et le jeu d'André Dussolier qui livre son histoire et son amitié avec ce jeune prodige. Parce qu'il n'a pas de rivales, Novecento joue à sa façon. Et parce qu'il n'a pas de paysages en tête, il nourrit ses musiques du monde qui vient à lui sur son bateau. Et la pièce se joue sur les mêmes accords : une harmonie tant sur la scène que dans le jeu.

    Novecento, André Dussolier, Radiant, Caluire

    Photographie : Christian Ganet

    André Dussolier nous porte par son histoire, nous transmet les odeurs, les ambiances des années 30, les lumières de cabaret et les personnalités colorées. L'interprète se mue entre le narrateur et les personnages de cette aventure romanesque, rendant un décors presque vide bondé de monde. Les genres se confondent, entre le conte, le mythe et l'histoire, si bien qu'on ne décèle plus le fait de l'anecdote : le jeu prend le pari de nous y perdre.
    Dussolier tire les ficelles de la langue française à la manière d'un De Groodt sur les planches de l'ingéniosité. Quand les limites de certaines pièces se trouvent dans l'excès et les manières, Novecento vise juste sans une note ou un mot de trop.

    Quand la musique s'accopine avec le théâtre, et décident tout deux de se défier dans l'excellence, cela forme une de ces pièces desquelles on ne ressort pas indemnes.

     

    Novecento, au Radiant Bellevue, mars 2016

     

  • Deadpool, briseur de codes et du quatrième mur

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    Spécimen dans son genre, Deadpool tire une nouvelle case encore jamais explorée de la saga Marvel : celle de l'anti-héro gras et terriblement attachant. Pas du tout moralisateur, il explore l'univers des comics comme on les connait avec les premières têtes X-men, Batman, Spiderman, en le souillant à sa guise de blagues salaces ou des touches scénaristiques inventives et impertinentes, à notre plus grand plaisir.

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    Le long-métrage use et s'amuse de références pop et de l'époque contemporaine en fondant dans un décors mystique un personnage qui nous ressemble. Deadpool est une bouffée d'air frais, un renouveau appréciable face aux blockbusters métalliques et sans âme de ces dernières années. Jamais à court d'idées pour briser le quatrième mur, Deadpool se joue avec nous des méchants et de lui-même, balayant la morale et les protocoles. Une délicieuse indifférence qui sert à son personnage.

    Avec à la production et au jeu l'acteur Ryan Reynolds, le film rend hommage à la folie, réelle, de cet homme-enfant et à un désir sincère de donner à un oublié des grands écrans la reconnaissance qu'il mérite. Deadpool semble être une projection costumée de son interprète, dans un genre moins sombre d'Heith Ledger et son rôle déstructeur du Joker. Une cohérence qui permet de lisser les discours graveleux du film.
    Bien qu'attendu, et la difficulté était de taille, Deadpool ravit par une audace salutaire. Il est en définitive un Marvel pro et anti Marvel, cuisiné aux petits oignons pour que les fans se régalent et que les spectateurs novices comme je l'étais en ressortent également satisfaits. Une petite pépite.

     

    Deadpool, février 2016

  • Spotlight, de Tom McCarthy

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    Le fait divers glaçant de prêtres pédophiles à Boston aux Etats-Unis retracé par l'équipe de journalistes dénommée Spotlight. Polémique dans le fond et dans la forme, Spotlight entraîne son spectateur dans une agitation désordonnée qui mêle les informations entre elles et nous coulent dans des dialogues confus. Le réalisateur prend le parti de nous réserver un siège de bureau pour nous y balancer, d'un coup de talonnette artistique, entre nos collègues du journal Le Globe. Nous n'en savons pas plus qu'eux, nous avançons avec eux. Pas d'intime, pas de décors américains, pas d'humour, de violons ou de mépris. Là est la ficelle d'une prémisse de reproche que nous pourrions tirer : Spotlight ne ravira qu'un public disposé et volontaire, sans quoi la route est longue.

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    Nous touchons au vrai, aux faits, à un film qui se pourrait être un documentaire. Et par l'envie d'en faire peu, Tom McCarthy en fait beaucoup. Une réalisation propre et épurée, qui se dérobe de tout voile d'entertainment. Spotlight est un film sombre et lissé, qui ne s'écoute que si l'on décide de mettre également notre coeur à l'enquête. L'habileté de ce long-métrage difficilement classable tient en la totale imperméabilité de ses personnages et leurs possibles affiliations avec l'Eglise. Une contre-enquête sur la véritable identité des journalistes se créé dans l'imaginaire d'un spectateur habitué à plus d'artifices et qui a fortiori en cherche davantage. Spotlight percute dans la technique mais se ferme les portes du grand public qui pourrait être réfractaire à cette démarcation.
    En résumé, Spotlight est un film fin, bien construit mais laisse une petite amertume de beauté incomplète par le choix de la simplicité, pouvant être perçue comme de la facilité et du creu. Bon, mais dans la nuance. 

    Spotlight de Tom McCarthy, février 2016