Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Conditions

    10714053_861768927181278_1536432703923146349_o.jpg

     

    Sentir son cou, entre deux fils tendus, se briser par à-coups 

     

    Une longue coulée de salive chaude torturer son œsophage

    Qui pourrit doucement la paroi qu'elle longe

    Étouffant en silence la douleur qui nous ronge

    Puisqu'ils ne nous laissent pas le choix

    Puisque les armes ont déserté 

     

  • Un homme idéal de Yann Gozlan

    "Jusqu'où le réalisateur va-t-il nous amener, et traîner dans les couloirs de l'horreur son pantin désorienté ?" C'est ce qu'on en vient à se demander plus la pellicule se déroule, dans un suspense et une ambiance malsaine. Un homme idéal  ? C'est le titre explicitement ironique de ce long métrage très réussit de Yann Gozlan, terrifiant et usant pourtant des maillions d'un polar classique : du sang, des secrets, du suspense, un mort, ou deux, mais on taira la fin. Mais Un homme idéal ne se contemple pas pour ses paysages solaires, il nous prend jusqu'à faire planer dans la salle obscure un malaise saisissant. "Non, il ne va pas faire ça ?" nous nous demandons, presque à en rire nerveusement, face aux retournements de situations cocasses auxquels Matthieu Vasseur, écrivain immoral parce qu'il voulait briller, se voit confronter. La logique est simple : enfouissez un problème et il en revient dix autres à la surface. Dans ce calvaire dramatique, les vies vont se déchirer, les relations se noircir, la mort va s'inviter sans prévenir. 

    homme idéal.jpg

    Un être torturé par la menace est-il excusable ? Le réalisateur nous fait comprendre, dès les premières scènes, que Matthieu est un homme usé, par son travail peu glorifiant, par ses refus de publication auprès des maisons d'édition. Trouver ce livre, outre s'approprier les cendres de l'écriture d'un ancien combattant, est pour lui une résurrection, une nouvelle vie, au délicat vernis de notoriété et de réussite. Yann Gozlan filme de manière extrêmement sensible, à l'aide de plans adroitement choisis, combinant plan moyen pour nous immiscer dans la peau du personnage de Matthieu, et plan serré pour cerner le changement et la justesse de ses expressions du visage. Un élément revient sans cesse : ses yeux - miroir de son âme ? - ébahis, satisfaits et sanguins. Le réalisateur réussit à éveiller le démon d'un Pierre Niney époustouflant et grandit, au service de son personnage et de ses qualités de comédien. Je ne sais pas combien de temps a duré le film, et je ne l'ai pas encore vérifié. Ce que je sais, c'est qu'entre le début et le retour aux lumières jaunâtres de la salle, se sont croisées la peur, l'étonnement, l'angoisse, révélateurs d'un thriller bien ficelé, même s'il empreinte à d'autres. Le talent n'est pas nécessairement dans l'originalité mais dans le dépaysement. A voir.

  • Etre bénévole

    Etre bénévole, qu'est-ce que c'est ? Donner de son temps et mettre ses compétences au service d'une cause qui nous tient à cœur ? Conserver un peu de lien social et d'humanité que l'on peine à trouver, glissés dans le sourire vieillissant de la boulangère de notre quartier ou dans les yeux d'un ami du lycée ? S'assurer que l'on a bien remplit notre quota de bonnes actions annuelles ? Se livrer corps et âmes dans des projets ambitieux qui nous portent et nous conservent la retraite passée ? Découvrir ce bouillon de cultures et d'origines et décider de s'y épanouir ? Et bien il n'y a pas de réelles réponses à cela, chacun y trouve son plaisir, sa satisfaction. Comme lorsque nous donnons une pièce à une personne qui nous tend la main, est-ce pour qu'elle puisse se nourrir pour la journée ou pour que nous culpabilisions moins une fois installé dans notre fauteuil près de la cheminée ? Et c'est ce qui est beau, dans une association, c'est le fait de se dire que peut importe la motivation qui nous pousse à passer le pallier du comité, nous sommes là, et c'est ce qui compte. Jeunes, moins jeunes, bénévoles, stagiaires, nouveaux ou habitués, nous vivons et respirons à la cadence frénétique d'une cause commune. Nous transmettons, mais nous apprenons chaque jour. Durant cette période assez intensive, j'ai réussi à me construire au fur et à mesure des semaines, à me projeter dans mes actions, à découvrir enfin une finalité intéressante à la sonnerie stridente trop matinale, trop régulière, de mon réveil. Je vais un peu parler de moi, non pas pour gaver mon ego, mais pour que vous puissiez avoir une ouverture littéraire sur ce qu'une expérience de ce genre apporte. Ou du moins, m'a apporté.

    La communication, qu'est-ce que c'est ? C'est amener les gens à nous suivre, les prendre délicatement par la main pour les asseoir dans la barque de notre argumentation, pour que tout au long du trajet, ils se sentent confiants, apaisés, et qu'entre quatre yeux nous puissions les faire voyager entre deux bidons d'essence échoués. En association, c'est un autre registre. Plus de fleurs, de fioritures et de douce manipulation. Plus de logotypes muselés par les codes établis, soumis à la tendance actuelle et aux désirs privés. Nous touchons du concret, des âmes. Nous faisons à chaque instant sortir la bonté naturelle, et j'y crois, des personnes qui nous entoure. La bonté naturelle, car je suis une fervente battante d'une société aimante. Nous nous pourrissons nous-même par les "qu'en dira-t-on" et finissons par nous replier pour éviter les coups. Or lorsqu'il y a de la bienveillance chez l'un, je pense que l'instinct de celui qui la recevra poussera à aider en retour, lorsque c'est possible, lorsqu'il y a bonne volonté. La vie associative est comme une bulle dans laquelle nous pouvons demander de diffuser une information sans sortir notre chéquier, et dans laquelle les présidents d'association nous accordent volontiers leur temps et leurs liens. Une association se moque de votre revenu, de votre classe sociale, elle vous accueille bras blancs pour vous extirper, sinon que de votre temps, précieux soit-il et trop nommé aussi, des qualités que vous ne connaissez pas. Autonome, moi ? Assise à un ordinateur, je peux partir dans des songes dont la seule porte de sortie est un claquement de doigts vif. Et bien non, avec un objectif en tête, un objectif qui me paraissait impossible à atteindre, j'ai pu me dépasser et sortir cette niaque que je ne me connaissais pas. Aurais-je eu la même motivation dans un tout autre stage ? Peut-être bien. Surement, même. On m'a toujours appris à être sérieuse. Mais j'avais cette petite étincelle qui faisait la différence, et les deux succès des événements rudement menés n'ont été que le tremplin d'une motivation effrénée. Et ces personnes, ah, ces personnes. Comment pourrais-je les appeler "collègues" alors que ce terme tait la dimension humaine née dans la diversité de nos projets associatifs ? De nombreuses personnes pouvaient se vanter d'être ancien cadre, ancienne directrice, ancienne institutrice ou commerciale. Et pourtant, l'humilité était de mise. C'est étonnant de voir comment, dans cette micro-société, les fondements qui constitue la nôtre sont démolis. Oserais-je penser qu'il faudrait presque prendre ce modèle, aux influences communistes, pour insuffler les idéaux politiques de demain ? Un projet est porté par certains, et soutenus par d'autres. Une difficulté est éprouvée pour l'un, et épaulée par tous.

    Et me revoici, sur les bancs de l'école. J'ai encore ce mot à la bouche : "merci", que j'ai probablement trop usé, mais il y a des gestes et des paroles qui méritent que je m’approprie ne serait-ce que pour une dernière fois ce mot commun et cette preuve de gratitude.

    "Et surtout pour m'avoir montré que dans la vie professionnelle, ceux que nous côtoyons sont aussi ceux avec qui nous nous construisons."

    A vous tous, qui vous reconnaîtrez, pour avoir partagé un projet, un bureau, un café. Merci.

     

    11072576_10204578131270579_1910302962_n.jpg