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Un homme idéal de Yann Gozlan

"Jusqu'où le réalisateur va-t-il nous amener, et traîner dans les couloirs de l'horreur son pantin désorienté ?" C'est ce qu'on en vient à se demander plus la pellicule se déroule, dans un suspense et une ambiance malsaine. Un homme idéal  ? C'est le titre explicitement ironique de ce long métrage très réussit de Yann Gozlan, terrifiant et usant pourtant des maillions d'un polar classique : du sang, des secrets, du suspense, un mort, ou deux, mais on taira la fin. Mais Un homme idéal ne se contemple pas pour ses paysages solaires, il nous prend jusqu'à faire planer dans la salle obscure un malaise saisissant. "Non, il ne va pas faire ça ?" nous nous demandons, presque à en rire nerveusement, face aux retournements de situations cocasses auxquels Matthieu Vasseur, écrivain immoral parce qu'il voulait briller, se voit confronter. La logique est simple : enfouissez un problème et il en revient dix autres à la surface. Dans ce calvaire dramatique, les vies vont se déchirer, les relations se noircir, la mort va s'inviter sans prévenir. 

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Un être torturé par la menace est-il excusable ? Le réalisateur nous fait comprendre, dès les premières scènes, que Matthieu est un homme usé, par son travail peu glorifiant, par ses refus de publication auprès des maisons d'édition. Trouver ce livre, outre s'approprier les cendres de l'écriture d'un ancien combattant, est pour lui une résurrection, une nouvelle vie, au délicat vernis de notoriété et de réussite. Yann Gozlan filme de manière extrêmement sensible, à l'aide de plans adroitement choisis, combinant plan moyen pour nous immiscer dans la peau du personnage de Matthieu, et plan serré pour cerner le changement et la justesse de ses expressions du visage. Un élément revient sans cesse : ses yeux - miroir de son âme ? - ébahis, satisfaits et sanguins. Le réalisateur réussit à éveiller le démon d'un Pierre Niney époustouflant et grandit, au service de son personnage et de ses qualités de comédien. Je ne sais pas combien de temps a duré le film, et je ne l'ai pas encore vérifié. Ce que je sais, c'est qu'entre le début et le retour aux lumières jaunâtres de la salle, se sont croisées la peur, l'étonnement, l'angoisse, révélateurs d'un thriller bien ficelé, même s'il empreinte à d'autres. Le talent n'est pas nécessairement dans l'originalité mais dans le dépaysement. A voir.

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