Le titre nous donne l'impression que l'on va s'échapper, sortir des sentiers battus et prosaïques de certaines pièces. Pari échoué. La pièce est originale mais la mise en scène relève de mon point de vue d'un artifice creux et facile. L'utilisation d'un écran dès le lever de rideau me provoque un mimique de dégoût : si nous venons au théâtre n'est-ce précisément pas pour échapper au numérique et aux prises prolifiques exempt de défauts ? Or nous est présenté sur un écran plat des personnes, des animaux, des points de vue sur des paysages et pieds foulant les graviers. On note tout de même une recherche esthétique et poétique, mais cela n'accroche pas. La lenteur de la pièce devient pesante. Illustre-t-elle la monotonie et l'impassibilité du personnage principal ? Celui-ci, physiquement absent, nous accompagne d'une voix off qui commente les faits et gestes de chaque protagoniste. Cette absence implique que nous, spectateurs, formions le corps du héros à qui s'adressent les membres de la pièce. Mais bizarrement, ça ne prend pas.
Le plateau se met régulièrement à tourner autour de la scène centrale. Cela sonne le moment où chacun mène sa vie sans se soucier de l'autre, sans se croiser. Les sentiments et l'empathie disparaissent pour accueillir le mal-être les soupçons. Un cafouillis général entre alors en scène : des protagonistes déguisés en bouches, en chat, et en extraterrestre. Un mari qui caresse obscènement sa femme. Un écran rond qui nous immisce dans l'esprit torturé de Witold. Non, vraiment, trop c'est trop.
En zieutant les divers publics, étant prise d'un ennui qui a décidé de poser ses valises, je m'aperçois que la singularité de la pièce ne provoque pas l'effet escompté de leurs côtés aussi : regards somnolents, rires nerveux entre amis, et voilà qu'un couple se lève et ne emportent avec eux 'un claquement de porte roque.
Les Célestins m'auront pour la première fois laissé perplexe face à leur dramaturgie.
Cosmos, au Théâtre des Célestins, février-mars 2014.