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Machin machine

  • Un peu, beaucoup, aveuglément de Clovis Cornillac

               Machin est rustre et misanthrope, coincé dans des théorèmes pour jeux de réflexion depuis 7 ans. Machine est l’archétype de la sainte-nitouche vivant pour la musique classique. Séparés par un mur qui rallie leur deux immeubles, ils vont très vite se retrouver lier par un fort problème d'insonorisation, qui va les forcer à cohabiter malgré eux, sans jamais se voir. 

    Un peu, beaucoup, aveuglement nous conte la rencontre de deux victimes de la société, l'un profondément aigri et blessé, l'autre piégée dans un conformisme maladif étouffant son expression artistique. L'altercation sauvage des débuts va laisser entrevoir une complémentarité préméditée. On rit de l'indélicatesse de ces anti-héros, et ce rire participe à notre attachement envers ce couple improbable, séparés mais si proches.

    Le film a cependant tendance à se laisser couler dans la banalité des propos et des situations comiques, qui peinerait à lui donner l'ampleur cinématographique qu'il mérite, car chaque plan est travaillé, la lumière et le son soignés, mais le fardeau de faire rire avant tout éraille la maîtrise. L'idée est originale, et même vécue selon les propos de Lilou Fogli, scénariste de ce long métrage. On ne peut toutefois écarter de cette histoire le chef d'oeuvre Her, de Spike Jonze, sur le développement d'un affect d'un quadragénaire routinier pour une voix féminine électronique. Mais le drame de Spike Jonze met précisément en exergue le manque de risque de ce premier film de Clovis Cornillac. Cette heure et demie porte cependant admirablement la candeur fragile voire ingénue de l'actrice principale Mélanie Bernier, qui voue un charme à cette aventure parisienne romanesque.

    Un peu, beaucoup, aveuglement refleurit l'idée que notre regard fait bruit à notre jugement, que nous n'entendons réellement ce que nous ne voyons pas. Piégés par le mur de leurs immeubles respectifs, le film met en abyme notre condition de citadins piégés par les murs de leurs écrans : écran de portable, mur des réseaux sociaux, écran d'ordinateur, qui nous laissent l'impression d'être entourés en étant terriblement seul. Machin et Machine se côtoient par le biais d'un mur, mais qui va les forcer à se connaitre, à vivre ensemble, s'éloignant du tout au tout des premiers contacts engagés sur internet. Une jolie leçon sur l'être avant le paraître.

     

    Un peu, beaucoup, aveuglement ne distance par les comédies françaises réalisées avant lui, mais repend sur ses spectateurs un esprit enfantin et une sensibilité appréciables.

     

    Un peu, beaucoup, aveuglément, avril 2015