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Lyon

  • Variations citoyennes au Théâtre de la Croix-Rousse

     

    Pour ce début de mois de juin le théâtre de la Croix-Rousse lance les variations citoyennes, chaleureux melting pot culturel. Le public est invité à entrer directement sur le plateau, face à ceux qu'ils incarnent normalement, et à fabriquer ensemble un spectacle. Le théâtre s'enrichit par de nombreux partenariats musicaux, forts de la saison 2016-2017. Entre rock alternatif et musique du monde, la musique décuplera l'expression de chacun de ces visiteurs.

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    Le thème ? Les droits de l'Homme. Le projet, subventionné entre autres par la région, le quartier de la Croix-Rousses et divers mécènes, nous prouve que les moyens du théâtre ne diminuent pas malgré la conjoncture actuelle. C'est donc toute une équipe interne et des partenaires enchantés qui ont pu mettre à profit leur volonté de transmission culturelle et d'équité. Les prochains thèmes s'orienteront vers les français du futur. 

     

    Événement juin 2016

  • Des gens biens, de David Lindsay-Abaire

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    Margaret, ou Margie, est une mère célibataire d'une adulte handicapée. Côtoyant ses amies d'infortunes, elle tournaille tristement entre son domicile, les parties de Bingo jusqu'à décider de changer la donne. La gentillesse et la diplomatie ne seront peut-être plus de mises, mais qui, des détenteurs ou des demandeurs, sera réellement en position de force ?
    Pièce sympathique qui se tient par la force harmonieuse de ses personnages, Des gens bien met en lumière des scènes proches de notre quotidien. Elle rend compte de l'amertume censurée par la bonté d'une femme qui cherche désespérément un emploi, après s'être fait renvoyer de son poste de caissière. Dans des décors changeants, qui vont créer une ascendance dans la cruauté enfantine de Margie, les langues se délient.

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    Face à un ancien comparse des quartiers pauvres aujourd'hui docteur et confortable, Margie se perd dans une attente d'aide non comblée, et s'enlise dans des propos cruellement drôles, tant ils forcent le malaise et le cynisme. Qui sont les gens bien ? Ceux qui ont une situation et se gardent d'en faire profiter les démunis ou les désireux qui souhaitent écrouler le monde battit par les chanceux ? Quand on serait en clin à dire que ce sont les personnages qui en ont le moins qui sont les plus attachants, la tendance s'inverse puis valse entre les catégories sociales, pauvres, riches, pingres et médisants, mauvais et bons. Chacun se fait tourner ses étiquettes, qui nous perdent dans ce que l'on aurait pensé d'un tel ou d'une telle.


    Des gens biens est un spectacle agréable mais qui peine à prendre sur la première heure. Entre bafouillages et stéréotypes des caractères féminins (la potiche, la gentille et la sèche), le spectacle laisse un espace d'attaches entre la scène et le public. Des gens bien se salue tout de même par une audace scénaristique, une modernité qui ne sert plus le milieu pauvre mais le coeur triste de Margaret, qui créé un tourbillon infernal entre ces classes et ces gens qui veulent à tout prix être des gens bien.

     

    Des gens bien, 12 mars 2016 au Radiant-Bellevue

  • En attendant Godot, au Théâtre de la Croix Rousse

    Deux hommes dans un désert attendent Godot. Est-il seulement réel ? On ne le sait pas. On ne le saura jamais. Mais les deux hommes sont là, Vladimir et Estragon, dans un désert, et attendent. Cette boucle qui pourrait sembler infernale se rythme et se séquence au gré des couleurs et des actions des personnages. Les heures passent et la folie guette, les envies suicidaires bourdonnent et la lucidité les réoriente vers leur ultime but : retrouver Godot.

     
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    Le metteur en scène Laurent Fréchuret choisit avec soin l'emplacement des personnages pour souligner ses ambiances, s'amuse des effets de scène et construit un décor sobre mais épique. Si les figures que l'on croise au cours de la pièce semblent réelles, le sont-elles pour autant ? Une folie ambiante rode et pique les discours pointus des personnages qui sembleraient philosophes une minute et désaxés celle d'après. Il n'y a paradoxalement pas de notion de temps dans En attendant Godot, on sait qu'il passe, mais Estragon et Vladimir le suspende, nous enivre, dans le fait qu'il n'y ait pas d'ascendance dans leur folie, ils invitent la raison comme choisissent de la défier :
    "Ceci devient vraiment insignifiant...
    - Pas encore assez !"
     
    L'oeuvre de Samuel Beckett a été retravaillé dans une langue respectueuse mais éminemment actuelle. C'est dans les détails que Laurent Fréchuret signe la pièce d'une plume humoristique, dans les regards, les interactions ponctuelles avec le public, la scène ouverte avec un personnage qui descends les escaliers de l'Orchestre à vitesse grand V, pour les remonter avec la même énergie. Et c'est un peu le maître mot d'En attendant Godot, qui pourrait se tuer par des longueurs. 
    C'est dans ce décors grattant les espaces infinis et une époque qui pourrait être la notre, avec une constance existentielle et politique, qu'èrent les deux âmes, aux discours tantôt dramatiques tantôt simplets. Les personnalités, que ce soit celles d'Estragon et de Vladimir ou de leurs compagnons d'infortunes Lucky et Pozzo, s'interfèrent et les rend tous vulnérables face à leur condition.
    Y aura-t-il alors un nouveau jour à attendre ? Et qu'est ce qui les occupera, en attendant Godot ? 
     
    En attendant Godot, Théâtre de la Croix Rousse, jusqu'au 30 janvier 2016