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biopic - Page 3

  • Une merveilleuse histoire du temps

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    Une merveilleuse histoire du temps, c'est le genre de film que l'on arrive difficilement à analyser tant l'émotion est intense et se ressent surtout face à l'écran. Il laisse sur son spectateur une marque assez bouleversante d'une aventure simple mais atypique, loin mais proche de nous, et qui illustre le combat impressionnant d'un scientifique de renom. Loin de toute approche scientifique dans laquelle le film aurait pu s'aventurer, Une merveilleuse histoire du temps se révèle être une histoire d'amour dramatiquement touchante.

    Le combat, c'est un peu le sujet principal de ce film, qui fait évoluer ses personnages, la douce Felicity Jones et l'épatant Eddie Reydman, vers une lutte commune au début, plus personnelle par la suite. Ce qui étonne d'autant plus est l'énergie avec laquelle Stephen Hawking mènera cette traversée du désert, qui fait s'écrouler son monde au fur et à mesure que la maladie s'installe. Puis le film tire un second tiroir, et s'inscrit davantage dans le drame que dans le simple biopic. Le souffrant n'est plus uniquement celui qui siège sur un fauteuil roulant. Comment continuer à aimer celui avec qui nous n'arrivons plus a communiquer ? Comment vivre dans le non dit puisqu'il n'y a désormais plus qu'à attendre et constater le fléau de la maladie empiéter dans notre vie de couple ? Ce duo de combattants va tout simplement sublimer les deux acteurs qui, tours à tours, font grandir la boule dans notre ventre. 

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    La maladie, une fatalité ?

    Étrangement et contre les pronostics des médecins, Stephen Hawking va survivre. Plus que cela, il va admirablement vivre. Le film nous insuffle une dose d'énergie positive : l'optimisme n'a d'égal aux misères qui peuvent nous arriver. Le sens de l'humour du scientifique devient son arme principale face à la pitié et aux remarques de sa femme plus aide soignante qu'amante. La maladie n'affecte pas toujours le plus la personne qui en souffre, et l'honnêteté devient alors la meilleure façon de communiquer et de regarder en face la maladie, sans que nous n'ayons à enjoliver nos phrases ou à nous cacher sous les couvertures de la gène. Tandis que les personnages qui n'ont jamais eu le courage de poser cartes sur table sur leurs sentiments pourrissent de l'intérieur. Tant qu'il y a de la vie, il doit y avoir de l'espoir, pour Stephen, comme pour chacun de ses proches. La révolte adolescente va laisser place à l'acceptation, gage de maturité et d'évolution dans ses travaux et dans sa vie personnelle. Mieux, cette acceptation va être la source de nouveaux défis, comme l'écriture d'un roman. Puisqu'il n'y a pas d'opérations possibles, Stephen va redoubler d'efforts pour faire entendre ses pensées, même si celles-ci se matérialisent sur un ordinateur et s'entendent par une voix robotisée.

    Une merveilleuse histoire au delà de celle du temps.

     

    février 2015

  • Invincible, d'Angelina Jolie

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    Retraçant l’histoire homérique du coureur olympique Louie Zamperini, Invincible étonne par la puissance de ses cadres, mis en lumière par un Jack O’Connell sensible et efficace.

    Pour les plus jeunes d’entre nous, nous avions pu découvrir cet acteur dans la série Skins avec le rôle de Cook, un adolescent perturbé, hyperactif, violent et dont on décelait une grande détresse. On ne retrouve qu’une chose dans les traits de caractère du personnage qui a éclairé ses talents de comédien : la force dans son regard. Cette force là, Louie Zamperini était pourtant destiné à ne jamais la puiser. Croire en lui aurait été incongru, et pourtant ses parents, son meilleur ami, et au fil de ses prouesses sportives sa ville, l’ont fait. L’histoire ne pouvait s’arrêter là. Va s’en suivre pour notre héros une accumulation d’épreuves morales et physiques. Le passage de la lumière éreintante du soleil en pleine mer à la lugubre et humide cabane dans laquelle les japonais l’emprisonneront trace la métaphore soignée des heures de gloire aux tentatives de destruction pièces par pièces de cette volonté infléchissable. Angelina Jolie, malgré son implication humanitaire de part et d’autres de la planète, ne peut nous cacher son amour pour son pays, qui glorifie ses enfants de la résistance et du combat, et c’est dans une légère mimique de perplexité que nous nous demandons si Louie Zamperini n’a à ce point jamais connu le doute voire le renoncement. La réalisatrice use et abuse du voyeurisme cinématographique, en nous faisant partager sa faim, sa souffrance, certaines scènes étant même éprouvantes. Malgré l'enchaînement de décors dans lesquels nous sommes cloîtrés au même titre que le personnage, la cruauté fait état de fil conducteur et nous offre des scènes qui gonflent de minutes en minutes le nom de héros (qui en deviendrait presque ostentatoire) et nous abreuve de son courage.

    Un salut supplémentaire à la distinction, souvent laissée pour compte des scénarios de guerre, entre l’histoire d’un personnage et l’Histoire de l’époque dans laquelle il est plongé. Nous suivons Louie et non la trame horrifique qui voudrait tirer la larme de l’œil du spectateur de la Seconde Guerre mondiale. Elle n’est ici intégrée qu’en lien avec les histoires des prisonniers de ce camp nippon, et est la causalité de certaines réactions ou pertes d’espoir. 

    L’hommage est admirablement reconduit et sert au film de morale candide mais percutante : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Malgré l’acharnement maladif de son tortionnaire japonais, qui a vu dans le regard de son prisonnier une liberté d’esprit peut-être plus forte que la sienne, Louie ne se brisera pas (traduction originale du titre américain « Unbroken ») et se relèvera toujours la tête haute. Ce deuxième long métrage offre dignement à Angelina Jolie la double casquette d’actrice et de réalisatrice.

     

    Invincible, au cinéma depuis le 7 janvier 2015

  • Gallienne, le virtuose de la comédie française

     

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    "Les garçons et Guillaume, à table !". Avant même d'entrer dans la salle confinée du cinéma, je sens que l'originalité du titre n'est que l'introduction de ce qui va en découler. Et le miracle agit. Chacune de ces minutes portées par le brillant Guillaume Gallienne s'inscrit dans ce qui pourrait être le meilleur scénario de ces dernières années. Il pose sur écran une question paradoxale et épineuse : comment détourner les appréciations à notre égard alors que nous agissons conformément à ce que l'on attend de nous ? Tantôt sur les planchers du théâtre où la lumière éblouissante remplace le public, tantôt dans des décors richissimes et variés, l'acteur-scénariste nous livre avec émotion sa condition d'homme. Et sa condition de femme. On jubile, on s'esclaffe, on s'attache à ce personnage au parcours des plus atypiques qui l'a mené au métier d'acteur. Et quel autre rôle peut-on mieux interpréter que celui de notre propre vie ? A travers ses doubles - de sa mère, omniprésente, à l'impératrice Sisi - tout aussi hilarants qu'inquiétants pour la santé mentale du jeune homme, nous entrons avec un détachement assuré dans l'intimité de Guillaume Gallienne. Et le plaisir nous retient jusqu'au fermé de rideaux.

    Je vous conseille assurément de vous rendre dans votre cinéma de prédilection afin de découvrir cette dernière pépite française.

     

    Les garçons et Guillaume, à table ! actuellement au cinéma.