Qui sont ils avec leurs mallettes grises ? Pour qui vivent ils avec leurs trois pièces noirs ? S'ils marquent un temps d'arrêt, leur petit monde s'effondre. Chaque coup de fil est un coup de feu. Une pression permanente pour ceux qui boivent du rouge, qui se hâtent et se massent aux sons des polémiques. Haletant, les seuls battements sincères tintent au son des bruits de rue. Ils passent dans notre quartier, trop longtemps pour ne pas les juger, trop furtivement pour ne pas se tromper. Les pas résonnent dans ma tête et pressent mon regard à les suivre jusqu'à se fondre dans l'horizon. Où vont-ils ? Sont-ils comme nous ? Ont-ils une fille à nourrir, un chat à câliner ? Une femme à chérir, un pays à gouverner ? Tout ce que l'on cache est ce que l'on veut montrer. De ces copies conformes jaillit la privation, ne plus avoir à choisir, ne plus pouvoir s'écouter penser. Un costume qui se singularise pour toute couture brodée de près. Une main en plus d'une autre pour des poignées multipliées. Peut-être que la carnation de l'une induira des changements, que les ridules de l'autre susciteront la réflexion, ou le dos glabre d'un apprenti ressuscitera les intérêts. L'un inspire ce que l'autre expire, qu'est-ce qui pourra bien changer la donne ? Courez, messieurs, courez, le départ est lancé. Le premier fera son effet, le dernier nourrira les simplets.
Photographie : ph.nauher