Carmen est une femme, Carmen est toutes les femmes.
Elle nous le dit, nous le danse, nous le chante, nous le crie, nous fait vibrer d'émotion et rire chaudement. Yo, Carmen s'apprécie par sa beauté rigoureuse et sa mélancolie terrible qui font valser la fourmilière de femmes sur le plateau. En chacune d'elle brûle l'ambition de crier au monde leur histoire, leurs désirs, trop souvent réprimés par les tâches que les mœurs leur assignent. Ces combattantes, classiques et contemporaines, abrogent ces règles et nous invitent à partager les différents tourments de leur condition. La puissance mélancolique et tragique des chants espagnols s'accordent à la justesse de ces mouvements millimétrés, qui répand dans le Grand Théâtre un silence respectueux et admiratif.
Yo, Carmen happe son spectateur d'une magie noire et incendiaire remarquable. En s'éloignant de l'oeuvre originale de George Bizet, le spectacle réussit le pari de nous emmener dans son univers, du lyrisme hispanique aux influences manouches, qui vernit cette oeuvre d'un nouvel éclat. La femme est plus que jamais mise en avant, dans toute sa profondeur existentielle et sa vanité.
Yo, Carmen aux Nuits de Fourvière les 09 et 10 juin 2015