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Centre d'art dramatique

  • Speak! au théâtre Les Ateliers

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    Aimons-nous un discours pour ce qu'il représente ou pour ce que nous inspire l'homme qui le clame ? Nous donne-t-il envie de croire en ce qu'il avance, ou nous incite-t-il à idéaliser un monde que l'on voudrait changé ? 

    L'art de la rhétorique est un pléonasme, car qui dit rhétorique dit "maîtrise de la parole", et choisir les bons mots dans les bonnes circonstances est un art complexe et limité. 

    Speak! pose un nouveau décors, minimaliste mais suffisant, sur ces discours politiques qui changèrent l'Histoire, dans ses heures de gloire comme dans ses ignominies. Une femme et un homme vont tour à tour chercher à nous convaincre, à nous persuader, affinant ainsi la limite entre l'affectif, le savoir, les croyances, les a priori. A chaque thème choisit, le public est invité à voter pour la femme ou pour l'homme, sur un discours repris mots à mots.

    Et si, même avec notre recul, notre culture, nous venions à voter pour Margaret Thatcher, Saddam Hussein ou Adolf Hitler ? Comment réagirions-nous si nous nous retrouvions à cautionner sans le vouloir le discours d'un tyran ? 

    Au delà de l'expérience et de la performance oratoire des deux comédiens, Speak! glisse, peut-être volontairement, dans les travers des clichés dont les médias nous abreuvent déjà : le politicien est un beau parleur, a le geste, le sourire pour corrompre et assujettir, même dans la plus saine des démocraties, un peuple qui en demandera toujours plus tant que la vérité n'y est pas. Tant que l'espoir est là.

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    Que la pièce serve de morale, je n'en suis pas convaincue. Mais elle aurait éventuellement pu sortir des schémas manichéens du manitou grandiloquent et de la femme terrible et indomptée, presque par soucis d'équité. On interagit avec eux par le biais du vote, mais cela reste au final très linéaire : la femme parle, l'homme parle, le vote, les résultats, les mimiques de satisfaction du gagnant, et round suivant. Et si un second message s'était drapé de facilité ? Sanja Mitrovic, metteur en scène, aurait-elle consciemment adopté les mêmes rituels de la politique, misogyne, accusatrice, rendue simplette pour conforté le grand public qu'il peut s'y retrouver dans un domaine qui exige de grandes connaissances ? Les discours évoluent mais l'idée qui semblait novatrice creuse le sillon de l'ennui au fur et à mesure des scénettes. Qui s'enchaînent. Huit fois. 

    Speak! maîtrise son sujet, mise sur des comédiens charismatiques, mais reste encore trop pudique sur ce qu'il veut amener. La femme et l'homme ne communiquent finalement aucune chaleur, se parant uniquement des personnalités et des mots extérieurs à eux. Un sentiment d'attente qui mute en déception une fois la pièce terminée.

    A voir pour la prose, sur-titrée car les discours sont en anglais, étudiée et pensée par des hommes de lettres avant d'arriver aux bouches des sauveurs ou des bourreaux. 

     

    Speak! Octobre 2015

  • La nouvelle dynamique du TNG

     

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    Dans un élan de renouveau perpétuel, le Théâtre Nouvel Génération ouvre pour sa nouvelle saison les portes du contemporain. Il imagine demain et invite un public dès 18 mois à toucher à l'univers fantasque et sans limite du théâtre. 
    Ses nouvelles optiques ? Il prolonge une vision intergénérationnelle déjà inscrite dans son oeuvre globale. Comme avancé précédemment, le TNG accueillera dans son antre populaire, puisque accessible pour tout âge et tout budget, des compagnies aux arts et aux méthodes innovantes décidées à éveiller l'imaginaire de son public. Le TNG a donc plus que jamais à cœur de toucher des familles en les immergeant dans une pratique singulière et participative du théâtre. Son maître mot : casser les codes. L'écriture numérique va d'ailleurs être de plus en plus considérée, en terme de regards, d'opinions, d'orientations. La génération Y va pouvoir participer à cette dynamique, et enrichir de surcroît la pluralité des profils de centre d'art dramatique.

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    À cet entremêlement des âges se noue celui du nouveau directeur artistique et général Joris Mathieu, 38 ans, qui succède la plume sensible et confirmée de Nino d'Introna, 60 ans. Une génération de plus, de moins, qui n'a pas grand intérêt à être souligné mais qui appuie un renouveau interne comme externe.

    Les optiques du TNG sont enfin conniventes à la mutation globale de la ville de Lyon, dont l'émergence culturelle ouvre des pistes de création. La mutualisation des théâtres dans la métropole va apporter un atout supplémentaire à la structure pour qu'elle rayonne davantage. Cette dynamique offrira nous l'espérons une reconnaissance méritée, en vue de sa capacité à nous garantir des manifestations qualitatives et originales : Les excellents Quand on parle du loup, La maison près du lac, Macbeth, La carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi des dernières saisons nous mettent l'eau à la bouche quant à ce qu'il nous concocte pour la rentrée.

    De nouvelles envies, une nouvelle direction, de nouvelles perspectives et une nouvelle identité visuelle, le TNG met plus que jamais un pas assuré dans le contemporain et dans l'avenir.

  • Une nouvelle saison, un dernier hommage

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    Jeudi 11 septembre 2014, Nino d'Introna ouvrait les portes du TNG pour présenter la nouvelle saison 2014-2015. Saison qui ne sera pas comme les autres pour le directeur, car elle signe les adieux à dix années de travail passionné, et d'émerveillement pour nous public.

    La festivité est à l'honneur, nous sommes d'emblée accueillis dans la salle par une coupe symbolique où résonnent tours à tours les bouchons de bouteilles aux fines bulles. Nous levons notre verre à ce géant de la scène maniant les cartes d'acteur, metteur en scène, auteur, dramaturge et scénographe, d'une simplicité déroutante lorsque l'on réalise l'étendue de son parcours depuis son pays natal qu'est l'Italie jusqu'au terme de sa mission au TNG à Lyon. Un regard empli de bonté rare et un accent chaleureux, Nino d'Introna est une personne bien à part. Plus qu'une personne, il est une personnalité, de celles que l'on ne croise que quelques fois dans sa vie, professionnelle ou privée.

    Au fil de la soirée se succèdent différents acteurs clés du théatre : collègues, comédiens, chanteur lyrique, musicien, les interventions sont orchestrées selon l'ordre des pièces présentées par une courte bande annonce qui se démarque à chaque fois de la précédente. A l'affiche, nous retrouvons des classiques revisités qui sont les suivants : La Carriole Fantasque de Monsieur Vivaldi, Quand on parle du loup basé sur le conte Le petit Chaperon Rouge, et le mythique Macbeth. L'équipe nous offre également des perles qui ont retennue mon attention et qui feront probablement office de critiques ici même qui sont La Maison près du lac et Yael Tautavel, ou l'enfance de l'art cette dernière détenant le record du nombre de représentations, autant dire une des pièces maîtresses de cette nouvelle saison  à découvrir ou à revoir pour les plus nostalgiques.

    La nostalgie. Elle embaume subtilement la salle tout au long de ces deux heures et trente minutes. L'émotion de Monsieur d'Introna est palpable et nous décroche un sourire de bienveillance quant à la suite de sa carrière. Il nous dit alors ces mots, chargés d'une rétrospective personnelle : 

    "En Afrique, les conteur parvient au terme de son histoire, il appuie la paume de sa main sur la terre et il dit : je dépose mon histoire ici. Puis après un court silence il ajoute : afin que quelqu'un d'autre puisse la reprendre un jour".

    La notion de l'éphémère qui passe cependant de mains en mains est la traduction de la charte graphique des affiches de la nouvelle saison: un tableau noir, et de la craie. La craie tourne, virevolte, prend des chemins singuliers, et intègre un élément phare de la pièce concernée. Imaginer, effacer, retravailler, ce sont les bases de la création artistique. De petites touches de couleurs parsèment l'ensemble de la plaquette, qui s'introduisent sur le tableau et suivent le chemin de la craie pour créer un dessin harmonieux. Mais l'éphémère, n'est-ce pas réduire un moment à la seule durée de son existence ? Car bien que les pièces de Nino d'Introna soient éphémères, car d'une durée d'environ 60 minutes, elles perdurent dans le temps et prennent une place dans notre mémoire, certaines pour quelques semaines, d'autres dont des bribes restent à jamais. Le parcours de Nino d'Introna représente 10 années. Et après décembre 2014, date officielle de son départ, nous y repenserons encore. Nous repenserons à cette soirée, à ces yeux pleins d'énergie et d'amour, à cette main, encadrée par des faisceaux de lumières. Ce jeudi 11 septembre, deux passions communes nous réunissait : le théâtre et le bonheur de partager.

    Merci Monsieur d'Introna pour le merveilleux travail que vous avez fourni.

    Merci pour ces beaux souvenirs et ceux que vous me réservez encore jusqu'à décembre 2014.

     

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    Portrait de Cyrille Sabatier